Bourse de Wall Street vs Paris : Le choix explosif du géant français Total Energies

Patrick Pouyanné joue son va-tout à New York. Le PDG de TotalEnergies s'apprête à dévoiler aux investisseurs américains son projet controversé de double cotation à Wall Street, bravant les réticences du gouvernement français et les divisions au sein de son propre conseil d'administration. Un coup de poker qui pourrait redessiner l'avenir du géant pétrolier français.

TOTAL ENERGIES L’ENTREPRISE VISE WALL STREET

Résumé :

  • Patrick Pouyanné présentera sa stratégie aux investisseurs américains à New York le 2 octobre 2024
  • TotalEnergies envisage une cotation à Wall Street en plus de celle de Paris
  • Le projet divise le gouvernement français et le conseil d’administration de l’entreprise
  • Les investisseurs nord-américains pourraient devenir majoritaires dans le capital de TotalEnergies

Les dessous du projet de double cotation

Le chemin vers Wall Street est semé d’embûches pour TotalEnergies. Au printemps 2024, les premières rumeurs d’un départ de la Bourse de Paris avaient provoqué un tollé. Emmanuel Macron lui-même était monté au créneau, interpellant personnellement Patrick Pouyanné sur ses intentions.

Face à la tempête, le PDG de TotalEnergies a dû temporiser. Des tractations en coulisses ont été menées avec le gouvernement. « Patrick Pouyanné a rassuré Matignon sur ses intentions », confie une source gouvernementale. Le message est clair : TotalEnergies ne quittera pas la place parisienne, mais cherche à étendre son influence outre-Atlantique.

Cette stratégie répond à un objectif précis : booster la valorisation du groupe. Actuellement TotalEnergies ne dispose à Wall Street que de certificats de dépôts qui n’intéressent que peu les investisseurs. Or, la comparaison avec le rival américain Chevron est sans appel : sa valorisation boursière à New York est 30% plus élevée que celle de TotalEnergies à Paris.

Un projet qui divise

Si Patrick Pouyanné semble avoir temporairement apaisé les inquiétudes du gouvernement, il lui reste un obstacle de taille à surmonter : son propre conseil d’administration. « Il y a un vrai débat, car certains administrateurs y sont réticents, explique une source proche du dossier. Et surtout les Français ».

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Parmi les voix discordantes, deux poids lourds se distinguent. Jacques Aschenbroich, administrateur référent et actuel président d’Orange, semble difficile à convaincre. Jean Lemierre, le président de BNP Paribas, traînerait également des pieds.

Ces réticences reflètent une inquiétude plus large du secteur financier français. « Les banques françaises financent de moins en moins les projets pétroliers et gaziers de TotalEnergies et les investisseurs français se désengagent », explique un dirigeant du secteur. La crainte ? Que la double cotation à Wall Street ne fasse basculer le centre de gravité du groupe de l’autre côté de l’Atlantique.

Du côté de Matignon, on se veut rassurant tout en restant vigilant. « Nous serons attentifs à ce que cela n’affaiblisse pas les marchés financiers français », indique l’entourage du Premier ministre. Une position d’équilibriste qui traduit les enjeux stratégiques en jeu.

Les implications financières et stratégiques

L’attrait de Wall Street pour TotalEnergies ne se résume pas à une simple question de prestige. Aujourd’hui, les investisseurs nord-américains pèsent déjà 40% du capital du groupe. Avec une cotation directe à New York, ce chiffre pourrait rapidement grimper, faisant basculer la majorité de l’actionnariat outre-Atlantique.

Cette évolution potentielle soulève des questions cruciales sur l’avenir de TotalEnergies. Le groupe restera-t-il ancré dans le paysage industriel français ? Comment évoluera sa stratégie face à la transition énergétique, alors que les investisseurs américains sont réputés plus sensibles aux rendements à court terme ?

Face à ces interrogations, Euronext, l’opérateur de la Bourse de Paris, ne reste pas les bras croisés. Des solutions techniques auraient été proposées à TotalEnergies pour améliorer sa liquidité aux États-Unis, dans l’espoir de le convaincre de renoncer à cette double cotation. Une tentative qui semble, pour l’instant, avoir fait long feu.

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