Résumé :
- L‘État français négocie l’acquisition des supercalculateurs d’Atos pour un montant compris entre 500 et 625 millions d’euros
- Les activités de cybersécurité et les systèmes critiques seront vendus séparément à des acteurs privés
- L’annonce provoque une explosion du cours de bourse d’Atos qui bondit de plus de 100%
- Des géants industriels comme Thales et Dassault sont pressentis pour racheter les actifs restants
Après des mois de négociations tendues sur la valorisation de ses activités sensibles, le groupe informatique français a finalement tranché : seuls les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire passeront sous le contrôle direct de l’État. Cette décision marque un tournant décisif dans la restructuration d’un des fleurons technologiques français.
Une transaction stratégique pour la France
L’accord annoncé ce lundi matin entre Atos et l’État français porte exclusivement sur l’activité Advanced Computing, une division cruciale employant 2.500 personnes et générant 570 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les négociations exclusives fixent une valorisation comprise entre 500 et 625 millions d’euros, un montant considéré comme avantageux par les observateurs du marché. Cette valorisation dépasse en effet le montant implicite de la première offre non liante de l’État qui proposait 700 millions d’euros pour l’ensemble des actifs sensibles.
L’Agence des participations de l’État dispose maintenant jusqu’au 31 mai prochain pour concrétiser cet accord. Une phase d’audit approfondie déterminera si un complément de prix permettra d’atteindre la valorisation maximale envisagée.
Course aux enchères pour les actifs restants
La grande surprise de cette opération réside dans la mise aux enchères des activités restantes. Mission Critical Systems (MCS) et la division cybersécurité seront vendues séparément à des groupes privés français. L’État garde néanmoins un droit de regard sur ces cessions grâce à une action de préférence lui permettant d’agréer les futurs acquéreurs.
Parmi les candidats potentiels, Thales se positionne clairement sur MCS, manifestant un intérêt pour un périmètre représentant 200 à 300 millions d’euros de chiffre d’affaires. Malgré sa récente acquisition d’Imperva pour 3,6 milliards d’euros, le groupe de défense reste à l’affût. La force montante du secteur, ChapsVision, s’est également déclarée intéressée, tandis que Dassault pourrait aussi entrer dans la danse.
Implications pour l’avenir d’Atos
Cette restructuration apparaît comme une bouffée d’oxygène pour Atos. La cession des supercalculateurs, qui nécessitaient des investissements constants et présentaient peu de synergies avec le reste du groupe, améliore significativement le profil de risque de l’entreprise. La réaction du marché ne s’y est pas trompée, avec un bond de plus de 100% du cours de bourse suite à l’annonce.
Atos en hausse de 162%https://t.co/vDLiKxg8Jx pic.twitter.com/OtlpsUQFvO
— Boursorama (@Boursorama) November 25, 2024
MCS, qui a généré 340 millions d’euros de revenus l’année dernière, pourrait également apporter une contribution significative aux liquidités du groupe lors de sa cession. Le ministère des Armées a d’ailleurs récemment illustré la nécessité de cette restructuration en choisissant un tandem concurrent, Orange et HP, pour son nouveau supercalculateur IA.