Résumé :
- TotalEnergies s’effondre de 26% depuis son pic de 70€ en mai 2024, cotant désormais à 51,60€
- Le pétrole plonge à 55$ le baril, déclenchant une hécatombe dans tout le secteur énergétique
- Malgré la tourmente, TotalEnergies maintient ses dividendes et injecte 4,5 milliards dans les énergies vertes
- La stratégie défensive coûte cher : la dette explose à 20,1 milliards de dollars
- Les analystes détectent un potentiel de rebond vers 59€ si les cours pétroliers se redressent
Le secteur pétrolier traverse une tempête d’une violence rare, et même TotalEnergies n’échappe pas à cette déferlante destructrice. Depuis avril 2025, l’action du champion français s’enlise dans une spirale baissière qui ébranle la confiance des investisseurs et questionne la résistance du groupe face à l’effondrement des cours du brut.
Pourtant, derrière cette débâcle boursière se cache peut-être une réalité plus nuancée que ne le suggèrent les chiffres alarmants. Entre stratégie défensive audacieuse et endettement préoccupant, TotalEnergies navigue en eaux troubles avec des atouts que ses concurrents lui envient.
L’effondrement du secteur pétrolier frappe TotalEnergies de plein fouet
L’année 2025 marque un tournant difficile pour l’industrie pétrolière mondiale. Dans ce contexte hostile, TotalEnergies subit les conséquences d’un environnement économique qui malmène l’ensemble des acteurs du secteur énergétique.
Le baril de pétrole a chuté jusqu’à 55 dollars, soit une dégringolade de 28% qui reflète les turbulences actuelles. Cette chute s’explique par un cocktail de facteurs négatifs :
- Croissance économique mondiale anémique
- Perturbations commerciales majeures
- Hausse de la production de brut orchestrée par l’OPEP et ses alliés
Performance comparative des géants pétroliers
Compagnie | Évolution depuis mai 2024 | Actions prises |
TotalEnergies | -26% (70€ → 51,60€) | Maintien dividendes + investissements |
BP | Chute similaire | Réduction des dépenses d’investissement |
Eni | Déclin généralisé | Mise en garde sur le ralentissement |
L’action TotalEnergies a plongé depuis son sommet de 70 euros atteint en mai 2024, accusant désormais une perte de 26% pour se stabiliser autour de 51,60 euros. Cette performance s’inscrit dans la logique de corrélation avec l’effondrement des cours pétroliers, démontrant l’exposition directe du groupe aux fluctuations du marché énergétique.
L’impact de cette crise dépasse les frontières françaises et touche l’ensemble des géants pétroliers. Les concurrents directs, notamment BP et Eni, ont adopté des mesures drastiques en réduisant leurs dépenses d’investissement et en alertant sur les risques d’un nouveau ralentissement de l’activité industrielle.
TotalEnergies résiste mieux que prévu dans la tourmente
Contrairement à ses concurrents qui adoptent des stratégies de repli, TotalEnergies se distingue par une approche offensive qui surprend les analystes. Cette différenciation stratégique pourrait constituer l’élément clé qui permettra au géant français de sortir renforcé de cette crise.
Malgré des résultats trimestriels décevants avec un bénéfice net de 4,19 milliards de dollars, inférieur aux 4,38 milliards attendus, TotalEnergies a maintenu ses plans de distribution de dividendes. Cette position ferme témoigne d’une confiance dans la solidité du modèle économique et envoie un signal fort aux actionnaires inquiets.
Stratégie d’investissement 2025 de TotalEnergies :
- Budget total : 17 à 17,5 milliards de dollars
- Énergies bas carbone : 4,5 milliards de dollars dédiés
- Production d’hydrocarbures : croissance prévue de +3%
- Politique de rémunération : dividende maintenu avec hausse de 7,6%
Le groupe a réitéré ses prévisions d’investissements nets pour 2025, maintenant l’enveloppe de 17 à 17,5 milliards de dollars. Cette stratégie contra-cyclique témoigne d’une vision à long terme, notamment avec l’allocation de 4,5 milliards spécifiquement dédiés aux énergies bas carbone.
L’optimisme du management se concrétise par des prévisions de croissance ambitieuses, TotalEnergies étant en bonne voie pour augmenter sa production d’hydrocarbures de plus de 3% cette année. Cette performance opérationnelle dans un contexte difficile démontre l’efficacité des investissements réalisés.
L’endettement explosif, talon d’Achille de la stratégie française
Cette stratégie offensive a un revers préoccupant qui commence à inquiéter les investisseurs avertis. L’endettement de TotalEnergies connaît une progression alarmante qui questionne la soutenabilité financière de cette approche contra-cyclique.
Évolution de la dette de TotalEnergies :
Période | Dette nette | Évolution |
Fin 2024 | 14,2 milliards $ | Base de référence |
Q1 2025 | 20,1 milliards $ | +5,9 milliards $ (+41%) |
La dette nette du groupe a explosé pour atteindre 20,1 milliards de dollars à la fin du premier trimestre 2025, soit une augmentation de 5,9 milliards par rapport à 2024. Cette progression s’explique en partie par les acquisitions stratégiques, mais reste préoccupante dans le contexte actuel de resserrement des conditions de financement.
La situation devient problématique avec la politique de rachats d’actions menée parallèlement. TotalEnergies a annoncé un programme de rachats supplémentaires de 2 milliards de dollars au deuxième trimestre, tout en maintenant son plan d’augmentation de dividende de 7,6%. Cette double politique de rémunération des actionnaires pose des questions sur l’équilibre financier à long terme.
L’analyse des flux de trésorerie révèle une situation préoccupante : le flux de trésorerie disponible s’avère insuffisant pour couvrir simultanément la distribution de dividendes et les rachats d’actions programmés. Cette inadéquation contraint le groupe à recourir massivement à l’emprunt pour financer sa politique de rémunération.
Les atouts cachés qui pourraient propulser le rebond
Malgré ces préoccupations financières légitimes, TotalEnergies dispose d’atouts stratégiques qui pourraient constituer les catalyseurs d’un rebond si les conditions de marché s’améliorent. Ces fondamentaux solides différencient le groupe français de ses concurrents.
L’optimisation opérationnelle réalisée ces dernières années porte ses fruits de manière visible. Les coûts de production ont été réduits, permettant à TotalEnergies de maintenir une rentabilité acceptable même avec un prix du baril sous les 60 dollars. Cette résistance opérationnelle constitue un avantage concurrentiel majeur dans l’environnement actuel de prix déprimés.
Points forts opérationnels de TotalEnergies :
- Durée des réserves prouvées : 12,4 années (vs 11,7 en 2023)
- Niveau de référence : égale désormais ExxonMobil
- Seuil de rentabilité : maintenu sous les 60$ le baril
- Diversification énergétique : bouclier contre la volatilité pétrolière
La gestion des réserves illustre cette excellence opérationnelle. La durée de vie des réserves prouvées a été prolongée à 12,4 années, atteignant le niveau de référence d’ExxonMobil, contre 11,7 années en 2023. Cette amélioration témoigne d’une gestion efficace des actifs et d’une capacité de renouvellement qui rassure sur les perspectives à long terme.
La diversification énergétique constitue également un bouclier anti-crise efficace. Contrairement à ses concurrents plus exposés aux hydrocarbures traditionnels, TotalEnergies bénéficie d’un portefeuille énergétique diversifié qui limite l’exposition aux volatilités pétrolières et ouvre des perspectives dans les énergies renouvelables.
Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, a réaffirmé lors de l’assemblée générale du 23 mai sa confiance dans la capacité de l’entreprise à atteindre ses objectifs de croissance pour 2025. Cette confiance du management, appuyée sur la solidité du bilan, constitue un signal fort pour les investisseurs en quête de visibilité.
L’analyse technique révèle des signaux intéressants pour les investisseurs capables de voir au-delà de la volatilité actuelle. Au cours actuel de 51,60 euros, l’action TotalEnergies présente selon Antoine Fraysse-Soulier, responsable de l’analyse marchés chez eToro, une décote qui pourrait rapidement se corriger.
Les modèles d’évaluation suggèrent un potentiel de rebond vers 59 euros, soit un gain potentiel de plus de 14%, dès qu’une légère reprise des cours pétroliers se matérialiserait. Cette perspective haussière s’appuie sur les fondamentaux solides du groupe et sa capacité démontrée à résister aux chocs externes.
Cependant, cette opportunité d’investissement ne doit pas occulter les risques inhérents à la situation actuelle. L’endettement croissant et la dépendance aux financements externes constituent des facteurs de risque à surveiller attentivement, particulièrement en cas de prolongation de la crise pétrolière.