Analyse Fondamentale : qu’est-ce que c’est et comment cela fonctionne ?

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L’analyse fondamentale, prisée en particulier par les investisseurs de long terme, est un ensemble d’outils et de méthodes destinés à définir la valeur financière d’une entreprise à partir de critères tangibles, propre à la société et à son secteur.

Nombre d’investisseurs à succès, tels que Warren Buffett, ont fait de cette méthode leur déterminant en matière d’investissement, et ne jurent que par celle-ci.

Analyse fondamentale : En bref

L’analyse fondamentale est utilisée par de nombreux traders à travers le monde. La bourse étant, historiquement, un pari gagnant sur le long terme, l’étude fondamentale permet de repérer les « meilleurs élèves », afin d’investir sur des valeurs qualitatives, susceptibles de surperformer le secteur.

Mais encore faut-il savoir l’utiliser. Voici les éléments à maîtriser :

  • La logique d’investissement : il s’agit de s’attacher à juger un titre sur ses fondamentaux. Cette logique permet de connaitre la société dans le détail, économiquement et financièrement,
  • Les étapes d’étude : analyser un titre, c’est procéder par étapes. Ainsi, il convient tout d’abord d’appréhender l’entreprise et son fonctionnement sur son secteur, avant de s’enquérir de tous les autres angles d’étude tels que l’analyse financière, macroéconomique, l’étude de l’action et du potentiel de valorisation, ou encore l’analyse qualitative,
  • La complémentarité de cette méthode : analyse technique et analyse fondamentale sont différentes. Il convient de comprendre les différents objectifs de ces deux processus analytiques, sans pour autant opter pour l’une ou l’autre de manière exclusive. Elles peuvent, et doivent, s’utiliser de manière complémentaire.

Une fois ces trois grands aspects maîtrisés, vous serez en mesure de construire vos propres analyses fondamentales, pour les titres qui vous intéressent. Il conviendra cependant de garder en tête quelques concepts universels :

  • Cette méthode a aussi quelques inconvénients : en effet, il ne s’agit pas d’une science exacte, et les conclusions que vous en tirerez ne seront pas forcément en adéquation avec celles des autres analystes,
  • Certaines erreurs reviennent souvent : croire que l’étude d’un titre est une science absolue, se reposer uniquement sur l’actualité macroéconomique, ou encore penser que le marché est aussi rationnel que vous,
  • L’analyse fondamentale vous correspond : on a parfois tendance à croire qu’elle est réservée à un certain type d’investisseurs. En vérité, quels que soient votre profil et votre stratégie, vous pouvez (et devriez) utiliser cette méthode.

Mais avant d’appliquer cette méthode à votre stratégie, il convient tout d’abord de comprendre de quoi il s’agit…

Qu’est-ce que l’analyse fondamentale et comment cela fonctionne ?

L’analyse fondamentale est un procédé visant à déterminer la valeur intrinsèque d’une société. Pour cela, une multitude de facteurs sont à prendre en compte, tels que les ratios financiers, le niveau d’endettement, les dividendes, la trésorerie, le secteur économique et de manière générale tout ce qui pourrait influencer la valorisation de cette dernière.

Si vous ne connaissez pas l’analyse fondamentale, vous êtes peut-être tenté de penser que pour connaître la valeur d’une entreprise, il suffit de multiplier le cours de son action par le nombre d’actions. C’est là tout l’intérêt de l’analyse fondamentale qui permet de savoir si la valeur d’un titre diffère de son prix coté. Elle repose ainsi sur l’hypothèse que dans le temps, le prix coté finit par rejoindre la valeur intrinsèque de l’entreprise.

En effet, valeur intrinsèque et prix sont ainsi deux concepts différents :

  • Le prix est la valeur actuelle de l’actif en bourse. Il résulte de l’offre et de la demande,
  • La valeur intrinsèque est la valeur théorique de l’actif, qui résulte des calculs précédemment évoqués,
  • Le but global de la démarche est de déterminer s’il existe un écart entre le prix de l’actif et cette valeur intrinsèque.

Exemple : une action est cotée en bourse 100€. Après avoir réalisé une étude fondamentale complète, vous arrivez à la conclusion que sa valeur intrinsèque (divisée par le nombre d’action), s’établit à 150€ par action. Dans ce cas, si l’on estime que le prix coté finit par rejoindre la valeur intrinsèque, il existe, pour cette action, un potentiel fondamental de hausse de 50%.

Lorsqu’un écart existe entre valeur intrinsèque et prix coté, l’analyste fondamental estime que l’offre et la demande vont, au fil du temps, faire évoluer le prix coté en direction de sa valeur intrinsèque (à la hausse comme à la baisse).

allocation
On constate ici que le but du trader est d’acquérir le titre lorsque son prix de marché est inférieur à la fourchette de valorisation, ou valeur intrinsèque.

Quelles sont les étapes pour réaliser une analyse fondamentale ?

La méthode obéit à un processus précis, dont le but est de prendre en compte tous les facteurs qui influencent la valeur intrinsèque d’un titre.

Il est donc important de respecter chaque étape, car cette valeur peut fluctuer grandement sur un point de détail. Ainsi, l’analyste s’attachera à être le plus exhaustif possible à travers sa recherche, et à donner leur importance aux étapes qui suivent.

Comprendre l’entreprise et son secteur d’activité

Il s’agit d’un des pilier de la démarche. Le but ici est de distinguer les potentiels « bons élèves » des mauvais.

En premier lieu, l’on tente de comprendre la manière dont fonctionne l’entreprise. On parle souvent de « business model ». Il est nécessaire de déterminer comment l’entreprise gagne de l’argent. Cela répond aux questions :

  • Que vend-elle ?
  • Comment le vend-elle ?

Autrement dit, est-ce qu’elle vend un bien ou un service, de quelle manière elle le construit, et de quelle manière elle le vend.

Cela peut paraitre simple, mais c’est en réalité assez complexe. Car il s’agira d’identifier les prérequis à la mise en place du bien ou du service: qui sont ses fournisseurs ? Existe-t-il des tensions sur sa chaine d’approvisionnement ? Puis, il sera nécessaire de comprendre comment l’entreprise vend son produit (réseau de distribution, système d’abonnement, etc). Il existe des dizaines, voire des centaines de canaux de distributions potentiels, physiques et numériques, pour la distribution des produits et services.

Une fois que vous aurez cerné ce business model, il conviendra de s’intéresser à son environnement. Vous devrez alors vous poser toutes les questions nécessaires à déterminer les forces en présence sur le secteur, telles que la cible visée, la concurrence, le cadre légal, la répartition géographique de l’offre et de la demande, ou encore les influences géopolitiques pesant sur le secteur. En bref, tout ce qui pourrait impacter l’activité de votre entreprise.

À ce stade, l’on pensera également, par des lectures sur le secteur et son environnement, à détecter les tendances et la position de l’entreprise vis-à-vis de ces dernières, les opportunité et défis posés par le secteur, et la manière dont elle agit pour y répondre.

A la fin de ce processus, l’investisseur disposera alors d’une vision globale de l’activité de l’entreprise et de la manière dont elle l’exerce, au sein d’un écosystème global. Si ces données confirment un intérêt pour le titre, il sera temps de passer à l’étude macro-économique.

Analyse macroéconomique

L’étude macroéconomique dissèque le contexte auquel sont confrontés tous les acteurs d’un secteur : l’économie et ses vecteurs d’influence. Plusieurs axes sont à ce titre à prendre en considération :

Les cycles économiques

L’économie n’évolue pas linéairement, elle alterne des cycles de croissance et de récession. Ces cycles sont souvent définis par l’évolution du Produit Intérieur Brut (PIB) de la zone concernée. En phase de croissance, les acteurs réalisent généralement plus de chiffre d’affaires et de bénéfices, et leur valorisation boursière augmente. Inversement, en période de récession, les valorisations boursières baissent du fait de la dégradation de l’activité.

Il faut ainsi chercher à repérer le cycle dans lequel l’économie se trouve, dans le but de savoir si un investissement est opportun, et dans quelle direction se positionner le cas échéant.

Cycle economic
On constate ici l’évolution du PIB en fonction du cycle économique. Il en va de même pour la rentabilité et le chiffre d’affaire des entreprises.

Les cycles inflationnistes/déflationnistes

L’inflation doit être surveillée de près dans la mesure où, lorsqu’elle est prise en compte, elle donne la valeur réelle d’un investissement, ou de son potentiel. En période d’inflation, les cours de bourse ont tendance à augmenter, puisque les investisseurs préfèrent placer leur argent plutôt que de le voir perdre de la valeur sur un compte en banque.

cycle inflationniste
Voici une synthèse du cycle inflationniste, qui dépeint la manière dont le comportement des acteurs économiques entretient l’inflation.

Cependant, il convient de considérer la valeur nette d’une progression. Une action progressant de 20%, avec une inflation à 10%, aura connu une hausse réelle de seulement 10%.

Le contexte inflationniste doit également être surveillé pour une autre raison : cette dernière est généralement concomitante aux difficultés d’approvisionnement. Vous devez donc définir si le secteur, et l’entité elle-même, font face à des difficultés sur leurs chaines de valeurs. Car cela pourrait bien impacter de manière significative les résultats futurs.

Les taux d’intérêts

Pour rappel, les taux directeurs sont contrôlés par les banques centrales, comme la Fed aux États-Unis ou la BCE en Europe. Ces taux déterminent le prix auquel les banques empruntent de l’argent, et par conséquent, le prix auquel elles octroient des financements. Ces taux sont donc primordiaux pour l’économie, car ils sont à la source de la quantité d’argent qui y circule.

Il s’agit d’une question fondamentalement importante car vous devrez également consacrer du temps à l’étude de la dette de la société concernée. Or cette dette, si elle a été émise sur des marchés obligataires, est impactée par les mouvements de taux. Si le titre que vous analysez est une banque qui détient une quantité importante d’obligations d’états ou d’autres entreprises, leur valeur est également impactée par la modification de ces taux directeurs.

De plus, si la société en question prévoit d’emprunter pour des investissements conséquents, il peut être bénéfique de faire des projections quant à l’évolution de ces taux.

Les taux de change

Les taux de change ont une incidence sur l’activité de toutes les grandes entreprises, si celles-ci déploient leurs ventes à l’international.

Exemple : Airbus fabrique ses avions et a établi son siège sur le sol Français, toutes ces charges sont donc exprimées en euros. Mais le catalogue de vente d’Airbus, lui, s’établit en dollars à travers le monde. Airbus reçoit donc des dollars à chaque fois qu’il vend un avion. Le problème, lorsque l’euro se renforce face au dollar, est qu’Airbus perçoit moins d’euros lorsqu’il change ses dollars en euros. Chaque pourcentage d’évolution de la parité euro/dollar impacte donc Airbus de manière significative.

Il faut donc bien veiller à étudier l’exposition au risque de change de la société concernée, et la politique que celle-ci met en place à des fins de couverture par une veille des marchés Forex.

La fiscalité

Si la plupart des grands groupes optimisent leur fiscalité autant que possible, il peut arriver, sur des capitalisations plus moyennes, pour des raisons politiques et/ou liées à l’actionnariat, que certaines sociétés cotées paient leur impôts en France, ou dans d’autres pays à la fiscalité assez lourde.

Il convient donc de voir de quelle manière l’entité étudiée fait face à cette imposition, et ne pas omettre de comparer ce paramètre avec la fiscalité des concurrents.

Une fois tous ces paramètres réunis, on obtient un bel état de la situation macroéconomique, et il devient plus simple de savoir si la société évoluera dans un sens favorable ou pas. Il s’agit d’une étape à ne pas négliger, avant de passer aux finances…

Analyse financière

L’étude financière et comptable est fondamentale dans la démarche globale. Elle commence avec l’examen du bilan.

Le bilan

Le bilan est une sorte de photographie patrimoniale de la société à un instant donné. Il est l’indicateur clé de la santé d’une entité. Il présente ses ressources, et la manière dont elles sont employées. Il se décompose en deux parties, l’actif et le passif :

ACTIF PASSIF

Actif Immobilisé :

  • Immobilisations incorporelles (fonds de commerce, brevets, etc)
  • Immobilisations corporelles (batiments, machines industrielles, terrains, etc)
  • Immobilisations financières (participations, créances de prêts, etc)

Actif circulant :

  • Stocks (matières premières, marchandises,etc)
  • Créances clients
  • Investissements mobiliers
  • Disponibilités (argent sur les comptes en banque)

Capitaux propres :

  • Capital
  • Réserves
  • Résultat (bénéfice ou perte)

Provisions

Dettes :

  • Emprunts obligataires
  • Emprunts bancaires
  • Dettes fournisseurs
  • Dettes fiscales

TOTAL ACTIF TOTAL PASSIF

D’un simple regard sur le bilan d’une société, vous obtiendrez des indications sur sa gestion, via notamment le niveau des dettes et du résultat, des investissements, et plus généralement à travers la manière dont sont employées les ressources.

Le compte de résultat

Le compte de résultat, lui, permet d’analyser produits et charges. Il se compose de la manière suivante :

+ Produit d’exploitation
  • Chiffre d’affaires
  • Stocks
- Charges d’exploitation
  • Achats de marchandises et matières premières
  • Charges externes
  • Impôts et taxes
  • Salaires chargés
  • Dotations aux amortissements et provisions
= RÉSULTAT D’EXPLOITATION = Produit d’exploitation – charges d’exploitation
+ Produits financiers
  • Produits de participation
  • Dividendes perçus
  • Différences de change
  • Intérêts de créance
- Charges financières
  • Intérêt d’emprunts, agios
  • Différences négatives de change
  • Dotation aux amortissements et provisions
= RÉSULTAT FINANCIER = Produits financiers – charges financières
RÉSULTAT COURANT AVANT IMPÔTS = Résultat d’exploitation – résultat financier
+ Produits exceptionnels
  • Opérations de gestion
  • Opérations en capital
  • Reprises exceptionnelles (sur provisions)
- Charges exceptionnelles
  • Opérations de gestion
  • Opérations en capital
  • Dotations exceptionnelles (amortissements/provisions)
= RÉSULTAT EXCEPTIONNEL = Produits exceptionnels – charges exceptionnelles
- Impôts sur les bénéfices IS
- Participation des salariés aux résultats Versement des participations au personnel
= RESULTAT NET (ou PERTE) = Total des produits – total des charges

On voit à travers ce tableau qu’il est très simple d’évaluer la rentabilité d’une entreprise avec le compte de résultat qui représente simplement les charges, soustraites aux produits.

Puis, en comparant les comptes de résultats des derniers exercices comptables, il est possible d’observer l’évolution de niveau de rentabilité. On pourra par exemple ainsi contrôler la stabilité ou l’évolution du chiffre d’affaires, et essayer d’en trouver les raisons. Pour chaque ligne du compte de résultat, il existe des leçons à tirer en fonction des chiffres des exercices précédents.

Ainsi, le trader aura une bonne indication de la « direction » que prend l’activité.

Le tableau des flux de trésorerie

Le tableau des flux de trésorerie, quant à lui, est un indicateur très pertinent, qui vous permettra de connaitre la capacité de la société à générer des fonds. Il fait état de trois flux de trésorerie :

  • Les flux de trésorerie d’exploitation : entrées et sorties produites par l’activité courante,
  • Les flux de trésorerie liés à l’investissement : entrées et sorties occasionnées par les investissements, comme l’achat ou la vente d’actifs,
  • Les flux de trésorerie liés aux activités de financement : emprunts, émissions obligataires, ou encore émissions d’actions, il s’agit des mouvements de trésoreries qui permettent à l’entité de financer ses opérations.

Ce tableau vous permettra de savoir si la société, à travers le temps, est capable de maintenir un niveau de liquidités suffisant, afin de mener à bien ses opérations et investissements, et faire face à ses obligations.

Les ratios clés

Lorsque l’on souhaite avoir une idée du niveau de valorisation d’un titre, mieux vaut prêter attention à certains ratios, scrutés par l’ensemble des acteurs, et représentatifs de la santé financière de l’entité. Voici les ratios à surveiller :

  • La rentabilité : il existe de nombreuses formules de calcul, facilement utilisables, pour déterminer la rentabilité. De manière générale, ces ratios servent à mesurer la capacité à créer de la richesse ;
  • La solvabilité : les différents ratios qu’il est possible d’utiliser pour calculer la solvabilité ont deux objectifs. Le premier est de savoir si l’entreprise sera en mesure de faire face à ses échéances de dette. Le second est de déterminer s’il lui reste une marge d’endettement, autrement dit une capacité d’emprunt, ce qui peut être important en vue d’éventuels investissements ;
  • La productivité : le ratio de productivité, qui s’obtient en divisant le chiffre d’affaires par le nombre de salariés, donne une très bonne mesure de la productivité des ressources. Pour l’interpréter, il suffira de le comparer au ratio des concurrents.

On aura à ce stade une belle vision de la santé financière du titre, et il sera alors temps de passer à l’étude de son comportement boursier.

Analyse des actions et du marché boursier 

Moins technique, l’étude des actions et du marché boursier est accessible à tous et donne de belles indications sur la manière dont l’action analysée est perçue par l’ensemble des traders.

Cette démarche comparative a pour but est de confronter l’évolution du cours de bourse en la mettant en perspective avec celles des entreprises concurrentes. Cela permet ainsi de voir si le titre surperforme ou sous-performe son secteur en termes de perception par le marché.

Il s’agit d’un bon moyen d’étudier la corrélation de l’entreprise à son secteur (étude des graphiques historiques) et cela donne une idée de la volatilité du titre, en cherchant si celui-ci amplifie les mouvements de marché, ou au contraire fait preuve de moins de volatilité.

Toutes les démarches précédentes réalisées, nous passons à l’étape cruciale du calcul de valorisation.

Évaluation des titres 

Il existe de nombreuses formule de valorisation et par conséquent autant de valeur pour un titre donné, mais les plus utilisées restent la méthode DCF (Discounted Cash Flows), et le calcul des multiples.

La méthode DCF

Elle consiste à déterminer la valorisation d’une entreprise en fonctions de ses flux futurs: la valeur d’un actif est égale au flux qu’il est susceptible de générer.

Mathématiquement, la formule peut paraitre complexe, mais il s’agit d’une simple actualisation des cash flows futurs (actualisation des flux futurs).

La méthode des multiples de valorisation

D’autres métriques sont également très célèbres. Voici les trois principaux ratios utilisés :

  • P/E ratio (ou Price to Earnings ratio) : il se calcule en divisant le prix de l’action par le résultat net par action. Ainsi, un P/E de 10 montre que le prix de l’action est 10 fois supérieur aux bénéfices par action, autrement dit qu’il faudra 10 ans pour récupérer son investissement si tous les bénéfices étaient versés aux actionnaires sous forme de dividendes. De manière générale, un P/E élevé est le signe d’une action chère, un P/E faible fera état d’une action peu chère,
  • P/B ratio (ou Price to Book ratio) : il se calcule en divisant la valeur de marché des actions par la valeur comptable de ses fonds propres. Il a donc pour avantage de déceler si la valeur cotée est inférieure à la valeur comptable de l’entité, ce qui représenterait une anomalie. Ainsi un P/B ratio inférieur à 1 est synonyme que l’action est peu chère, tandis que lorsqu’il égal ou supérieur à 1, cela montre que le marché prend au minium en compte la valeur comptable, voire surévalue le titre (en fonction des perspectives, etc).
  • P/S ratio (ou Price to Sales ratio) : il se calcule en divisant le prix de l’action par le chiffre d’affaires par action. Ainsi, un P/S faible est déjà bon signe, car il signifie que le chiffres d’affaires est conséquent par rapport au prix de l’action. Attention cependant, le P/S ne prends pas en compte la rentabilité. Une entreprise peut très bien générer un chiffres d’affaires important tout en étant en perte.

De manière générale, ces trois ratios facilement calculables permettent d’obtenir des métriques de base intéressantes, instantanées, et donnent déjà une idée du niveau de valorisation de l’entreprise sur le marché. Cependant, il faut tout de même prendre en compte que ce dernier a tendance à intégrer des éléments moins tangibles tels que les perspectives. Ainsi, il se peut qu’une action apparaisse comme peu chère au vu de ces ratios, mais que le marché rechigne à l’acheter à cause de perspectives peu reluisantes…

Ce qui nous amène justement à l’étude qualitative.

Analyse qualitative

Il s’agit d’une démarche plutôt subjective consistant à se faire une opinion sur le comité de direction de l’entité étudiée, leur vision, ou encore leur stratégie. Il sera en outre nécessaire de déterminer les challenges qui se posent dans le secteur, et de cerner les atouts dont l’entreprise dispose pour y répondre, et saisir les opportunités. Souvent, cela est lié à sa capacité d’innovation, et la manière dont elle se distingue au sein de l’écosystème concurrentiel.

Afin de ne rien oublier, nous vous conseillons l’utilisation d’une matrice SWOT. Le but ici est de lister les atouts et faiblesses de l’entreprise, ainsi que les opportunités et menaces du secteur, ce qui permet de réaliser une étude qualitative plutôt exhaustive.

SWOT

Synthétiser les informations et prendre une décision d’investissement

Si vous appliquez toutes les étapes précédentes consciencieusement, vous disposerez d’un point de vue éclairé sur la société et son secteur.

Vous avez donc matière à « peser le pour et le contre », et êtes en mesure de lister les points positifs et négatifs de l’entreprise, sa situation, sa valorisation, ses perspectives, etc.

Il vous reste à déterminer si l’investissement dans l’action, lorsqu’il est justifié par toutes ces données, correspond à votre horizon de placement, à votre profil de risque, et à vos objectifs. Car c’est une chose de trouver un dossier qualitatif, c’en est une autre de l’intégrer au sein d’une stratégie personnelle d’investissement.

Attention: garder à l’esprit que l’analyse fondamentale, bien que comprenant des aspects mathématiques, n’est pas une science exacte, et découle en partie d’interprétation et de projections, que l’investisseur détermine selon ses connaissances et son expérience, mais également en fonction de son conditionnement personnel. D’autres analystes pourraient voir les choses de façon différente.

L’investisseur averti tentera donc, dans sa recherche, de comprendre comment le marché interprètera ces informations et ces ratios analytiques, et de quelle manière ils seront retranscrits dans la valorisation du titre.

Et ce même investisseur averti, une fois convaincu de l’action à effectuer sur un titre, pourrait très bien utiliser un peu d’analyse technique, dans le but d’optimiser son entrée ou sortie sur le titre.

Analyse fondamentale vs analyse technique : Quelle est la différence ?

Voici un tableau récapitulatif des différences notables :

Analyse fondamentale Analyse technique
Elle permet de comprendre comment fonctionne une entreprise, sa position sur un secteur, sa structure de couts, sa compétitivité, etc Elle ne permet pas de comprendre la valeur et la performance économique d’une entreprise. Elle ne se base que sur les données de son prix d’action en bourse
Elle permet de comprendre si la valorisation d’une entreprise est surévaluée ou sous-évaluée Elle ne permet pas d’interpréter les niveaux de valorisation d’un titre
Elle ne permet pas de connaitre l’humeur et le sentiment des autres investisseurs Elle permet de déceler le sentiment de marché, et son but est d’ailleurs d’anticiper le comportement des investisseurs qui réagissent historiquement de la même manière aux différents évènements de marché : « l’histoire se répète »
Elle ne permet pas d’estimer le meilleur point d’entrée Par l’utilisation des différentes notions, et l’interpretation d'indicateurs de signaux convergents, l’analyse technique a pour but de rechercher les meilleurs points d’entrée et de sortie sur le marché

Quels sont les avantages et les limites de l’analyse fondamentale ?

Voici les avantages et inconvénients de la méthode.

✅ Avantages de l’analyse fondamentale :

  • Permet de repérer les tendances de long terme : l’étude globale vise à détecter les écarts entre la valeur intrinsèque d’un titre et son prix sur le marché. L’on émet la théorie que ce prix coté, à l’avenir, rejoindra la valeur intrinsèque. De quoi déterminer la tendance de long terme,
  • Permet d’évaluer la valeur intrinsèque d’une entreprise par l’utilisation de l’ensemble des techniques précédemment évoquées,
  • Permet de connaitre en profondeur le titre et son secteur, et ainsi de développer un regard plus objectif,
  • Permet d’accumuler expérience et savoir : à force d’étudier des dossiers, vous connaitrez de mieux en mieux les différents secteurs de l’économie. Un atout considérable pour être de plus en plus opérationnel !

❌ Inconvénients de l’analyse fondamentale :

  • La subjectivité : il ne s’agit pas d’une science exacte. Ses résultats peuvent varier en fonction de l’expérience de l’analyste, de son conditionnement, ainsi que de tout ce qui peut lui échapper. Il faut garder en tête que face à la même information, deux personnes peuvent tirer des conclusions opposées,
  • La patience nécessaire : il s’agit d’une approche de long terme. Elle peut mettre des années à porter ses fruits,
  • Elle demande de l’expérience : tous les secteurs sont différents, et il faut développer, avec le temps, une connaissance fine pour tirer les bonnes conclusions,
  • Elle reste soumise aux fluctuations boursières : vous pouvez avoir réalisé une étude de qualité, gardez à l’esprit que le marché aura toujours le dernier mot.

Les erreurs courantes à éviter lors de l’utilisation de l’analyse fondamentale

Voici les erreurs courantes observées :

  • Se concentrer sur la macroéconomie : une nouvelle tombe, l’on pense que cela change tout, et l’on s’empresse de vendre ou d’investir. Attention cependant car les entreprises s’adaptent, et le marché en a conscience. Veillez donc à garder une approche complète et globale,
  • Croire que le acteurs sont rationnels : vous avez mené l’étude parfaite, vous entrez sur le titre, mais il ne cesse de baisser. C’est possible, car la bourse découle de la psychologie des acteurs, et non seulement d’éléments objectifs. Essayez toujours de penser à la vision du marché,
  • Moyenner à la baisse : si vous commettez l’erreur de renforcer votre investissement à chaque nouvelle baisse de l’action, car vous accordez une confiance aveugle à vos résultats de recherche, vous êtes sur le mauvais chemin. Une action peut paraitre peu chère, mais elle peut toujours devenir encore moins cher. Attention aux puits sans fonds…
  • S’inquiéter des fluctuations de court terme : vous avez peut-être déjà vendu un titre trop tôt, par peur de petites fluctuations à la baisse, consécutives à votre achat. Rappelez-vous, il s’agit d’un processus qui porte ses fruits à long terme. Gardez donc des tailles de position raisonnables, qui vous permettent d’encaisser les fluctuations, et focalisez-vous sur un horizon plus lointain !

Les bonnes pratiques lors de l’utilisation de l’analyse fondamentale

Voici les deux principales habitudes qu’il est bon de développer :

  • Prendre son temps : ne soyez jamais pressé d’entrer sur un titre. Dans votre trading, prenez le temps de peser le pour et le contre, et de confronter vos résultats au sentiment de marché,
  • Rester diversifié : il arrivera que vous pensiez avoir trouvé LE secteur d’avenir, ou le titre promis à un grand avenir. C’est possible, mais veillez à conserver une taille de position raisonnable, et continuez à diversifier vos secteurs d’investissement et de recherche.

Quels sont les stratégies utilisant l’analyse fondamentale ?

L’on croit souvent à tort que l’analyse fondamentale est une stratégie d’investissement. Au contraire, il s’agit d’une méthode de valorisation, qui peut justement s’imbriquer dans pratiquement toutes les stratégies d’investissement, dont voici une liste non exhaustive.

Stratégie de croissance (growth investing)

Une stratégie de croissance vise à privilégier les titres qui font état d’une croissance régulière. Le risque est de payer un actif « déjà cher », car ses perspectives étant attractives, cela laisse la place à une augmentation de sa valorisation.

Stratégie de valeur (value investing)

Une stratégie de valeur, comme le value investing, a pour but d’investir sur les actifs décotés, en pariant sur le fait que le titre reviendra à la valeur intrinsèque. Cet écart est calculable en utilisant l’analyse fondamentale, et les différents ratios financiers abordés précédemment.

La stratégie de revenu (Income investing) :

Le but premier de la stratégie de revenu est de bâtir un portefeuille générant des revenus réguliers. Même si une valorisation des titres n’est pas exclue, elle n’est pas la priorité. L’on vise plutôt à acquérir des titres générateurs de dividendes, ou des actifs rémunérés. L’analyse fondamentale permet justement de repérer au sein de chaque secteur, les titres capable de générer des dividendes rémunérateurs et réguliers, voire exceptionnels.

La stratégie de qualité (Quality investing)

Le but de la stratégie de qualité est de construire un portefeuille de titres ayant la capacité de performer dans les différentes phases économiques. Il s’agit là de repérer les meilleurs élèves de chaque secteur sur des indicateurs clés comme la rentabilité historique, ce que permet tout à fait l’analyse fondamentale. Notez qu’en pratique, ces titres sont plutôt rares.

La stratégie d’investissement ESG

La stratégie ESG consiste à privilégier les entreprises responsables en matière d’environnement, de performance sociale et de gouvernance, en faisant le pari qu’elles présenteront les meilleurs résultats à l’avenir. L’analyse fondamentale, en particulier dans sa strate d’étude qualitative (gouvernance, etc), permet de repérer les acteurs développant de bonnes pratiques en la matière.

La stratégie « GARP » (Growth At a Reasonable Price)

La stratégie GARP est un croisement entre les stratégies croissance et valeur évoquées précédemment. Le but ici est de sélectionner les titres dont le potentiel de croissance se distingue, tout en excluant celles qui paraissent comme d’ores et déjà trop valorisées. L’analyse fondamentale est parfaite pour déterminer les valeurs qui entrent dans ces critères, dans la mesure où l’analyse financière, l’analyse macroéconomique, et l’étude des titres sont toutes trois des composantes de la démarche globale, permettent de repérer les valeurs « GARP ».  En particulier lorsque l’on, parmi les valeurs de croissance, celles dont les ratios de valorisation restent intéressants…

En résumé, quelle que soit votre stratégie, recourir à l’analyse fondamentale est toujours une bonne idée !

FAQ : Questions fréquentes sur l’analyse fondamentale

Qu’est-ce que l’analyse fondamentale et comment ça fonctionne ?

Il s’agit d’un ensemble de technique visant à calculer la valorisation d’un titre, et aider l’investisseur à prendre une décision d’investissement.

Quels sont les avantages de l’analyse fondamentale ?

Ses avantages sont l’exhaustivité de la démarche, la détermination des tendances et de la valeur des titres.

Quelles sont les limites et les inconvénients de l’analyse fondamentale ?

Il ne s’agit pas d’une science exacte ni d’une recette miracle. Elle peut par certains aspects s’avérer subjective, et il convient de ne pas prendre toutes ses conclusions pour argent comptant.

Quelles sont les erreurs courantes à éviter lors de l’utilisation de l’analyse fondamentale ?

Il est important de ne pas considérer son opinion personnelle valant avis général. Attention également à ne pas s’inquiéter des fluctuations immédiates, puisqu’il s’agit d’une logique long terme.

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