Résumé :
- Le dollar, roi incontesté depuis l’après-guerre, voit son trône vaciller face à l’offensive des BRICS.
- Le club des BRICS fait le plein d’or, préparant le terrain pour une monnaie alternative au billet vert.
- Une nouvelle vague de politiciens américains voit dans le Bitcoin un atout stratégique majeur.
- Le Trésor américain possède un trésor de guerre de plus de 213 000 Bitcoins, évalués à plus de 13 milliards de dollars.
- Les stablecoins adossés au dollar pourraient devenir le bouclier inattendu de la dette américaine.
- Une course technologique acharnée oppose les États-Unis et la Chine pour le contrôle du réseau Bitcoin.
L’histoire des monnaies ressemble à un jeu de chaises musicales géant. Depuis le XVIIIe siècle, pas moins de 786 devises ont tenté leur chance, mais 77% d’entre elles ont fini par perdre la partie. Le dollar américain, véritable Highlander des monnaies avec ses 232 printemps, semble avoir trouvé la recette de l’immortalité. Mais son règne est-il vraiment éternel ?
Un nouveau mot d’ordre résonne dans les cercles du pouvoir : dédollarisation. Comme un boxeur sonné par trop de rounds, le billet vert chancelle sous les coups de boutoir des crises économiques à répétition. Mais voilà qu’un allié improbable pourrait lui venir en aide : le Bitcoin, son prétendu rival. Embarquons pour un voyage au cœur d’une révolution monétaire qui pourrait bien réécrire les règles du jeu économique mondial.
L’ascension des BRICS : le défi lancé à la couronne du dollar
Imaginez un club select où l’entrée se monnaye en lingots d’or. Bienvenue chez les BRICS, ce groupement qui réunit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Récemment élargi pour former les BRICS+, ce cercle d’influence ne fait pas mystère de ses ambitions : bousculer l’ordre économique mondial et détrôner le tout-puissant dollar américain.
Cette rébellion contre le billet vert n’est pas un caprice. C’est une question de survie économique. Dépendre du dollar, c’est comme vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, prête à s’abattre sous forme de sanctions économiques à la moindre contrariété de Washington. Comme l’avait cyniquement résumé Richard Nixon : « Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème. » Les BRICS ont décidé que ce ne serait plus leur problème.
Pour mener à bien leur révolution monétaire, les BRICS ont choisi une stratégie digne des chercheurs d’or du Far West : accumuler le précieux métal jaune. La Chine mène la danse, avec un appétit gargantuesque. En 2023, elle a englouti 225 tonnes d’or, de quoi faire pâlir Crésus lui-même. L’Inde n’est pas en reste, transformant ses réserves en un véritable Fort Knox asiatique.
🚨BREAKING – Les nouveaux BRICS sont officiels !!
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) August 24, 2023
🇦🇷 Argentine
🇸🇦 Arabie saoudite
🇪🇬 Égypte
🇮🇷 Iran
🇦🇪 Emirats-arabes unis
et plus surprenant… 🇪🇹 L'Ethiopie. 🤔 pic.twitter.com/IkoiA1MwwG
Cette fièvre de l’or n’est pas qu’une simple lubie de collectionneur. C’est le socle sur lequel les BRICS comptent bâtir leur château fort monétaire, à l’abri des turbulences du dollar. En constituant ce trésor, ils se dotent des fondations nécessaires pour leur projet le plus audacieux : une monnaie commune qui ferait de l’ombre au billet vert.
Mais attention, l’histoire nous a appris que jouer avec les étalons monétaires peut être aussi dangereux que de jongler avec des torches dans une poudrière. Au XIXe siècle, la Chine avait fait le pari de l’étalon argent, une décision qui s’est transformée en catastrophe lors de la Grande Dépression. Les BRICS sauront-ils éviter les pièges de l’histoire ou sont-ils condamnés à revivre ses erreurs ?
Le Bitcoin : le joker américain dans la partie de poker monétaire
Pendant que les BRICS font leurs emplettes d’or, une nouvelle garde de politiciens, biberonnés à la crypto, fait son entrée sur la scène politique américaine. En tête de cortège, on trouve une figure connue mais “petit nouveau” dans les rangs des pro-crypto : Donald Trump, favori pour le prochain round présidentiel.
Le magnat de l’immobilier, autrefois plus proche du lingot que du wallet, semble avoir eu une épiphanie bitcoinesque. Il a récemment brandi le drapeau crypto, avertissant que toute tentative de museler le Bitcoin serait un cadeau fait à la Chine et à la Russie. Ce revirement qui a eu son effet dans le monde politique.
Mais Trump n’est que la partie émergée de l’iceberg crypto. La sénatrice Cynthia Lummis mène une véritable croisade pour intégrer le Bitcoin dans l’arsenal financier du pays. Elle a même osé suggérer à la vénérable Réserve fédérale de glisser quelques satoshis dans ses coffres.
De plus, les États-Unis ont déjà un pied bien ancré dans le cyberespace bitcoinesque. Le gouvernement américain est assis sur un trésor de 213 546 Bitcoins, soit plus de 13 milliards de dollars. Le pays possède également la plus grande partie des nœuds Bitcoin et une part substantielle du hashrate mondial. Autant dire que l’Oncle Sam a des pions bien placés sur l’échiquier crypto.
Mais le rôle du Bitcoin pourrait aller bien au-delà d’un simple outil géopolitique. Vivek Ramaswamy, le gourou crypto de Trump, a une idée qui pourrait bien révolutionner la finance américaine : adosser une partie des bons du Trésor au Bitcoin.
Cette stratégie pourrait bien être la bouée de sauvetage dont le dollar a désespérément besoin. Car les États-Unis sont assis sur une montagne de dettes qui ferait pâlir le mont Everest. En juin 2024, le compteur de la dette nationale a franchi la barre hallucinante des 34 630 milliards de dollars. C’est comme si chaque Américain portait un sac de 100 000 dollars de dettes sur le dos.
Les stablecoins : les gardes du corps inattendus du dollar
Alors que le Bitcoin fait son entrée fracassante dans l’arène politique américaine, un autre acteur du monde crypto pourrait bien jouer les seconds couteaux dans cette pièce de théâtre monétaire : les stablecoins. Mais qu’est-ce donc que cette créature étrange, mi-crypto, mi-dollar ?
Il s’agit d’un type de crypto-monnaie conçu pour maintenir une valeur stable par rapport à un actif de référence, généralement une devise comme… le dollar américain. Les plus populaires, USDC et USDT, sont comme des jumeaux du billet vert, mais version numérique. Pour maintenir cette illusion parfaite, les émetteurs de stablecoins les « backent » avec des bons du Trésor américain.
Les émetteurs de stablecoins sont devenus les nouveaux chouchous du Trésor américain. Ils sont maintenant le 18ème plus grand détenteur de dette américaine, avec un portefeuille de 120 milliards de dollars de bons du Trésor. C’est plus que ce que possèdent des pays comme l’Allemagne ou la Corée du Sud.
Paul Ryan, l’ancien maître de cérémonie de la Chambre des représentants, voit même dans les stablecoins une sorte de baguette magique financière. Selon lui, ils pourraient créer une demande sans précédent pour les bons du Trésor américain et même conjurer le spectre d’une crise de la dette. C’est simple : plus les gens veulent d’USDT ou d’USDC, plus ils achètent indirectement de la dette américaine.
Et ce n’est peut-être que le début. Bernstein prédit que le marché des stablecoins pourrait atteindre la somme astronomique de 3 000 milliards de dollars d’ici 2028. C’est comme si on créait soudainement l’équivalent du PIB de la France (ou sa dette…) en demande pour la dette américaine.