Patrick Drahi joue avec ses créanciers en mettant le réseau fibre de SFR hors de leur portée

Le magnat des télécoms et patron d’Altice lance un nouveau coup de poker dans les négociations sur la dette colossale de SFR. Dans une manœuvre, il séquestre le réseau fibre de l'opérateur alors que les discussions sur la restructuration des 20 milliards d'euros de dette sont au point mort. En contrepartie, il pourrait céder jusqu'à un quart du capital de SFR.

Négociation Drahi SFR Fibre
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Résumé :

  • Patrick Drahi place le réseau fibre de SFR dans une fiducie, le protégeant des créanciers
  • Les négociations sur la restructuration de 20 milliards d’euros de dette sont suspendues
  • Le milliardaire propose de verser 2,6 milliards d’euros et d’offrir jusqu’à 25% du capital de SFR
  • L’enjeu du taux d’intérêt représente 150 millions d’euros par an pour l’opérateur

Le nouveau coup de poker de Patrick Drahi

Dans un mouvement stratégique qui n’a pas manqué de faire réagir, Patrick Drahi a choisi de transférer le réseau fibre de SFR dans une fiducie, un mécanisme juridique proche du trust anglo-saxon. Cette manœuvre audacieuse n’est pas sans rappeler une précédente opération menée au printemps, lorsque le milliardaire avait déjà mis hors de portée des créanciers 3,8 milliards d’euros provenant des ventes de BFM, La Poste Mobile et des data centers.

« On ne va pas accepter qu’il vide SFR de son plus bel actif et qu’il devienne un MVNO! », s’est insurgé un proche des créanciers, bien que l’opérateur conserve encore son réseau mobile et ses fréquences. Une réaction qui témoigne de la tension croissante dans les négociations.

Les enjeux financiers de la restructuration

La proposition actuelle de Drahi représente un package complexe : il s’engage à verser 2,6 milliards d’euros pour rembourser partiellement ses créanciers, qui en contrepartie devraient effacer un tiers de leurs créances tout en refinançant l’opérateur à hauteur de 13,7 à 14,4 milliards d’euros. Le point d’achoppement principal réside dans le taux d’intérêt de cette nouvelle dette : Drahi souhaite obtenir 6,5%, soit un point de moins que la proposition des créanciers.

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Cette différence est loin d’être anodine : elle représente un enjeu financier de 150 millions d’euros par an, un montant particulièrement significatif alors que les marges de SFR ont déjà reculé de 75 millions d’euros sur le seul deuxième trimestre. Face à ces contraintes, la négociation sur la participation au capital prend une dimension cruciale : alors que Drahi propose initialement 18%, les créanciers réclament 34%. Un compromis autour de 25% semble se dessiner.

Les perspectives

L’attention se tourne maintenant vers la publication des résultats du troisième trimestre de SFR, prévue ce mercredi. Ces chiffres pourraient s’avérer déterminants pour la reprise des négociations. Les créanciers, potentiels futurs actionnaires, visent une participation importante au capital pour deux raisons principales : bénéficier des futures remontées de trésorerie et prendre part à la valorisation attendue lors de la vente du réseau fibre.

La situation financière de SFR reste préoccupante, comme en témoigne la baisse significative des marges au deuxième trimestre. Cette tendance met en lumière l’urgence d’un accord sur la restructuration de la dette, tout en soulignant les défis opérationnels auxquels l’opérateur fait face dans un marché des télécoms toujours plus concurrentiel.

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