Résumé :
- Un juge fédéral américain déclare illégal le monopole de Google sur la recherche en ligne
- Google contrôle environ 90% du marché de la recherche en ligne
- L’entreprise paie plus de 10 milliards de dollars par an pour être le moteur de recherche par défaut
- La décision pourrait entraîner des sanctions majeures, voire un démantèlement de l’entreprise
- Alphabet, la maison mère de Google, prévoit de faire appel de cette décision
Dans une décision qui fera date, un juge fédéral américain vient de porter un coup dur à l’un des piliers de l’internet moderne. Google, le géant de la recherche en ligne, a été déclaré coupable d’avoir maintenu illégalement son monopole, écrasant la concurrence et dominant le marché de la publicité en ligne. Cette décision, rendue après un procès de 10 semaines, marque un tournant dans la régulation des géants de la technologie et pourrait avoir des répercussions bien au-delà des frontières américaines.
L’enjeu de ce procès était colossal, touchant au cœur même du modèle économique de Google. Avec près de 90% de parts de marché dans la recherche en ligne, l’entreprise de Mountain View se trouve désormais dans une position délicate, faisant face à la possibilité de sanctions sans précédent qui pourraient aller jusqu’à son démantèlement.
Dans les coulisses du verdict
Le juge Amit Mehta, dans une décision de 277 pages, n’a pas mâché ses mots : « Google est un monopoleur et a agi comme tel pour maintenir son monopole ». Cette conclusion sans appel vient couronner une enquête approfondie menée par le Département de la Justice américain, qui avait intenté un procès contre Google en 2020.
Le cœur de l’accusation portait sur les pratiques de Google visant à s’assurer une position dominante sur le marché de la recherche en ligne. Le juge Mehta a particulièrement pointé du doigt les accords conclus par Google avec des fabricants de smartphones et des navigateurs web pour être le moteur de recherche par défaut sur leurs appareils.
😂 Google est condamné pour concurrence déloyale !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) August 6, 2024
C'est HISTORIQUE !
L'entreprise a payé 26 milliards $ pour installer ses logiciels par défaut sur les appareils mobiles de nombreux partenaires.
En échange ?
Une part du gâteau des 146 Mds $ de revenus des publicités… pic.twitter.com/2RVK6WIeVv
L’élément clé de la stratégie de Google, selon le tribunal, était de payer des sommes colossales – plus de 10 milliards de dollars par an – à des entreprises comme Apple, Samsung et Mozilla. Ces accords garantissaient à Google une place de choix sur les appareils et navigateurs les plus utilisés, lui assurant un flux constant de données utilisateurs et renforçant sa position dominante.
Le juge Mehta a souligné que cette pratique créait une barrière à l’entrée insurmontable pour les concurrents potentiels. Même si une nouvelle entreprise développait un moteur de recherche de qualité supérieure, elle se trouverait dans l‘incapacité financière de concurrencer Google pour ces accords de placement par défaut.
Google au pied du mur
Les conséquences de cette décision pourraient être sévères pour Google. Bien que les sanctions précises n’aient pas encore été déterminées – elles feront l’objet d’une audience ultérieure – le gouvernement américain a demandé un « redressement structurel ». Cette formulation juridique pourrait, dans le cas le plus extrême, mener au démantèlement de l’entreprise.
Un tel scénario, s’il se concrétisait, représenterait un bouleversement majeur dans le paysage technologique mondial. Google pourrait être contraint de se séparer de certaines de ses activités, redéfinissant ainsi les contours de l’un des géants les plus influents de l’ère numérique.
'Google Has To Be Careful': Trump Suggests Congress Could 'Shut Down' Tech Giant Over Apparent Censorship pic.twitter.com/nLuTNv4dz7
— Daily Caller (@DailyCaller) August 2, 2024
Face à cette décision, Alphabet, la maison mère de Google, a rapidement annoncé son intention de faire appel. Dans un communiqué, l’entreprise a déclaré : « Cette décision reconnaît que Google offre le meilleur moteur de recherche, mais conclut que nous ne devrions pas être autorisés à le rendre facilement accessible ».
Google maintient que sa domination du marché est le résultat de la qualité de son produit et des investissements continus pour l’améliorer. Ses avocats ont argumenté pendant le procès que les utilisateurs choisissent Google parce qu’ils le trouvent utile, et non en raison d’un manque d’alternatives.
Quand la chute de Google menace tout le secteur tech
La décision contre Google s’inscrit dans un contexte plus large de scrutin accru des pratiques des géants de la technologie. D’autres entreprises comme Meta (Facebook), Amazon et Apple font également l’objet de poursuites antitrust aux États-Unis. Ces actions en justice reflètent une volonté croissante des régulateurs de remettre en question le pouvoir concentré entre les mains d’un petit nombre d’entreprises technologiques.
En Europe, Google a déjà fait l’objet de sanctions financières importantes dans des affaires similaires, se voyant infliger des amendes de plusieurs milliards d’euros. Cette décision américaine pourrait donc s’inscrire dans une tendance mondiale de régulation plus stricte du secteur technologique.
Cette affaire pourrait servir de précédent pour d’autres actions en justice et potentiellement influencer la manière dont les autorités abordent la question de la concentration du pouvoir dans l’industrie technologique.