Résumé :
- Les liquidateurs d’Evergrande réclament 6 milliards de dollars à sept défendeurs clés
- PwC fait face à des poursuites pour négligence dans l’audit d’Evergrande
- Le fondateur Hui Ka Yan et d’autres dirigeants sont visés par des enquêtes criminelles
- Les investisseurs sont appelés à participer au processus de restructuration
- L’affaire Evergrande continue d’ébranler le secteur immobilier chinois
Le géant déchu de l’immobilier chinois Evergrande fait à nouveau trembler le monde de la finance. Dans un développement spectaculaire, les liquidateurs du groupe lancent une offensive judiciaire sans précédent, visant à récupérer pas moins de 6 milliards de dollars. Pendant ce temps, le prestigieux cabinet d’audit PwC se retrouve dans l’œil du cyclone, accusé de négligence dans ce qui pourrait être l’un des plus grands scandales financiers de l’histoire récente.
L’effondrement d’Evergrande, jadis fleuron de l’immobilier chinois, continue de faire des vagues. Alors que la poussière de la liquidation ordonnée en janvier dernier commence à peine à retomber, une nouvelle tempête se lève. Les liquidateurs, déterminés à récupérer chaque centime possible pour les créanciers, ont décidé de frapper fort. Leur cible ? Les anciens dirigeants du groupe, mais aussi PwC, l’un des plus grands noms de l’audit mondial.
Cette nouvelle phase promet non seulement de nouveaux rebondissements dans l’affaire Evergrande, mais pourrait bien redéfinir les standards de responsabilité dans le monde de la finance internationale.
L’offensive des liquidateurs : la chasse aux 6 milliards
La société de conseil Alvarez & Marsal, chargée de la liquidation d’Evergrande, ne fait pas dans la dentelle. Elle vient de lancer une action en justice visant à récupérer la somme colossale de 6 milliards de dollars auprès de sept défendeurs clés.
Au cœur de cette offensive se trouvent le fondateur d’Evergrande, Hui Ka Yan, l’ancien PDG Xia Haijun, l’ex-directeur financier Pan Darong, et même l’ex-femme de Hui, Ding Yumei. Ces anciens dirigeants sont accusés d’avoir profité de dividendes et de rémunérations basés sur des résultats financiers frauduleux.
Hui Ka Yan, founder of China Evergrande Group, and several other figures are being asked to pay back $6 billion, including Hui’s ex-wife Ding Yumei. Read: https://t.co/7GFzuMG8ee
— Forbes Asia (@ForbesAsia) August 8, 2024
Selon les liquidateurs, Evergrande aurait délibérément gonflé ses résultats financiers entre 2017 et 2020. Cette période correspond précisément au moment où le groupe affichait une croissance fulgurante, attirant les investisseurs du monde entier. L’ampleur de la fraude présumée est stupéfiante : pas moins de 564 milliards de yuans de revenus auraient été surévalués.
Les liquidateurs ont obtenu des injonctions restreignant Hui, Ding et Xia de disposer de leurs actifs dans le monde entier. Cette décision vise à préserver la valeur potentiellement récupérable pour les créanciers. Parmi les actifs gelés figureraient des yachts, des voitures de luxe, des avions et des propriétés immobilières de grand standing à Hong Kong, Londres et Los Angeles.
PwC sur le banc des accusés
L’action des liquidateurs ne s’arrête pas aux anciens dirigeants d’Evergrande. Dans un développement qui secoue le monde de l’audit, PricewaterhouseCoopers (PwC) se retrouve également dans le collimateur.
PwC et sa branche chinoise, PricewaterhouseCoopers Zhong Tian LLP, font face à des accusations de « négligence » et de « fausse déclaration » dans leur travail d’audit pour Evergrande. La plainte, déposée en mars et récemment rendue publique, concerne spécifiquement les rapports sur les états financiers d’Evergrande pour 2017 et le premier semestre 2018.
China Evergrande's liquidators initiate legal action against PwC, FT reports https://t.co/YiceoTrLct pic.twitter.com/HsyH2vw3Fe
— Reuters (@Reuters) August 7, 2024
Les conséquences pour PwC pourraient être désastreuses. Non seulement le cabinet fait face à des poursuites judiciaires, mais il risque également une amende record d’au moins 1 milliard de yuans de la part des autorités chinoises. Au-delà de l’aspect financier, c’est la réputation même de PwC, l’un des « Big Four » de l’audit mondial, qui est en jeu.
Le sort des anciens dirigeants d’Evergrande
Hui Ka Yan, autrefois l’homme le plus riche d’Asie avec une fortune estimée à 42 milliards de dollars, fait face à une chute vertigineuse. Depuis septembre 2023, il fait l’objet de « mesures obligatoires », un euphémisme pour désigner une forme de détention dans le système judiciaire chinois. Les accusations qui pèsent sur lui pourraient bien marquer la fin définitive de son empire.
L’ancien PDG Xia Haijun et l’ex-directeur financier Pan Darong, qui supervisaient les activités de financement d’Evergrande, seraient également détenus depuis 2023. Leur rôle dans la surévaluation présumée des revenus du groupe les place au cœur de l’enquête en cours.
L’affaire Evergrande prend une tournure presque shakespearienne avec l’implication de Ding Yumei, l’ex-femme de Hui Ka Yan. Détentrice d’une participation de 5,99% dans Evergrande, elle a récemment intenté un procès contre le deuxième fils de Hui pour le remboursement d’un prêt de 1 milliard de dollars de Hong Kong, ajoutant une dimension familiale à ce drame financier.
Les dernières manœuvres des liquidateurs
Face à l’ampleur de la tâche, les liquidateurs d’Evergrande multiplient les initiatives pour tenter de récupérer un maximum de valeur pour les créanciers.
Saviez-vous qu'il y a suffisamment de propriétés vides en Chine pour loger plus de 90 millions de personnes ?
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) November 28, 2022
Ca fait presque 1,5 fois la France…
Evergrande, la plus grosse entreprise d'immobilier en Chine en possède une grande partie. Sa dette est de près de 300 milliards. pic.twitter.com/J66VlOCLN7
Dans une démarche inhabituelle, les liquidateurs ont lancé un appel public aux investisseurs potentiellement intéressés par une restructuration d’Evergrande ou de certaines de ses parties.
Au-delà de PwC, les liquidateurs ont également engagé des poursuites contre CBRE Group Inc. et Avista Valuation Advisory concernant des rapports d’évaluation produits pour Evergrande en 2018. Ces actions soulignent la volonté des liquidateurs d’explorer toutes les pistes possibles pour récupérer des fonds.
La récupération d’actifs d’Evergrande et de ses anciens dirigeants s’annonce comme un véritable casse-tête juridique et logistique. Avec des biens répartis dans plusieurs juridictions, des Hong Kong à Londres en passant par Los Angeles, les liquidateurs font face à un défi de taille pour tracer et saisir ces actifs.
