Une menace financière saoudienne ébranle le G7 et révèle les tensions géopolitiques mondiales. Découvrez comment le royaume a forcé les plus grandes puissances économiques à reculer sur la question des actifs russes gelés, et quelles en sont les conséquences pour l’ordre mondial.
Résumé :
- L’Arabie saoudite a menacé de vendre sa dette européenne si le G7 saisissait les actifs russes gelés
- Cette menace a influencé la décision du G7 de n’utiliser que les bénéfices des actifs russes gelés
- L’action saoudienne souligne son influence diplomatique croissante et les défis du G7 face au « Sud global »
- La position de l’Arabie saoudite entre la Russie et l’Ukraine reste ambiguë
Dans le monde feutré de la diplomatie internationale, rares sont les moments où une menace financière fait trembler les plus grandes puissances économiques mondiales. C’est pourtant ce qui s’est produit début 2024, lorsque l’Arabie saoudite a discrètement averti le G7 qu’elle pourrait vendre une partie de ses avoirs en dette européenne si le groupe décidait de saisir près de 300 milliards de dollars d’actifs russes gelés.
Cette révélation, qui a secoué les cercles financiers et diplomatiques, met en lumière les tensions croissantes entre les puissances occidentales et les pays émergents du « Sud global ». Elle soulève également des questions cruciales sur l’évolution de l’ordre mondial et le rôle grandissant de l’Arabie saoudite sur la scène internationale.
La menace saoudienne : un coup de théâtre diplomatique
Le ministère des Finances saoudien a fait passer son message de manière discrète mais ferme auprès de certains homologues du G7. La menace visait particulièrement la dette émise par le Trésor français, un choix stratégique qui n’a pas manqué de faire réagir les chancelleries européennes. Cette démarche inhabituelle s’est produite alors que le G7 explorait différentes options concernant les fonds de la banque centrale russe gelés depuis l’invasion de l’Ukraine.
🚨 ALERTE 🚨
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) July 9, 2024
🇸🇦L'Arabie saoudite a menacé de vendre massivement des milliards de dette UE si les 300 milliards d'actifs russes sont saisis par le G7
Les avoirs du royaume en obligations françaises et en euros pourraient s'élever à des dizaines de milliards d'euros. pic.twitter.com/gyh2I1xI5N
L’impact potentiel de cette menace ne doit pas être sous-estimé. Les avoirs saoudiens en obligations européennes et françaises pourraient s’élever à des dizaines de milliards d’euros. Bien que ce montant puisse sembler modeste à l’échelle des marchés obligataires européens, les responsables du Vieux Continent craignent un effet domino, avec d’autres pays susceptibles de suivre l’exemple de l’Arabie saoudite.
Les répercussions sur la décision du G7
Face à cette pression inattendue, le G7 a dû revoir sa copie. Après des mois de discussions tendues, les leaders du groupe ont finalement opté pour une solution de compromis lors d’un sommet en Italie en juin. Ils ont convenu d’une structure financière qui fournira à l’Ukraine environ 50 milliards de dollars d’aide nouvelle, en utilisant uniquement les bénéfices générés par les actifs russes gelés, sans toucher au principal.
La position de l’Arabie saoudite a considérablement influencé la réticence de certains pays européens, en particulier ceux de la zone euro. La menace saoudienne n’a fait que renforcer leurs inquiétudes, les poussant à privilégier une approche plus prudente.
L’Arabie saoudite : un acteur géopolitique de plus en plus influent
L’épisode met en lumière la position complexe et ambiguë de l’Arabie saoudite dans le conflit russo-ukrainien. D’un côté, le royaume maintient des relations étroites avec la Russie, notamment au sein de l’OPEP+. De l’autre, il a également établi des liens avec l’Ukraine, comme en témoigne la visite du président Zelenskiy à Riyad le mois dernier pour rencontrer le prince héritier Mohammed bin Salman.Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large de l’Arabie saoudite visant à s’affirmer comme une puissance diplomatique de premier plan. Sous la houlette du prince Mohammed, le royaume cherche à diversifier son influence au-delà du secteur pétrolier. Riyad a même exprimé son désir de jouer un rôle de médiateur entre Kiev et Moscou.