Déflation : définition, causes et conséquences sur l’économie

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Déflation
Déflation : définition, causes et conséquences

Souvent perçue comme un simple opposé de l’inflation, la déflation est un terme économique qui désigne une baisse générale des prix. Ses implications économiques sont complexes et potentiellement dévastatrices. Découvrons dans cet article ce qu’est la déflation, quelles sont ses causes et conséquences sur l’économie et sur les marchés financiers.

Qu’est-ce que la déflation ?

La déflation est un terme économique qui désigne une baisse générale et soutenue des prix des biens et services dans une économie sur une période donnée. Contrairement à l’inflation, qui est une hausse des prix, la déflation se caractérise par une diminution du niveau général des prix. Ce phénomène peut sembler avantageux à première vue, car les consommateurs peuvent acheter plus avec la même quantité d’argent. Mais la déflation peut avoir des conséquences importantes et souvent négatives sur l’économie que nous allons voir un peu plus tard dans cet article.

Déflation et inflation : quelle différence ?

Alors que la déflation implique une réduction des prix, l’inflation se réfère à leur augmentation. Ces deux phénomènes ont des impacts diamétralement opposés sur la valeur de la monnaie : pendant la déflation, la valeur réelle de la monnaie augmente, permettant aux consommateurs d’acheter plus avec moins, tandis que pendant l’inflation, la valeur de la monnaie diminue, réduisant le pouvoir d’achat.

La déflation peut être le résultat de divers facteurs, tels que la diminution de la demande de biens et services ou une augmentation de l’offre. A l’inverse, l’inflation survient souvent lorsque la demande dépasse l’offre ou en raison de l’augmentation des coûts de production.

Ne pas confondre déflation et désinflation

Souvent confondus en raison de leur similitude, la déflation et la désinflation sont deux termes économiques qui décrivent des phénomènes économiques distincts. La déflation se réfère à une baisse générale et persistante des prix des biens et services dans une économie contrairement à la désinflation qui désigne une réduction du taux d’inflation, c’est-à-dire une diminution de la vitesse à laquelle les prix augmentent

Dans un contexte de désinflation, les prix continuent d’augmenter, mais à un rythme plus lent. Alors que la déflation peut signaler une économie en crise, avec une demande en baisse et un pouvoir d’achat potentiellement stagné, la désinflation est souvent le signe d’une politique économique réussie visant à stabiliser une croissance des prix trop rapide. La désinflation est généralement considérée comme positive, car elle atténue les effets néfastes d’une inflation élevée sans tomber dans les pièges potentiels d’une déflation.

Mesurer la déflation : les outils et indicateurs clés

Voici les principaux outils et indicateurs utilisés pour mesurer la déflation :

L’indice des prix à la consommation (IPC)

L’IPC est l’un des indicateurs les plus couramment utilisés pour mesurer la déflation. Il suit l’évolution des prix d’un panier standard de biens et services achetés par les ménages. Une baisse continue de l’IPC sur une période prolongée indique la déflation.

L’indice des prix à la production (IPP)

L’IPP mesure les changements de prix au niveau de la production plutôt qu’au niveau de la consommation. Il est utilisé pour évaluer la variation des coûts des matières premières et des biens intermédiaires. Une baisse de l’IPP peut être un précurseur de la déflation, car elle indique une diminution des coûts de production qui peut se répercuter sur les prix à la consommation.

Le produit intérieur brut (PIB) (réel et nominal)

Le PIB nominal est la valeur brute de tous les biens et services produits, sans ajustement pour l’inflation ou la déflation. Le PIB réel est ajusté pour l’inflation ou la déflation, fournissant ainsi une mesure plus précise de la croissance économique. Si le PIB nominal est inférieur au PIB réel sur une période prolongée, cela peut indiquer une déflation.

Les données sur les salaires et l’emploi

Les statistiques sur les salaires et l’emploi peuvent également fournir des indices sur la déflation. Une stagnation ou une baisse des salaires, couplée à un ralentissement de la croissance de l’emploi, peut indiquer une pression déflationniste, car ces facteurs réduisent la demande globale.

Les taux d’intérêt réels

Les taux d’intérêt réels, qui sont les taux d’intérêt nominaux ajustés pour l’inflation, peuvent également indiquer la déflation. Si les taux d’intérêt réels sont positifs et élevés dans un contexte de faible inflation ou de déflation, cela peut dissuader les dépenses et les investissements, renforçant ainsi la tendance déflationniste.

Quelles sont les causes de la déflation ?

Les causes de la déflation peuvent être multiples. Entre baisse de la demande, augmentation de l’offre, modification des processus de production ou encore changement de politiques de nombreux critères influencent de niveau des prix :

Une baisse de la demande globale

La déflation peut souvent être attribuée à une baisse de la demande globale. Ce phénomène se produit lorsque les consommateurs et les entreprises réduisent leurs dépenses.
Plusieurs facteurs peuvent en être la cause, comme une incertitude économique, une hausse du chômage, ou une baisse des revenus.
Lorsque la demande pour des biens et services diminue, les prix commencent à baisser en réponse, entraînant ainsi une spirale déflationniste. Cette baisse de la demande peut avoir un impact significatif sur l’économie, car elle entraîne souvent une réduction des investissements des entreprises, ce qui peut conduire à un ralentissement économique global.

Une augmentation de l’offre globale

Une augmentation significative de l’offre globale de biens et services peut également mener à la déflation. Cela se produit généralement lorsque les capacités de production dans une économie augmentent rapidement, souvent en raison de progrès technologiques ou d’innovations. Cette surabondance de produits sur le marché entraîne une baisse des prix, car les entreprises s’efforcent de vendre leurs stocks excédentaires. 

Bien que cela puisse sembler bénéfique pour les consommateurs à court terme, une offre excédentaire prolongée peut conduire à une baisse des investissements et à un ralentissement de la croissance économique.

De nouvelles innovations technologiques pour un gain de productivité

Les innovations technologiques et les gains de productivité peuvent également être une source importante de déflation. Avec le progrès technologique, la production de biens et services devient plus efficace et moins coûteuse. Bien que cela puisse augmenter la qualité de vie et réduire les coûts pour les consommateurs, cela peut aussi entraîner une baisse générale des prix. Si les gains de productivité se produisent plus rapidement que la croissance de la demande globale, cela peut conduire à une situation où l’offre excède la demande, provoquant ainsi une déflation.

Les politiques monétaires et fiscales

Les politiques monétaires et fiscales jouent également un rôle clé dans la déflation. Par exemple, une politique monétaire restrictive, où les banques centrales augmentent les taux d’intérêt ou réduisent l’offre de monnaie, peut diminuer la demande globale.
De même, des politiques fiscales restrictives, telles que l’augmentation des taxes ou la réduction des dépenses publiques, peuvent réduire la dépense globale. Ces politiques, bien qu’elles puissent être mises en place pour contrôler l’inflation, peuvent parfois aller trop loin et entraîner une déflation.

Quels sont les effets de la déflation sur l’économie ?

Malgré que la déflation puisse être plus ou moins forte, elle a dans la plupart des cas de forts impacts sur l’économie d’un pays, d’une entreprise ou des ménages. Voici les principaux effets de la déflation :

Les consommateurs et entreprises fortement impactés

La déflation, caractérisée par une baisse générale des prix, peut sembler bénéfique pour les consommateurs à première vue. En effet, le pouvoir d’achat des individus augmente lorsque les prix baissent. Cependant, cette situation peut rapidement devenir préjudiciable. Les consommateurs, anticipant une poursuite de la baisse des prix, peuvent retarder leurs achats, ce qui réduit la consommation globale. Pour les entreprises, cette diminution de la demande entraîne une baisse des revenus et des bénéfices. En réponse, elles peuvent réduire leur production, leurs investissements et même procéder à des licenciements, aggravant ainsi le ralentissement économique.

Des effets sur les prêts et les dettes

La déflation a un impact significatif sur le marché du crédit. Lorsque les prix baissent, la valeur réelle des dettes augmente, rendant le remboursement plus difficile pour les emprunteurs. Cela est particulièrement problématique pour les emprunteurs avec des revenus fixes ou décroissants. Par conséquent, le taux de défaut de paiement sur les prêts peut augmenter, affectant la santé financière des banques et des institutions de crédit. 

Sachez également que, dans un environnement déflationniste, les taux d’intérêt réels peuvent devenir positifs même si les taux nominaux sont très bas, décourageant davantage les emprunts et les investissements.

De fortes conséquences sur l’économie globale à long terme

Les effets à long terme de la déflation peuvent être profondément déstabilisants pour l’économie. Une spirale déflationniste, où la baisse des prix alimente une réduction supplémentaire de la consommation et de l’investissement, peut mener à une récession prolongée. L’histoire économique offre plusieurs exemples où la déflation a conduit à des périodes de croissance économique faible, de chômage élevé, et de faible confiance des consommateurs et des entreprises. La déflation peut également rendre les politiques monétaires moins efficaces, car abaisser les taux d’intérêt en dessous de zéro présente des défis pratiques et psychologiques significatifs.

La déflation dans l’histoire

La déflation n’est pas un phénomène nouveau dans l’histoire économique mondiale. Elle s’est manifestée à plusieurs reprises, souvent avec des conséquences profondes et durables sur les économies concernées. Voici les principales périodes déflationnistes connues :

La Grande Dépression des années 1930

L’un des exemples les plus notoires de déflation est survenu durant la Grande Dépression, qui a commencé en 1929. Les prix ont chuté de façon spectaculaire, en grande partie à cause de l’effondrement massif de la demande. Aux États-Unis, l’indice des prix à la consommation a diminué d’environ 27% entre 1929 et 1933. Cette période a été marquée par une forte augmentation du chômage, une baisse significative des revenus, et une contraction sévère de l’activité économique.

Graphique IPC grande dépression 1930
Graphique illustrant l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) aux États-Unis pendant la Grande Dépression des années 1930

Le Japon dans les années 1990 : plus de 10 années de déflation

Le Japon a subi une longue période de déflation dans les années 1990, souvent appelée la « décennie perdue« . Après l’éclatement d’une bulle immobilière et d’actions à la fin des années 1980, le Japon a été confronté à une baisse des prix qui a duré plus d’une décennie. Cette période a été caractérisée par une croissance économique faible, une faible consommation des ménages et une politique monétaire difficile à ajuster en raison de taux d’intérêt déjà très bas.

Graphique déflation Japon décennie perdue
Graphique illustrant le taux de déflation au Japon durant la période communément appelée la « décennie perdue » des années 1990.

Ce graphique met en évidence la transition de l’économie japonaise vers un état de déflation, caractérisé par des taux d’inflation négatifs. On observe une baisse progressive du taux d’inflation à partir du début des années 1990, atteignant des valeurs négatives vers le milieu de la décennie. Cette tendance déflationniste reflète la situation économique difficile du Japon durant cette période, marquée par une croissance économique faible et une baisse des prix généralisée.

La déflation en Europe après 2008

Après la crise financière de 2008, plusieurs pays européens ont connu des périodes de déflation. Par exemple, la Grèce et l’Espagne ont enregistré des taux de déflation suite aux mesures d’austérité et à la crise de la dette souveraine. Cette déflation a été associée à une forte augmentation du chômage et à des pressions sur les gouvernements pour stimuler la croissance économique.

Graphique taux de déflation Europe 2008
Graphique illustrant le taux de déflation en Europe de 2005 à 2014

On observe des valeurs négatives particulièrement autour de 2008 et 2009, ce qui correspond à la période de crise financière où l’Europe a connu une déflation significative.

Déflation et marchés financiers : quels impacts ?

Dans le monde complexe de l’économie, la déflation n’est pas seulement un phénomène macroéconomique, elle a également des répercussions profondes et variées sur les marchés financiers. En tant qu’investisseurs, gérant d’entreprise, ou décideur politique, vous vous devez de comprendre ces impacts pour prendre les meilleures décisions en période de déflation.

Quel impact sur le marché des actions et obligations ?

La déflation a un impact notable sur les marchés d’actions et d’obligations. En période de déflation, la valeur réelle des dettes augmente, ce qui peut peser lourdement sur les entreprises endettées. Cela se traduit souvent par une baisse des prix des actions, car les investisseurs s’inquiètent de la capacité des entreprises à générer des profits et à rembourser leurs dettes dans un environnement économique contractant.

Les obligations quant à elles, peuvent devenir plus attractives pendant la déflation. Comme les taux d’intérêt ont tendance à baisser en période de déflation, le prix des obligations existantes augmente (car elles portent des taux d’intérêt plus élevés que ceux nouvellement émis). De plus, la valeur réelle des paiements d’intérêts et du principal des obligations augmente, rendant les obligations à long terme particulièrement attrayantes.

Faut-il investir en période de déflation ?

En période de déflation, les stratégies d’investissement doivent être ajustées pour tenir compte de l’environnement économique changeant. Nous conseillons aux investisseurs de privilégier les obligations sur les actions, en particulier les obligations d’État de haute qualité, car elles offrent une sécurité relative et des rendements réels positifs.

Les secteurs défensifs, tels que les services publics, la santé et les biens de consommation de base, peuvent également être privilégiés, car ils ont tendance à être moins sensibles aux cycles économiques.
Les investissements dans les matières premières, en revanche, peuvent être moins attrayants, car la demande pour ces produits diminue souvent en période de déflation.

Nous vous conseillons également de considérer la diversification géographique. Investir dans des marchés où la déflation n’est pas un problème majeur peut aider à réduire le risque global du portefeuille.

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