Résumé :
- Rainbow Exchange a suspendu tous les retraits pour ses clients argentins pendant 14 jours ouvrables à partir du 7 octobre 2024.
- La plateforme est soupçonnée d’être une vaste escroquerie pyramidale, promettant des rendements quotidiens allant jusqu’à 2%.
- Deux prétendus dirigeants de l’entreprise se sont révélés être des acteurs polonais engagés pour jouer un rôle.
- La ville de San Pedro, comptant 70 000 habitants, est particulièrement touchée avec potentiellement 20 000 investisseurs impliqués.
- Les autorités argentines ont ouvert une enquête sur Rainbow Exchange, malgré l’absence de plaintes officielles des habitants.
Rainbow Exchange : de la promesse à la suspicion
Rainbow Exchange, également connue sous le nom de Knight Consortium, s’était présentée comme une plateforme innovante d’achat et de vente de cryptomonnaies en Argentine. Son succès fulgurant reposait sur une promesse alléchante : des rendements exceptionnels pouvant atteindre jusqu’à 2% de profits quotidiens en dollars. Dans un pays en proie à une inflation galopante, cette offre semblait être une bouée de sauvetage pour de nombreux Argentins en quête de stabilité financière.
Cependant, début octobre 2024, les premiers soupçons ont commencé à émerger sur les réseaux sociaux. Des utilisateurs vigilants ont sonné l’alarme, mettant en doute la viabilité d’un modèle économique offrant des rendements aussi élevés. Maximiliano Firtman, un programmeur, fut l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme sur X (anciennement Twitter), déclarant : « Tout est du vent, mais tout le monde est content et se prend pour un loup de Wall Street ».
Ces avertissements ont rapidement gagné en ampleur, attirant l’attention des médias locaux et, par la suite, des autorités régulatrices argentines. La suspicion grandissante a contraint Rainbow Exchange à réagir, mais sa réponse n’a fait qu’amplifier les doutes.
Une mise en scène élaborée
L’affaire a pris une tournure encore plus spectaculaire lorsque des révélations sur les dirigeants de Rainbow Exchange ont éclaté au grand jour. En septembre 2024, la société avait organisé une conférence grandiose à Buenos Aires, présentant deux hommes comme ses dirigeants. Ces « executives » avaient impressionné l’audience par leur charisme et leur apparente maîtrise du monde crypto.
Pourtant, la vérité s’est avérée bien différente. Des investigations menées par des médias locaux ont révélé que ces prétendus dirigeants n’étaient en réalité que des acteurs polonais, engagés pour jouer un rôle. Cette découverte a jeté une lumière crue sur l’ampleur de la supercherie orchestrée par Rainbow Exchange.
Le fonctionnement présumé de l’escroquerie s’apparente à un système de Ponzi classique, où les dépôts des nouveaux clients servent à rétribuer les investisseurs plus anciens, créant l’illusion de profits substantiels. Tout n’était qu’une vaste simulation d’achat et de vente de cryptomonnaies, sans aucune activité réelle de trading ou d’investissement.
🔴 Rainbow Exchange, une plateforme d’échange de cryptomonnaies, a suspendu les retraits pour ses clients en Argentine pour une période de 14 jours ouvrables. 🇦🇷
— Le Crypto Daily 🧡 (@LeCryptoDaily) October 9, 2024
👉 Cette décision fait suite à des accusations d’escroquerie pyramidale à grande échelle. pic.twitter.com/iOt3N3SmzR
L’impact sur la ville de San Pedro
Si l’affaire Rainbow Exchange touche l’ensemble de l’Argentine, une ville en particulier se retrouve au cœur de la tourmente : San Pedro. Située à 170 kilomètres au nord-est de Buenos Aires, cette localité de 70 000 habitants est devenue l’épicentre du scandale.
Selon les estimations, entre 15 000 et 20 000 habitants de San Pedro auraient investi leurs économies dans la plateforme. C’est près d’un tiers de la population de la ville qui pourrait voir ses espoirs de prospérité financière s’évaporer du jour au lendemain.
L’impact potentiel sur l’économie locale est considérable. Dans une Argentine où plus de la moitié de la population vit déjà sous le seuil de pauvreté, les conséquences de cette arnaque présumée pourraient être catastrophiques. Des familles entières risquent de se retrouver dans une situation financière encore plus précaire, leurs économies étant potentiellement perdues dans ce qui s’annonce comme l’une des plus grandes escroqueries financières de l’histoire récente du pays.
La réaction des autorités et de Rainbow Exchange
Face à l’ampleur du scandale, les autorités argentines ont rapidement réagi. Les régulateurs financiers du pays ont décidé d’intervenir et d’ouvrir une enquête officielle sur les activités de Rainbow Exchange. Bien qu’aucune plainte officielle n’ait été déposée par les habitants de San Pedro, probablement par crainte ou par honte, les autorités judiciaires ont pris l’initiative d’examiner de près les opérations de la plateforme.
De son côté, Rainbow Exchange tente de contrôler les dégâts. Dans un communiqué publié le 9 octobre 2024, la société a justifié la suspension des retraits par la nécessité de « garantir la sécurité des fonds et coopérer pleinement avec l’enquête ». Elle a également pointé du doigt des « informations trompeuses des médias locaux » comme cause de ses difficultés actuelles.
Plus surprenant encore, Rainbow Exchange a fait une promesse pour l’avenir. Dans l’éventualité où elle ne pourrait plus opérer en Argentine, la plateforme s’est engagée à développer un « plan de retrait ordonné ». L’objectif affiché est de permettre aux utilisateurs locaux de récupérer leurs fonds. Cependant, compte tenu des révélations récentes, de nombreux observateurs doutent de la sincérité de ces promesses.