Patrick Drahi vend ses parts : voici comment il tente d’échapper à sa dette de 60 milliards d’euros

Altice Group Patrick Drahi dans la toumente
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Patrick Drahi, le magnat des télécoms, se débarrasse de sa part dans BT Group. Ce geste désespéré suffira-t-il à sauver son empire Altice de l’effondrement ? Plongée au cœur d’une crise financière qui pourrait redessiner le paysage des télécommunications européennes.

Résumé :

  • Altice vend sa participation de 24,5% dans BT Group à Bharti Global
  • La dette colossale d’Altice s’élève à 60 milliards d’euros
  • Patrick Drahi multiplie les cessions d’actifs pour tenter de désendetter son groupe
  • Les créanciers menacent de prendre le contrôle d’Altice France
  • L’avenir du groupe reste incertain malgré ces efforts de désendettement

Le monde des télécommunications est en ébullition. Patrick Drahi, le milliardaire franco-israélien à la tête du groupe Altice, vient de prendre une décision qui ébranle le secteur : la vente de sa participation de 24,5% dans le géant britannique BT Group. Cette annonce a provoqué une onde de choc, faisant bondir les actions de BT de 8,5% à la Bourse de Londres.

Mais derrière ce mouvement stratégique se cache une réalité bien plus sombre. Altice, l’empire bâti par Drahi, croule sous une dette pharaonique de 60 milliards d’euros. Cette vente n’est qu’un des nombreux efforts désespérés du magnat pour sauver son groupe de l’effondrement. Plongeons dans les coulisses de cette bataille financière qui pourrait bien remodeler le paysage des télécoms en Europe.

L’empire Altice au bord du gouffre

L’empire Altice, construit par Patrick Drahi à coups d’acquisitions audacieuses, se trouve aujourd’hui dans une situation financière périlleuse. La dette colossale du groupe, qui s’élève à 60 milliards d’euros, est devenue un fardeau insoutenable. Pour mettre cette somme en perspective, elle équivaut au PIB d’un pays comme la Croatie ou le Luxembourg.

Altice France, la branche hexagonale du groupe, porte à elle seule une dette de 24 milliards d’euros. Cette situation alarmante est le résultat d’une stratégie d’expansion agressive menée par Drahi, qui a misé sur l’emprunt pour financer ses nombreuses acquisitions dans le secteur des télécoms et des médias.

Le véritable cauchemar pour Altice réside dans les échéances de remboursement à venir. Le groupe fait face à un véritable mur de la dette, avec des montants qui augmentent de manière vertigineuse au fil des ans :

  • 2025 : 1,65 milliard d’euros à rembourser
  • 2026 : 1,33 milliard d’euros
  • 2027 : 5,49 milliards d’euros
  • 2028 : 9,4 milliards d’euros
  • 2029 : 6,3 milliards d’euros
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Ces chiffres donnent le vertige et mettent en lumière l’urgence de la situation. Altice se trouve dans une course contre la montre pour générer suffisamment de liquidités afin d’honorer ces engagements colossaux.

La stratégie de désendettement de Patrick Drahi

Face à cette situation critique, Patrick Drahi a dû se résoudre à vendre sa participation de 24,5% dans BT Group à Bharti Global, le conglomérat indien dirigé par le milliardaire Sunil Bharti Mittal. L’achat se fera en deux parties, un premier achat de 9,99% puis 14,5% après une approbation réglementaire. Bien que le montant exact de la transaction n’ait pas été divulgué, les analystes estiment que la participation de 9% vaudrait environ 980 millions de livres sterling, soit près de 1,15 milliards d’euros.

Sunil Bharti Mittal

Cette vente représente un revirement spectaculaire pour Drahi, qui avait augmenté sa participation dans BT à 24,5% en mai 2023, faisant de lui le plus gros actionnaire du groupe britannique. Ce sacrifice illustre l’ampleur de la crise à laquelle Altice fait face et la nécessité pour Drahi de générer rapidement des liquidités.

La vente de BT n’est que la partie émergée de l’iceberg. Patrick Drahi a multiplié les cessions d’actifs ces derniers mois dans une tentative frénétique de réduire la dette d’Altice :

  • Vente d’Altice Média (incluant RMC et BFM TV) à l’homme d’affaires Rodolphe Saadé pour 1,55 milliard d’euros
  • Cession de Teads, plateforme de publicité vidéo, à la société israélienne Outbrain pour 1 milliard de dollars
  • Ouverture du capital de la maison de ventes aux enchères Sotheby’s au fonds souverain d’Abu Dhabi

Ces opérations témoignent de la volonté de Drahi de se séparer d’actifs, même stratégiques, pour tenter de sauver son groupe.

Malgré ces efforts, des doutes persistent quant à l’utilisation réelle des fonds générés par ces ventes. Certains observateurs craignent que l’argent ne soit pas entièrement consacré au désendettement du groupe. Patrick Drahi a par le passé placé certaines acquisitions dans des holdings séparées, les mettant hors de portée des créanciers.

Cette pratique a suscité la méfiance des investisseurs et des créanciers, qui s’interrogent sur la sincérité de la démarche de désendettement d’Altice. La transparence dans l’utilisation des fonds issus de ces cessions sera cruciale pour restaurer la confiance des marchés.

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Les conséquences pour Altice et son avenir

La situation financière précaire d’Altice n’a pas échappé à ses créanciers. Ces derniers, inquiets de la capacité du groupe à honorer ses dettes, ont commencé à montrer les dents. Ils ont menacé de prendre le contrôle d’Altice France en échange de la dette, une perspective qui ferait perdre à Patrick Drahi le contrôle de son empire.

Le magnat des télécoms se trouve dans une course contre la montre pour rassurer ses créanciers et éviter une prise de contrôle hostile de son groupe.

Comme si la situation financière n’était pas suffisamment complexe, Altice fait également face à des allégations de corruption et une enquête criminelle au Portugal. Ces investigations ajoutent une couche supplémentaire d’incertitude sur l’avenir du groupe.

Les implications de ces enquêtes pourraient être considérables, non seulement en termes d’image mais aussi financièrement. D’éventuelles amendes ou sanctions viendraient s’ajouter au fardeau déjà lourd de la dette, compliquant encore davantage les efforts de redressement d’Altice.

Face à ces défis multiples, l’avenir d’Altice reste incertain. Les efforts de désendettement de Patrick Drahi, bien que considérables, pourraient ne pas suffire à sortir le groupe de l’ornière. Plusieurs scénarios sont envisageables :

  • Un désendettement réussi, permettant au groupe de retrouver une santé financière
  • Une restructuration majeure, impliquant potentiellement la vente d’actifs stratégiques supplémentaires
  • Une prise de contrôle par les créanciers, changeant radicalement la gouvernance du groupe
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