Résumé :
- Berkshire Hathaway investit 549 millions de dollars pour acquérir 3,6% de Domino’s Pizza
- L’action de la chaîne de restauration s’envole de près de 7% suite à cette annonce
- En parallèle, la société de Warren Buffett accumule un montant record de 325,2 milliards de dollars de liquidités
- Une vague de cessions historique : plus de 133 milliards de dollars d’actions vendues en 2024
Dans un contexte économique incertain, où les marchés s’interrogent sur la direction à prendre, le moindre mouvement de Warren Buffett est scruté avec attention. L’annonce de son entrée au capital de Domino’s Pizza, révélée dans un document déposé auprès de la SEC, témoigne d’une vision particulière du marché actuel, où la valeur ne se trouve peut-être plus là où on l’attend.
Un investissement surprise dans la restauration rapide
L’acquisition de 1,28 million d’actions de Domino’s Pizza par Berkshire Hathaway représente un investissement stratégique particulièrement intéressant. Cette prise de participation, évaluée à 549 millions de dollars, a immédiatement provoqué une réaction enthousiaste des marchés, l’action grimpant de 6,9% dans les échanges après-bourse, suivie d’une nouvelle hausse de 2% en début de séance le lendemain.
Ce choix s’inscrit dans une logique de marché bien précise. En effet, Domino’s Pizza a récemment multiplié les promotions pour attirer une clientèle de plus en plus sensible aux prix. La chaîne profite d’une tendance de fond : les consommateurs délaissent progressivement les restaurants traditionnels au profit de la restauration rapide haut de gamme et des services de livraison à domicile.
Une stratégie de portefeuille en plein mutation
Cet investissement dans Domino’s ne constitue pas un cas isolé. Berkshire Hathaway a également pris position dans Pool Corp, un distributeur de fournitures pour piscines, à hauteur de 152 millions de dollars. Cette société, qui a vu son action bondir de 5,7% après l’annonce, bénéficie d’une demande soutenue pour l’entretien des piscines existantes, compensant ainsi le ralentissement dans la construction de nouvelles installations.
Parallèlement, Warren Buffett procède à des cessions massives. La participation dans Apple, fleuron du portefeuille de Berkshire, est passée de 178 milliards de dollars en 2023 à 69,9 milliards fin septembre 2024. Le désengagement touche également Bank of America, où la participation est désormais inférieure à 10%, une opération qui a rapporté environ 10,5 milliards de dollars.
Cette restructuration massive du portefeuille a conduit à une situation inédite : Berkshire Hathaway dispose désormais d’une montagne de liquidités atteignant 325,2 milliards de dollars, un niveau historique. Sur la seule année 2024, la société a vendu pour 133,2 milliards de dollars d’actions, principalement issues des secteurs technologique et bancaire, tandis que les achats se limitent à 5,8 milliards.
Derrière les mouvements de l’oracle d’omaha
Pour comprendre ces mouvements, il faut les replacer dans un contexte plus large. Warren Buffett, déjà fortement positionné dans la consommation courante avec 29 milliards de dollars d’actions Coca-Cola, semble percevoir de nouvelles opportunités dans le secteur de la consommation discrétionnaire.
John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud, offre une analyse éclairante : « Warren Buffett, connu pour son intérêt à n’investir que dans des opportunités à faible risque et à fort potentiel, semble miser sur l’accumulation de liquidités dans un marché qu’il perçoit comme surévalué. » Cette vision est corroborée par les propres paroles de Buffett, qui déclarait : « Nous adorerions utiliser ces liquidités mais nous ne le ferons pas jusqu’à ce que nous pensions que nous pouvons faire quelque chose qui présente peu de risque et peut nous rapporter beaucoup d’argent. »
