L’Argentine sort enfin de la récession : le pari risqué de Milei commence-t-il à payer ?

Les mesures drastiques du président libertarien Javier Milei portent leurs premiers fruits : l'économie argentine enregistre une croissance historique de 3,9% au troisième trimestre 2024. Une victoire politique pour ce dirigeant controversé, mais à quel prix social ?

L'Argentine sort de la récession

Résumé :

  • L’économie argentine renoue avec la croissance après plusieurs trimestres de récession profonde
  • La confiance des marchés financiers se matérialise par une chute spectaculaire de la prime de risque
  • Le coût social des réformes se traduit par une explosion du taux de pauvreté à 53% de la population
  • Les analystes prévoient une croissance robuste de 5,2% pour 2025 malgré les défis persistants

L’Argentine tourne enfin la page de sa dernière crise économique. Après une série de trimestres négatifs qui ont plongé le pays dans une profonde récession fin 2023, l’économie argentine montre des signes encourageants de reprise. Les chiffres publiés ce lundi par l’institut national des statistiques confirment une croissance de 3,9% au troisième trimestre 2024, marquant ainsi le premier trimestre positif depuis plus d’un an.

Cette performance, bien qu’encore fragile, vient valider la stratégie économique radicale mise en place par le président Javier Milei depuis son arrivée au pouvoir. Le dirigeant libertarien, qui avait fait campagne sur la promesse de réformes structurelles profondes, peut désormais présenter des résultats tangibles malgré le coût social considérable de sa politique.

Les premiers signes d’une reprise économique tant attendue

Le rebond de l’économie argentine au troisième trimestre 2024 marque un tournant significatif dans la trajectoire du pays. Avec une croissance de 3,9% par rapport au trimestre précédent, l’Argentine affiche sa meilleure performance trimestrielle depuis plusieurs années. Cette reprise est d’autant plus remarquable qu’elle intervient dans un contexte de fortes tensions sociales et de mesures d’austérité drastiques.

Les marchés financiers ont rapidement salué cette amélioration. La prime de risque sur les obligations souveraines argentines a chuté de manière spectaculaire, passant de plus de 2000 points de base lors de l’arrivée au pouvoir de Milei à seulement 677 points.

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L’agriculture et le secteur minier ont joué un rôle moteur dans cette reprise, portés par une forte demande internationale et des conditions climatiques favorables. Les exportations de ces secteurs ont continué leur progression, apportant les devises dont le pays a cruellement besoin. Parallèlement, la consommation intérieure et les investissements en capital ont montré des signes encourageants de reprise, après une période de forte contraction.

Des défis structurels qui persistent

Malgré ces signaux positifs, l’économie argentine reste confrontée à des obstacles majeurs. Le secteur manufacturier et la construction continuent de souffrir, illustrant les difficultés de certains pans de l’économie à s’adapter aux nouvelles orientations politiques. Ces secteurs, traditionnellement grands pourvoyeurs d’emplois, peinent à retrouver leur dynamisme d’avant-crise.

Le maintien des contrôles sur les capitaux et les changes constitue un autre défi de taille. Ces restrictions, bien qu’assouplies, continuent de freiner les investissements étrangers et empêchent la banque centrale de reconstituer ses réserves en devises fortes. Cette situation fragilise la capacité du pays à stabiliser durablement son économie.

Le coût social des réformes se révèle particulièrement lourd. Le taux de pauvreté a bondi de 11 points au premier semestre 2024 pour atteindre 53% de la population, un niveau historiquement élevé. Cette détérioration des conditions de vie d’une majorité d’Argentins pose la question de la soutenabilité sociale du programme de réformes.

Des perspectives encourageantes pour 2025 ?

Les analystes de JPMorgan prévoient une contraction globale de 3% pour l’année 2024, mais anticipent un rebond vigoureux de 5,2% en 2025. Cette projection optimiste repose sur l’hypothèse d’une poursuite des réformes structurelles et d’une stabilisation progressive de l’environnement macroéconomique.

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Toutefois, Sebastian Menescaldi, directeur du cabinet de conseil EcoGo à Buenos Aires, met en garde contre une reprise qui pourrait se révéler inégale. Selon lui, la croissance attendue en 2025 aura des impacts différenciés selon les secteurs et les catégories de travailleurs, risquant d’accentuer les disparités existantes.

Les élections de mi-mandat prévues fin 2025 constitueront un test crucial pour Milei. Sa capacité à transformer cette reprise économique en amélioration tangible du niveau de vie des Argentins sera déterminante pour l’avenir de son programme de réformes, d’autant que son parti, La Libertad Avanza, reste minoritaire au Congrès.

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