Résumé :
- Le bénéfice net par logement a atteint son plus bas niveau depuis 2010 en 2022
- 56% des Français sont intéressés par l’investissement locatif en 2024
- L’inflation et le « bouclier loyer » sont les principaux facteurs de cette baisse
- Malgré cette baisse récente, le rendement locatif a augmenté de 15% en 20 ans
L’immobilier, longtemps considéré comme une valeur refuge en France, traverse une période de turbulences. Le Commissariat général au développement durable (CGDD) vient de publier des chiffres qui font réfléchir : le bénéfice net par logement pour les propriétaires bailleurs a atteint son niveau le plus bas depuis une décennie. Cette nouvelle donne soulève des questions cruciales sur l’avenir de l’investissement locatif dans l’Hexagone.
2022 : L’année noire de l’investissement locatif
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le CGDD, en 2022, la location d’un bien immobilier n’a rapporté en moyenne que 3 504 euros aux propriétaires. Ce montant, exprimé en euros constants pour tenir compte de l’inflation, représente une baisse de 4% par rapport à 2021, année qui avait enregistré un bénéfice record de 3 641 euros par logement.
Cette diminution, bien que modeste en apparence, marque un tournant. Il s’agit en effet de la première baisse du bénéfice net par logement depuis 2011, ramenant les rendements à leur plus bas niveau depuis 2010. Une tendance qui contraste fortement avec l’engouement persistant des Français pour l’investissement locatif, puisque 56% d’entre eux se déclarent intéressés par cette option en 2024, selon une étude du courtier Cafpi.
Inflation et bouclier loyer : le double coup dur pour les bailleurs
Deux facteurs principaux expliquent ce recul des rendements locatifs. D’une part, l’inflation galopante a grignoté une partie des bénéfices réels des propriétaires. D’autre part, la mise en place du « bouclier loyer » entre octobre 2022 et fin juin 2023 a limité la capacité des bailleurs à augmenter les loyers pour compenser la hausse générale des prix.
Ce dispositif, bien que bénéfique pour les locataires, a eu un impact direct sur la rentabilité des investissements immobiliers. Les propriétaires se sont retrouvés pris en étau entre des charges croissantes et des revenus locatifs plafonnés, réduisant ainsi leurs marges.
Du boom à l’essoufflement
Malgré ce constat préoccupant, il est important de replacer ces chiffres dans une perspective à plus long terme. En 2002, le bénéfice net moyen par logement s’élevait à 3 059 euros. Vingt ans plus tard, malgré la baisse récente, ce chiffre a augmenté de 15% pour atteindre les 3 504 euros de 2022.
Cette progression sur deux décennies témoigne de la résilience du marché immobilier français. Cependant, elle souligne également un ralentissement de la croissance des rendements, particulièrement marqué ces dernières années. En 2012, par exemple, le bénéfice moyen était de 3 408 euros, un chiffre proche de celui de 2022, ce qui indique une stagnation sur les dix dernières années.