Résumé :
- CMA CGM confronté à une nouvelle taxe exceptionnelle pour 2025 et 2026
- Impact estimé : 530 millions d’euros en 2025, 315 millions en 2026
- Conséquence : Réduction des investissements, notamment dans la décarbonation
- Inquiétudes sur la compétitivité face aux concurrents moins taxés
La nouvelle taxe exceptionnelle sur CMA CGM
Face à une dérive budgétaire préoccupante, le gouvernement Barnier a décidé de mettre à contribution les grandes entreprises françaises. Cette mesure exceptionnelle vise à orienter une partie des bénéfices des groupes réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel vers les recettes fiscales de l’État. CMA CGM, avec ses résultats financiers impressionnants ces dernières années, se retrouve naturellement dans le viseur du fisc.
Pour le géant maritime, le dispositif prend la forme d’une taxe exceptionnelle sur ses activités de fret maritime. Fixée à 9% du résultat d’exploitation pour 2025, puis à 5,5% pour 2026, cette contribution s’ajoute à la taxe au tonnage déjà en vigueur. Par ailleurs, les activités terrestres du groupe, telles que Ceva Logistics ou le pôle médias BFM-RMC, seront soumises à une surtaxe d’IS « classique ». Ce mécanisme à deux vitesses vise à prélever environ 10,3% du bénéfice 2024, puis 5,15% du bénéfice 2025.
Impact financier sur le groupe
L’ardoise s’annonce salée pour CMA CGM. Selon les estimations, le coût total des deux surtaxes avoisinera les 530 millions d’euros pour 2025, puis 315 millions pour 2026. Ces chiffres, basés sur les prévisions de bénéfices du groupe pour ses activités de fret maritime (environ 4,8 milliards d’euros pour 2024), représentent une ponction significative sur les ressources de l’entreprise.
À lui seul, CMA CGM devrait régler une partie non négligeable de l’effort demandé aux grandes entreprises françaises. En effet, le groupe marseillais contribuera à hauteur de 6% des 8,5 milliards d’euros réclamés aux 440 plus grands groupes tricolores. Une participation qui souligne l’importance du rôle joué par CMA CGM dans l’économie nationale, mais pose également la question de l’équité de cette mesure fiscale.
Conséquences sur la stratégie d’investissement de CMA CGM
Face à cette ponction fiscale, CMA CGM se voit contraint de revoir sa stratégie d’investissement. Ramon Fernandez, le directeur financier du groupe, a déclaré que sur les deux prochaines années, ce sont 800 millions d’euros qui ne pourront pas être injectés dans les projets initialement prévus. Cette situation est d’autant plus préoccupante que le groupe réinvestit habituellement entre 80% et 90% de son résultat net dans son outil de production ou sa diversification.
Parmi les investissements menacés, la décarbonation de la flotte figure en première ligne. CMA CGM avait prévu d’investir massivement dans de nouveaux navires fonctionnant au GNL ou au méthanol, des technologies cruciales pour réduire l’empreinte carbone du transport maritime. Ces projets, essentiels pour l’avenir du secteur et la lutte contre le changement climatique, pourraient être retardés ou redimensionnés en raison de la pression fiscale.
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— CMA CGM Group (@cmacgm) October 15, 2024
Enjeux et préoccupations pour l’avenir
La direction de CMA CGM ne cache pas son inquiétude quant aux conséquences de cette taxe sur sa compétitivité internationale. Dans un secteur où la concurrence est féroce, le groupe craint que cette contribution exceptionnelle ne crée un « désavantage compétitif » par rapport à des concurrents moins taxés. Cette situation pourrait, à terme, affaiblir la position de CMA CGM sur l’échiquier mondial du transport maritime.
Il est crucial de rappeler l’importance stratégique du secteur maritime pour l’économie française. CMA CGM emploie 20 000 personnes dans l’Hexagone, dont 5 000 à Marseille et un millier au Havre. De plus, 90% des marchandises arrivent en France par la mer. Ces chiffres soulignent l’enjeu de maintenir un secteur maritime fort et compétitif, capable de soutenir l’économie nationale et de garantir la souveraineté logistique du pays.