Résumé :
- Berkshire Hathaway vient de céder 25% supplémentaires de ses actions Apple au troisième trimestre 2024
- Les liquidités du groupe atteignent un niveau sans précédent de 325,2 milliards de dollars
- En à peine plus d’un an, Warren Buffett a vendu près des deux tiers de sa position dans Apple
- La valeur boursière de Berkshire Hathaway a grimpé de 25% depuis janvier, surperformant le S&P 500
Alors que Wall Street s’interroge sur la valorisation des grandes entreprises technologiques, la décision de Warren Buffett, connu pour sa vision à long terme et sa patience légendaire, ne manque pas d’interpeller les investisseurs du monde entier. Ce désengagement massif d’Apple, longtemps considérée comme le joyau de la couronne de Berkshire Hathaway, pourrait bien être annonciateur de changements majeurs dans le paysage financier mondial.
Une stratégie de désengagement progressive mais massive
Le mouvement de vente initié par Berkshire Hathaway est d’une ampleur sans précédent. Au troisième trimestre 2024, le conglomérat a cédé environ 100 millions d’actions Apple, réduisant sa participation à 69,9 milliards de dollars, contre 84,2 milliards trois mois plus tôt. Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large de désengagement, puisqu’au deuxième trimestre, Buffett avait déjà vendu la moitié de ses actions dans le géant technologique.
La transformation est spectaculaire quand on se souvient qu’à son apogée en 2023, la participation dans Apple représentait 178 milliards de dollars du portefeuille de Berkshire. En à peine plus d’un an, l’Oracle d’Omaha a ainsi cédé près des deux tiers de sa position.
Lors de l’assemblée générale des actionnaires en mai 2024, Warren Buffett avait pourtant affirmé qu’Apple resterait la position principale de sa société sur les marchés actions. Il avait alors justifié les premières ventes par l’anticipation d’une hausse de l’impôt sur les plus-values. Une explication qui semble aujourd’hui insuffisante face à l’ampleur des cessions réalisées.
Un mouvement qui s’étend au-delà des actions Apple
La stratégie de désengagement ne se limite pas à Apple. Au cours du trimestre écoulé, Berkshire Hathaway a cédé pour 36,1 milliards de dollars de titres, incluant une réduction significative de sa participation dans Bank of America. Cette dernière est désormais inférieure à 10% du capital, après la vente de plus de 10,5 milliards de dollars d’actions dans la banque, un investissement qui remontait à la crise financière de 2008.
Cette frénésie de ventes se poursuit depuis huit trimestres consécutifs, avec un total impressionnant de 166 milliards de dollars de titres cédés sur la période. Plus surprenant encore, le conglomérat n’a effectué aucun rachat d’actions au troisième trimestre 2024, une première depuis le deuxième trimestre 2018.
Ces décisions interviennent dans un contexte opérationnel délicat pour Berkshire. Le bénéfice d’exploitation a reculé de 6% sur un an, à 10,1 milliards de dollars, notamment affecté par l’impact des ouragans Helene et Milton sur ses activités d’assurance, qui devraient coûter au groupe entre 1,8 et 2 milliards de dollars sur deux trimestres.
JUST IN: 🇺🇸 Warren Buffett sold another $14.3 BILLION of Apple, during Q3 2024.
— Andrew Lokenauth | TheFinanceNewsletter.com (@FluentInFinance) November 2, 2024
‼️Buffett now holds $325.2 billion in CASH and selling stocks like never before, including Apple and Bank of America.
Is he getting ready for a crash? pic.twitter.com/Dpc98qdgt5
Les implications de cette décision historique
La conséquence la plus visible de cette stratégie est l’accumulation d’un trésor de guerre sans précédent. Au 30 septembre 2024, les liquidités de Berkshire Hathaway ont atteint le niveau astronomique de 325,2 milliards de dollars, un record absolu dans l’histoire de l’investissement.
Cette montagne de cash soulève de nombreuses questions parmi les analystes. Jim Shanahan, analyste chez Edward Jones, résume ainsi le débat :
« Ce niveau de trésorerie jamais vu dans l’univers de l’investissement soulève des questions quant à savoir si Warren Buffett pense que les actions sont surévaluées, qu’un ralentissement économique est à venir, ou s’il essaie d’accumuler des liquidités en vue d’une grande acquisition. »
Malgré ces interrogations, la stratégie de Buffett semble porter ses fruits. L’action Berkshire Hathaway a bondi de 25% depuis le début de l’année, surperformant l’indice S&P 500 qui n’a progressé que de 20%. La société a même brièvement franchi le seuil symbolique des 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière le 28 août dernier, devenant le premier groupe non technologique à atteindre ce niveau.