Résumé :
- Goldman Sachs et Bank of America pilotent les négociations pour structurer cette alliance majeure, marquant l’entrée dans une phase décisive
- La future entité s’inspirera du modèle MBDA, garantissant l’autonomie stratégique de chaque partenaire
- Airbus provisionne 1,6 milliard d’euros pour 2023-2024, anticipant les coûts de restructuration
- Le plan social touchera plus de 3000 postes répartis entre Toulouse, Elancourt et les sites italiens
Goldman Sachs et Bank of America orchestrent la fusion secrète des géants Airbus, Thales et Leonardo pour créer le plus grand groupe spatial européen. Objectif : riposter face à la domination de SpaceX avec un projet titanesque de 5 milliards d’euros. Une restructuration massive est en cours, touchant plus de 3000 emplois. Les négociations, menées dans la plus grande discrétion depuis un an, entrent dans leur phase finale.
L’industrie spatiale européenne s’apprête à vivre un bouleversement sans précédent depuis la création d’Arianespace. Les dirigeants d’Airbus, Thales et Leonardo ont franchi un cap décisif en confiant à Goldman Sachs et Bank of America la mission de structurer leur rapprochement. Cette initiative, mûrie depuis plus d’un an, marque l’aboutissement de négociations secrètes entre Guillaume Faury et Roberto Cingolani, respectivement directeurs généraux d’Airbus et de Leonardo, rejoints par les équipes de Thales.
En effet, le projet « Bromo », dont le nom de code rappelle le célèbre volcan indonésien, symbolise l’ambition européenne de créer une force de frappe industrielle capable de rivaliser avec les géants américains. Les premières discussions techniques, menées dans la plus grande discrétion, ont ainsi permis de dessiner les contours d’une structure inspirée de MBDA, le missilier européen qui génère aujourd’hui plus de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel. Une telle organisation permettrait de préserver les intérêts stratégiques nationaux tout en créant une force industrielle unifiée.
Les champions européens fusionnent leur puissance spatiale face à SpaceX
Avec ses 90 lancements réussis en 2023 et ses coûts de production divisés par trois, SpaceX a forcé l’industrie spatiale mondiale à se réinventer. Avec plus de 90 lancements réussis en 2023 et des coûts divisés par trois en dix ans, la société d’Elon Musk a contraint les acteurs européens à repenser leur modèle. À ce titre, la constellation Starlink, qui compte désormais plus de 5000 satellites en orbite, démontre la capacité des acteurs privés à déployer rapidement des infrastructures spatiales massives.
Pour contrer cette avancée technologique, Airbus, Thales et Leonardo ont identifié leurs complémentarités. Les satellites d’observation Pléiades Neo d’Airbus s’associeraient aux capacités de télécommunications de Syracuse IV de Thales, tandis que les systèmes de propulsion et la robotique spatiale de Leonardo complèteraient l’arsenal technologique. Ainsi, cette synergie industrielle permettrait de réduire les coûts de développement de 30% selon les premières estimations des banques conseils, tout en accélérant les cycles de production.
Restructuration massive : le prix de l’ambition spatiale européenne
Les chiffres dévoilés par le cabinet Syndex révèlent l’ampleur des difficultés du secteur spatial européen. Airbus, leader historique, accuse une chute de 500 millions d’euros de son chiffre d’affaires spatial entre 2019 et 2023, pour atteindre 2,3 milliards d’euros. De ce fait, le groupe a provisionné 1,6 milliard d’euros pour 2023-2024, un montant destiné à couvrir la restructuration de ses sites de Toulouse et d’Elancourt. Sur les 2.043 suppressions de postes prévues, 1.128 concernent directement la division spatiale, touchant particulièrement les équipes d’ingénierie et de production.
Par ailleurs, Thales maintient un chiffre d’affaires spatial d’environ 2 milliards d’euros, mais sa filiale Thales Alenia Space traverse une période critique. Le plan de restructuration prévoit 1.200 suppressions de postes, principalement dans les activités de télécommunications par satellite. Dans le même temps, Telespazio, la joint-venture avec Leonardo, affiche des ambitions de croissance audacieuses. Son objectif : faire bondir ses revenus de 700 millions à 1 milliard d’euros grâce au développement de nouveaux services de surveillance terrestre et maritime. Les analystes de Bank of America estiment qu’en conséquence, la fusion permettrait de réduire les coûts opérationnels de 15% dès la première année.
Le casse-tête technologique de la fusion spatiale européenne
Les discussions entre les trois groupes dépassent largement le cadre financier. À cet égard, les équipes de Goldman Sachs travaillent sur un montage complexe qui doit satisfaire les autorités de la concurrence de quatre pays, tout en préservant les technologies classées « secret défense ». Par conséquent, le projet prévoit la création de trois pôles d’excellence : les satellites d’observation à Toulouse, les communications sécurisées à Rome, et les systèmes de navigation à Munich. Une telle répartition géographique, calquée sur le modèle MBDA, vise à maintenir les compétences stratégiques dans chaque pays.
De plus, la future entité devra harmoniser des cultures technologiques différentes. Les satellites Pléiades Neo d’Airbus utilisent une architecture numérique distincte de celle des Syracuse de Thales. En outre, les systèmes de propulsion de Leonardo répondent à des normes italiennes spécifiques. Les équipes techniques estiment donc à 36 mois le temps nécessaire pour unifier les plateformes technologiques, un délai jugé « ambitieux mais réaliste » par Roberto Cingolani. Le budget alloué à cette transformation numérique s’élèverait ainsi à 800 millions d’euros sur cinq ans.
Comment Goldman Sachs orchestre la fusion spatiale du siècle
Les négociations s’intensifient depuis six mois, rythmées par des réunions hebdomadaires entre les équipes dirigeantes. À ce sujet, Roberto Cingolani a dévoilé avoir rencontré Guillaume Faury à sept reprises depuis septembre 2023. Dès lors, les discussions portent sur des points précis : la valorisation des brevets spatiaux (plus de 3.400 pour les trois groupes), la répartition des droits de vote au conseil d’administration, et la gouvernance des programmes classés. Bank of America a donc mobilisé une équipe de 40 analystes pour évaluer les actifs technologiques.
À ce jour, les banques conseils examinent trois scénarios de rapprochement. Le premier, une alliance commerciale simple, a été écarté car jugé insuffisant face à SpaceX. Le deuxième, une fusion totale, se heurte aux réticences des états-majors militaires. Le troisième scénario, inspiré de MBDA, fait l’unanimité. Une organisation de cette nature prévoit une holding commune détenue à parts égales par les trois groupes, chapeautant des filiales nationales autonomes. Par conséquent, cette structure permettrait de conserver les contrats militaires existants tout en mutualisant la R&D civile. Le chiffre d’affaires combiné atteindrait donc 5 milliards d’euros, plaçant le nouvel ensemble au troisième rang mondial derrière SpaceX et Boeing.
L’alliance spatiale européenne « Bromo« représente bien plus qu’une simple fusion industrielle. En effet, ce rapprochement entre Airbus, Thales et Leonardo pourrait donner naissance au premier groupe spatial européen intégré, doté d’une force de frappe de 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et d’un arsenal technologique complet. Si le modèle MBDA a prouvé qu’une telle structure pouvait fonctionner dans le secteur des missiles, le défi spatial s’annonce plus complexe face à la rapidité d’innovation de SpaceX.
Par conséquent, la réussite de ce projet dépendra de la capacité des trois groupes à surmonter leurs rivalités historiques et à créer une dynamique d’innovation commune. Les 36 mois de transition technologique et les 800 millions d’euros d’investissements prévus témoignent ainsi de l’ampleur du chantier. Mais l’Europe spatiale n’a plus le choix : face à la révolution SpaceX et à l’émergence de nouveaux acteurs chinois, seule une consolidation majeure permettra de maintenir sa place dans la course spatiale du XXIe siècle.