Résumé :
- TotalEnergies abandonne son projet de centrale photovoltaïque Maya en Guyane française, un investissement de 200 millions d’euros initié en 2019
- La décision est due au projet révisé de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)
- Le projet aurait fourni 20 MW d’énergie verte continue à Cayenne, avec une centrale de 120 MW-crête et 240 MWh de batteries de stockage
- Cette installation aurait permis de réaliser un grand pas vers l’autonomie électrique en Guyane et créé 32 emplois
- D’autres projets locaux sont menacés par cet abandon, dont un centre de données de 480 millions d’euros qui devait utiliser l’énergie de Maya
Un projet pharaonique qui ne verra jamais le jour
Ce n’était pas une simple installation solaire, mais un mastodonte énergétique évalué à 200 millions d’euros. La centrale Maya devait constituer l’un des plus importants projets renouvelables de TotalEnergies sur le territoire français, avec une puissance de 120 mégawatts-crête et une capacité de stockage impressionnante de 240 MWh grâce à ses batteries.
L’objectif était clair : garantir « 20 mégawatts de puissance disponible en continu d’énergie verte » pour les habitants de Cayenne, une région qui subit régulièrement des instabilités du réseau électrique. Ce projet aurait permis de franchir « un tiers du chemin à parcourir pour atteindre l’autonomie électrique en Guyane« , selon les déclarations de TotalEnergies.
Plus qu’une simple source d’énergie, cette centrale représentait aussi une bouffée d’oxygène économique pour la région avec la création annoncée de 32 emplois directs.
Quand l’administration coupe le courant
Pourquoi un tel revirement ? La réponse se trouve dans un document administratif. Le projet révisé de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), rendu public mi-février et mis en consultation vendredi par le gouvernement, a signalé « l’absence de besoin de moyens additionnels de production de puissance pilotable autour de Cayenne ».
Une décision bureaucratique qui a eu l’effet d’un coup de massue sur les ambitions de TotalEnergies et les espoirs des populations locales. Ce document définit la politique énergétique française jusqu’en 2035 et a, de fait, condamné le projet Maya.
Les élus locaux entre amertume et incompréhension
Les réactions ne se sont pas fait attendre du côté des élus guyanais, partagés entre frustration et sentiment d’abandon.
« C’est une grande amertume, la Guyane n’a pas le luxe de se priver d’un tel porteur de projet« , a déploré la mairie de Macouria, commune qui devait accueillir cette installation d’envergure.
Jean-Luc Le West, vice-président de la collectivité territoriale de Guyane chargé du développement économique, a quant à lui trouvé « désespérant qu’une entreprise qui vient investir en Guyane ne trouve pas le soutien escompté ».
Un effet domino prévisible
L’impact de cet abandon risque de dépasser le seul cadre énergétique. Marie-Lucienne Rattier, conseillère territoriale chargée du numérique, porte un projet ambitieux de centre de données et de village numérique sur une surface de 10.000 m², estimé à 480 millions d’euros.
Ce projet, qui devait être voisin de Maya et bénéficier de l’énergie constante fournie par le parc photovoltaïque, risque désormais lui aussi de tomber aux oubliettes. Un effet domino qui pourrait coûter cher au développement économique et technologique de la Guyane.
Alors que la France poursuit sa transition énergétique avec des objectifs ambitieux en matière d’énergies renouvelables, l’abandon du projet Maya soulève des questions sur la cohérence des politiques publiques et la prise en compte des spécificités des territoires d’outre-mer, souvent confrontés à des défis énergétiques majeurs.
La Guyane devra donc patienter encore avant de réaliser son rêve d’autonomie électrique, tandis que ses habitants continueront à subir les aléas d’un réseau électrique instable, paradoxe cruel pour un territoire baigné de soleil toute l’année.