Résumé :
- X fait l’objet d’une plainte dans 9 pays européens pour utilisation illégale de données
- Plus de 60 millions d’utilisateurs européens seraient concernés
- L’IA Grok de X aurait été entraînée avec ces données sans consentement
- Cette affaire s’ajoute à une série de difficultés pour X depuis son rachat par Elon Musk
Dans un nouvel épisode qui ébranle le monde des réseaux sociaux, X, anciennement Twitter, se retrouve sous le feu des projecteurs. L’association autrichienne de défense des droits numériques, Noyb, vient de lancer une offensive juridique d’envergure contre la plateforme. Au cœur de cette tempête : l’utilisation présumée illégale des données de millions d’utilisateurs européens pour alimenter Grok, le programme d’intelligence artificielle de X.
Cette affaire, qui pourrait marquer un tournant dans la relation entre les géants de la tech et leurs utilisateurs, soulève des questions cruciales sur la protection des données personnelles à l’ère de l’IA. Plongeons dans les détails de cette controverse qui secoue l’empire numérique d’Elon Musk.
La plainte de Noyb contre X
L’onde de choc se propage à travers l’Europe. Noyb, l’organisation non gouvernementale autrichienne connue pour son activisme en matière de protection des données, a déposé une plainte coordonnée dans neuf pays européens : l’Autriche, la Belgique, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et la Pologne. Cette action juridique vise directement X et son programme d’intelligence artificielle, Grok.
Grok, le petit dernier des modèles d’IA conversationnelle, est au cœur de la stratégie d’innovation de X. Développé à l’initiative d’Elon Musk, ce programme est censé rivaliser avec les géants du secteur comme ChatGPT. Mais c’est justement son processus d’apprentissage qui pose problème.
Selon les accusations portées par Noyb, X aurait utilisé les données personnelles de plus de 60 millions d’utilisateurs en Union européenne et dans l’Espace économique européen pour entraîner Grok. Le plus grave ? Cette utilisation se serait faite sans le consentement explicite des personnes concernées.
🚨 noyb has filed 9 complaints against Twitter/X over unlawful AI training!
— noyb (@NOYBeu) August 12, 2024
👉 The Irish DPC's court action against X didn't address the core violations. It didn't determine legality and leaves many questions unanswered. noyb requests full investigation.https://t.co/G2kX35vc3y
Les règles de protection des données en Europe
Pour comprendre l’ampleur de l’affaire, il faut se pencher sur le cadre légal européen. En Union européenne, la protection des données personnelles est régie par le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Ce texte est clair : l’utilisation des données d’utilisateurs pour une technologie autre que celle pour laquelle elles ont été collectées nécessite un accord préalable.
Le directeur de Noyb souligne la simplicité de la démarche : « Les entreprises qui interagissent directement avec les utilisateurs ont simplement besoin de leur poser une question avec réponse oui/non avant d’utiliser leurs données. » Une procédure que X aurait apparemment négligée.
Cette affaire n’est pas sans rappeler celle qui a touché Meta il y a quelques mois. Le géant de Menlo Park avait fait l’objet de 11 plaintes similaires de la part de Noyb, ce qui l’avait contraint à cesser d’utiliser les données des utilisateurs européens pour l’entraînement de son modèle d’IA.
Les accusations portées contre X
La gravité des accusations repose sur deux éléments clés. D’abord, l’utilisation présumée des données sans consentement, qui constituerait une violation flagrante du RGPD. Ensuite, et c’est peut-être le plus troublant, X aurait procédé à cette collecte de manière discrète, sans même annoncer ce changement à ses utilisateurs.
Noyb affirme que « Twitter a commencé à alimenter sa technologie d’IA Grok en fournissant de manière irréversible les données des utilisateurs européens à partir de mai 2024. » Cette date soulève des questions sur la stratégie de X, qui semble avoir agi dans l’ombre pendant plusieurs mois.
L’association va plus loin en accusant X d’avoir sciemment esquivé les règles pour collecter le plus de données possible. Une stratégie qui, si elle s’avère exacte, pourrait coûter cher à l’entreprise, tant sur le plan financier que réputationnel.
Les conséquences potentielles pour X
Cette nouvelle affaire s’ajoute à une série de difficultés que connaît X depuis son rachat par Elon Musk il y a environ deux ans. Le réseau social a été accusé à plusieurs reprises de propager de fausses informations et d’inciter à la haine, ce qui a entraîné une fuite massive des annonceurs.
Face à cette situation, Elon Musk a choisi la contre-attaque en annonçant porter plainte contre de grands groupes publicitaires, les accusant d’organiser un « boycott » de la plateforme. Une stratégie risquée qui pourrait encore fragiliser la position de X sur le marché publicitaire.
Les conséquences de cette affaire de données pourraient être considérables. Si les accusations sont avérées, X s’expose à des amendes potentiellement astronomiques en vertu du RGPD, qui peut aller jusqu’à 4% du chiffre d’affaires global de l’entreprise. Au-delà de l’aspect financier, c’est la confiance des utilisateurs qui est en jeu, un élément crucial pour la survie à long terme de toute plateforme sociale.