Résumé :
- L’Institut Montaigne propose 150 milliards d’euros d’économies d’ici 2050
- Le recul de l’âge de la retraite à 66 ans permettrait 30 milliards d’économies
- 28 milliards d’euros d’économies visés dans le système de santé
- Réduction des niches fiscales et des dotations aux collectivités
- Le gouvernement Barnier face à un déficit public de plus de 6% du PIB
Une réforme des retraites controversée
Au cœur des propositions de l’Institut Montaigne se trouve une mesure qui ne manquera pas de faire grincer des dents : le report de l’âge légal de départ à la retraite à 66 ans d’ici 2050. Cette mesure à elle seule permettrait d’économiser la somme colossale de 30 milliards d’euros. « L’allongement de l’espérance de vie et les défis démographiques nous obligent à repenser notre système de retraites », argumente Lisa Thomas-Darbois, directrice de l’institut depuis septembre 2024. Mais cette proposition risque de se heurter à une forte opposition syndicale et politique.
L’Institut ne s’arrête pas là. Il propose également de désindexer l’augmentation des pensions de retraite de l’inflation pendant quatre ans, une mesure qui générerait 29 milliards d’euros d’économies. De plus, la suppression de la niche fiscale sur les pensions de retraite, ainsi que l’abattement de 10% sur leur montant et le taux réduit de CSG, permettrait d’économiser 8,4 milliards d’euros supplémentaires. Ces mesures, si elles étaient appliquées, impacteraient directement le pouvoir d’achat des retraités.
Le système de santé dans le viseur
Le système de santé n’est pas épargné par le plan d’économies. L’Institut Montaigne propose une refonte du système de tarification, qui pourrait générer 2,9 milliards d’euros d’économies. Par ailleurs, une réduction de la prise en charge des affections de longue durée est envisagée, pour un gain estimé à 2,7 milliards d’euros. Ces mesures soulèvent des questions sur l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques.
Le rapport préconise également un durcissement des conditions d’obtention des indemnités journalières, ce qui permettrait d’économiser 3,2 milliards d’euros. Une mesure qui pourrait fragiliser les salariés en arrêt maladie. De plus, le raccourcissement des séjours en maternité après un accouchement est proposé, pour une économie de 400 millions d’euros. Cette dernière mesure soulève des inquiétudes quant au suivi post-natal des mères et des nouveau-nés.
Ces propositions ne sont pas des recommandations officielles, mais elles illustrent l'ampleur des ajustements nécessaires. La note complète est à découvrir ici 👉 https://t.co/ho4SpbBK06 #Budget2025 #FinancesPubliques #SéquenceBudget https://t.co/ho4SpbBK06
— Institut Montaigne (@i_montaigne) October 8, 2024
La chasse aux niches fiscales et la réduction des dépenses publiques
L’Institut Montaigne s’attaque à plusieurs niches fiscales jugées « économiquement inefficaces ». Parmi elles, le forfait social (2,6 milliards d’euros), le taux de TVA réduit dans la restauration et pour la rénovation de certains logements (6 milliards d’euros), ainsi que des niches sur les énergies fossiles. Le rapport propose également de réduire le crédit d’impôt recherche, une mesure qui pourrait avoir un impact sur l’innovation dans le secteur privé.
Les collectivités territoriales sont également dans le collimateur de l’Institut, qui propose de réduire leurs dotations de 25 milliards d’euros jusqu’en 2030. Cette mesure pourrait affecter les services publics locaux et les investissements territoriaux. Par ailleurs, le rapport suggère de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique pendant quatre ans, ce qui générerait 2,7 milliards d’euros d’économies, mais pourrait impacter la qualité des services publics.
Les justifications d’un plan qui n’est pas du goût de tout le monde
Lisa Thomas-Darbois défend ces propositions en affirmant qu’elles sont nécessaires pour redresser les finances publiques françaises. « Notre objectif n’est pas de proposer des mesures irréalistes, mais d’identifier des pistes d’économies concrètes », explique-t-elle. L’Institut souligne que la France ne peut pas continuer à accumuler les déficits et que des choix difficiles doivent être faits pour assurer la pérennité du modèle social français.
Cependant, ces propositions risquent de se heurter à une forte opposition. Les syndicats ont déjà exprimé leur mécontentement face à l’idée d’une nouvelle réforme des retraites. Les professionnels de santé s’inquiètent des coupes budgétaires dans leur secteur. Les élus locaux, quant à eux, dénoncent la réduction des dotations aux collectivités. Le gouvernement Barnier, déjà sous la menace d’une motion de censure, devra naviguer avec précaution s’il souhaite s’inspirer de ces propositions.
Source : Finances publiques : la fin des illusions – Institut Montaigne