Résumé :
- Le marché du recyclage des avions devrait tripler d’ici 2043
- 18.460 avions seront mis à la retraite dans les 20 prochaines années
- Le marché des services aéronautiques doublera pour atteindre 290 milliards en 2043
- Airbus et Boeing misent de plus en plus sur les services après-vente
- Le recyclage pourrait devenir une nouvelle source de profits majeure pour les avionneurs
Le boom annoncé du marché des services aéronautiques
L’avenir de l’aéronautique ne se joue plus seulement dans les airs, mais aussi sur terre. Le marché mondial des services aéronautiques, estimé à 150 milliards de dollars en 2024, s’apprête à prendre son envol. Les projections sont vertigineuses : d’ici 2043, ce marché devrait plus que doubler de taille pour atteindre 290 milliards de dollars. Une croissance fulgurante qui équivaut au marché mondial actuel des avions de ligne.
Au cœur de cette expansion, la maintenance des appareils reste le pilier incontournable. Représentant un marché de 126 milliards de dollars, elle affiche une croissance annuelle moyenne de 3,5%. Cependant, c’est une autre activité qui pourrait bien voler la vedette dans les années à venir : le recyclage des avions.
Le recyclage des avions : un marché en pleine expansion
L’industrie aéronautique s’apprête à faire face à un défi de taille : la mise à la retraite de pas moins de 18.460 avions d’ancienne génération au cours des deux prochaines décennies. Ce qui pourrait sembler être un casse-tête logistique et environnemental se révèle être une opportunité en or pour les acteurs du secteur.
Le recyclage des avions n’est pas une mince affaire, mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : jusqu’à 90% du poids d’un avion peut être recyclé. Et ce ne sont pas de simples canettes de soda qui en résultent. De nombreuses pièces et éléments de grande valeur peuvent être récupérés, reconditionnés et réutilisés. C’est particulièrement vrai pour les appareils encore en état de voler, comme les premiers Airbus A380 mis à la retraite.
#DidYouKnow that 95% of a used aero engine can now be recycled and around half of the material we recover is suitable for making a new engine? Our global Revert programme recovers, recycles and reuses waste material around the world pic.twitter.com/CPMzNWe4uf
— Rolls-Royce (@RollsRoyce) March 19, 2018
Le potentiel économique est colossal. Selon les estimations d’Airbus, le marché de la pièce aéronautique d’occasion pourrait représenter 52 milliards de dollars sur les vingt prochaines années. Une manne que le constructeur européen entend bien exploiter.
Airbus n’a pas attendu pour se positionner sur ce marché prometteur. Sa filiale Tarmac Aerosave, créée en 2007 en partenariat avec Safran et le groupe Suez, s’est déjà imposée comme l’un des leaders du recyclage aéronautique. Avec deux sites en France (Tarbes et Toulouse-Francazal), un en Espagne (Teruel) et bientôt un en Chine (Chengdu), Tarmac Aerosave dispose d’un réseau stratégique pour capter ce marché en pleine croissance.
Bien évidemment lorsque l’on parle ici de recyclage, on parle principalement de reconditionnement de pièces pour les intégrer dans de futurs modèles et non de construction de meuble design à base de hublots, ce qui a déjà été proposé il y a quelques années par Airbus…
L’impact sur les modèles économiques des avionneurs
Cette évolution du marché ne se contente pas de créer de nouvelles opportunités, elle redessine en profondeur le modèle économique des géants de l’aéronautique. Les activités de services, qui englobent la maintenance, la formation ou encore la modernisation et la mise à niveau, deviennent progressivement le cœur battant de l’industrie.
Chez Boeing, le virage est déjà amorcé. En 2023, la division services était la seule à dégager des bénéfices, avec 3,3 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 19,12 milliards. Du côté d’Airbus, si les services restent intégrés à la branche aviation commerciale, leur poids est tout aussi considérable. Avec un chiffre d’affaires de 11,35 milliards d’euros en 2023, les services rapportent déjà plus que la division hélicoptères (7,33 milliards d’euros) et talonnent la branche « défense & spatial » (11,49 milliards d’euros).
Cette montée en puissance des services pourrait bien annoncer un changement de paradigme dans l’industrie. Certains experts envisagent déjà un futur où les compagnies aériennes n’achèteraient plus des avions, mais des heures de vol garanties. Un modèle déjà adopté par les fabricants de moteurs d’avions, qui n’hésitent pas à vendre leurs turbines à prix coûtant, misant sur les retours réguliers à l’atelier pour générer leurs bénéfices.