L’assurance-vie, le placement préféré des Français au plus mal. Alors que l’AMF et l’ACPR lancent une enquête approfondie, les épargnants pourraient voir leurs investissements menacés. Entre rendements attrayants, risques cachés et frais insoupçonnés, une plongée au cœur d’une réalité qui pourrait bouleverser votre vision de la sécurité financière. Ne ratez pas notre analyse complète sur les dangers qui guettent votre épargne dans un monde financier de plus en plus incertain.
Résumé :
- Les produits structurés représentent 40% de la collecte des unités de compte au 1er trimestre 2024
- L’AMF et l’ACPR ont mis en place un groupe de travail dédié à l’analyse des risques associés à ces produits
- Les frais cumulés peuvent atteindre 7-8% pour les clients
- Ces produits échappent à la revue des unités de compte demandée par l’ACPR
- France Assureurs rapporte une baisse des frais courants des fonds en UC de 1,57% à 1,44% entre 2022 et 2023
La hausse des taux d’intérêt en 2022 a donné un nouveau souffle aux produits structurés dans l’assurance-vie. Ces supports complexes, promettant des rendements attractifs, attirent de plus en plus d’épargnants en quête de performance.
Cependant, cette popularité croissante n’a pas échappé à la vigilance de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Les deux régulateurs français ont récemment uni leurs forces pour scruter de près ces produits qui pourraient bien cacher des risques insoupçonnés pour votre épargne.
L’essor fulgurant des produits structurés dans l’assurance-vie
Mais qu’est-ce qu’un produit structuré exactement ? Il s’agit d’un instrument financier complexe qui combine généralement un placement à revenu fixe (comme une obligation) avec un ou plusieurs produits dérivés (options, contrats à terme). Ces produits sont conçus pour offrir aux investisseurs un profil de rendement spécifique, souvent lié à la performance d’un actif sous-jacent comme un indice boursier, une action, ou une matière première. Ils promettent généralement une protection partielle du capital et un potentiel de gain supérieur à celui des placements traditionnels.
Le succès des produits structurés ne se dément pas. Au premier trimestre 2024, ces supports ont drainé pas moins de 40% de la collecte des unités de compte (UC) en assurance-vie. Une progression fulgurante, quand on sait qu’ils ne représentaient que 14,5% un an plus tôt. Cette ruée vers l’or des temps modernes s’explique en partie par la promesse de rendements élevés dans un contexte de remontée des taux d’intérêt.
Cependant, derrière ces chiffres impressionnants et ces promesses alléchantes se cache une réalité plus complexe. Les produits structurés, souvent présentés comme des solutions d’investissement innovantes, sont en réalité des instruments financiers sophistiqués, dont le fonctionnement échappe à la plupart des épargnants. Cette opacité est d’ailleurs l’une des principales préoccupations des autorités de contrôle.
La complexité de ces produits réside non seulement dans leur structure, mais aussi dans la diversité des formules proposées. Certains offrent une garantie du capital à l’échéance, d’autres une protection partielle, tandis que d’autres encore peuvent exposer l’investisseur à des pertes significatives. Cette variété de profils de risque et de rendement rend l’évaluation et la comparaison des produits structurés particulièrement délicates pour les investisseurs non avertis.
Les risques pour les épargnants
Si les produits structurés font miroiter des gains potentiels alléchants, ils ne sont pas exempts de risques. Le premier écueil réside dans leur complexité intrinsèque. L’information commerciale les concernant est souvent jugée trop ardue pour être pleinement comprise par le grand public. Cette incompréhension peut conduire les épargnants à sous-estimer les risques encourus, notamment en termes de pertes en capital.
Mais le véritable talon d’Achille de ces produits se situe au niveau des frais. Selon Agnès Lossi, associée du cabinet de conseil Indefi, « les frais cumulés totaux des produits structurés peuvent atteindre 7-8 % pour les clients« . Une ponction considérable qui peut sérieusement éroder la performance finale de l’investissement. D’autant plus que certains de ces produits ont une durée de vie relativement courte, concentrant ainsi les frais sur une période réduite.
La vigilance accrue des autorités de contrôle
Face à cette situation préoccupante, l’AMF et l’ACPR ont décidé de passer à l’action. Les deux autorités ont mis en place un groupe de travail conjoint avec un objectif clair : « recenser et analyser les risques spécifiques que ces produits peuvent faire courir aux épargnants », comme l’explique Grégoire Vuarlot, directeur du contrôle des pratiques commerciales à l’ACPR.
Ce groupe de travail vise notamment à identifier les produits qui posent « un risque important de perte en capital ou de moindre performance en raison de frais d’une ampleur particulière ». Une démarche saluée par de nombreux observateurs, qui y voient une étape nécessaire pour mieux encadrer ces produits complexes.
Le grand ménage des unités de compte : les produits structurés épargnés ?
Paradoxalement, alors que les assureurs-vie sont tenus depuis l’an dernier de faire le ménage parmi les 11 000 unités de compte du marché français, les produits structurés semblent pour l’instant échapper à cette revue. Une situation qui interroge, d’autant que ces supports représentent une part croissante de l’offre d’épargne.
Pour le secteur de l’assurance-vie, les produits structurés représentent une manne financière non négligeable. Les frais élevés génèrent des revenus importants pour toute la chaîne de distribution : conseillers en gestion de patrimoine, agences, courtiers, assureurs et sociétés de gestion.
Cependant, cette situation pourrait être remise en question par l’évolution de la réglementation. Le système actuel de commissionnement, qui permet de rémunérer l’ensemble des acteurs, est dans le viseur de la Commission européenne dans le cadre de la « retail investment strategy » (RIS). Bien que les dernières discussions aient abouti à un quasi-statu quo, la pression réglementaire pourrait s’accentuer à l’avenir.