Atos en chute libre : Le géant français de l’informatique revoit ses ambitions à la baisse

Le fleuron technologique français Atos sombre dans la tourmente financière. Pertes astronomiques, révisions drastiques et plan de sauvetage d'urgence : l'empire numérique vacille sur ses fondations. Plongez au cœur du séisme qui ébranle l'un des piliers de la French Tech.

Atos en chute libre !
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Résumé :

  • Atos révise ses prévisions financières 2024-2027 à la baisse
  • Perte nette de 1,9 milliard d’euros au premier semestre 2024
  • Plan de restructuration de 1,75 milliard d’euros en cours
  • Intervention de l’État français avec une offre de 700 millions d’euros
  • Accord avec créanciers et banques pour une réduction de dette de 3 milliards d’euros

Un premier semestre 2024 catastrophique pour Atos

Le bilan du premier semestre 2024 d’Atos ressemble à un véritable carnage financier. Le groupe a essuyé une perte nette vertigineuse de 1,9 milliard d’euros, un chiffre qui donne le vertige même aux observateurs les plus aguerris. Cette hémorragie financière s’accompagne d’une chute du chiffre d’affaires global, qui a dégringolé de 10% pour s’établir à 4,96 milliards d’euros.

La débâcle n’épargne aucun des pôles d’activité d’Atos. Eviden, la branche dédiée à la cybersécurité, au numérique et au big data, a vu ses revenus fondre de 7,9%, atteignant péniblement les 2,4 milliards d’euros. Tech Foundations, l’unité spécialisée dans l’infogérance, n’est pas en reste avec une chute de 11,8% de son chiffre d’affaires, le ramenant à 2,6 milliards d’euros.

Plusieurs facteurs expliquent ce plongeon spectaculaire. En premier lieu, Atos a dû procéder à d’importantes dépréciations d’actifs, signe d’une perte de valeur significative de certaines de ses activités. Par ailleurs, la fin de contrats majeurs dans la région Amériques a porté un coup dur au portefeuille clients du groupe.

La conjoncture économique globale, marquée par l’inflation et les incertitudes géopolitiques, n’a certainement pas aidé. Mais c’est surtout la transformation digitale accélérée post-pandémie qui semble avoir pris Atos de court. Le groupe n’a pas su s’adapter assez rapidement aux nouvelles demandes du marché, perdant du terrain face à des concurrents plus agiles.

Les révisions à la baisse des projections 2024-2027

Face à ces résultats alarmants, Atos n’a eu d’autre choix que de revoir ses ambitions à la baisse. Pour 2024, le groupe table désormais sur un chiffre d’affaires de 9,7 milliards d’euros, en recul par rapport aux 9,8 milliards initialement prévus en avril. Cette projection représente une baisse de 4% par rapport à 2023, un aveu d’impuissance face aux défis qui s’accumulent.

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Au-delà du chiffre d’affaires, c’est l’ensemble des indicateurs financiers qui sont revus à la baisse. Les charges d’intérêts en numéraire, la génération de trésorerie et le levier de financement sont tous attendus à des niveaux inférieurs aux prévisions initiales. Si Atos maintient son objectif d’une génération de trésorerie positive en 2026, le groupe admet que celle-ci sera « plus faible que prévu initialement ».

Ces révisions à la baisse ne sont pas sans conséquence sur la stratégie d’Atos. Le groupe se trouve contraint de repenser en profondeur son modèle économique et ses priorités d’investissement. La marge de manœuvre pour l’innovation et le développement de nouvelles offres se trouve considérablement réduite.

Par ailleurs, ces projections en berne risquent d’affecter la confiance des investisseurs et des partenaires d’Atos. Le cours de l’action, qui cédait déjà 3,15% à 79 centimes le 2 septembre 2024, pourrait connaître de nouvelles turbulences, compliquant davantage les efforts de redressement du groupe.

Le plan de sauvetage : une course contre la montre

Face à l’urgence de la situation, Atos a dû se résoudre à entrer en procédure de sauvegarde accélérée en juillet 2024. Cette mesure juridique, véritable bouée de sauvetage pour les entreprises en difficulté, doit permettre au groupe de restructurer sa dette tout en poursuivant son activité.

Le calendrier est serré : une audience devant le tribunal est prévue le 15 octobre pour l’approbation du plan de sauvegarde. Ce délai laisse peu de temps à Atos pour convaincre l’ensemble de ses créanciers et parties prenantes de la viabilité de son plan de redressement.

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Au cœur de ce plan de sauvetage se trouve un accord crucial avec les créanciers et les banques. Cet arrangement prévoit une augmentation de capital de 233 millions d’euros, une bouffée d’oxygène indispensable pour Atos. Mais le point le plus spectaculaire reste la réduction de la dette d’environ 3 milliards d’euros, un allègement considérable du fardeau financier qui pesait sur les épaules du groupe.

Cet accord, obtenu après le retrait fin juin du consortium mené par Onepoint, premier actionnaire d’Atos, témoigne de la gravité de la situation. Il implique une « dilution massive des actionnaires actuels d’Atos« , un sacrifice nécessaire pour assurer la survie de l’entreprise.

Dans ce contexte de crise, l’État français a décidé de jouer un rôle actif dans le sauvetage d’Atos. Mi-juin, une offre de 700 millions d’euros a été mise sur la table pour racheter les activités jugées stratégiques et sensibles du groupe. Cette proposition concerne notamment les supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire française, les contrats avec l’armée française et certains produits de cybersécurité.

Au-delà de cette offre, l’État a également octroyé un prêt de 50 millions d’euros à Atos et acquis une « action de préférence » lui donnant un droit de veto sur certaines opérations au niveau de Bull, la filiale spécialisée dans les supercalculateurs. Cette intervention témoigne de l’importance stratégique d’Atos pour la souveraineté numérique française.

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