Résumé :
- Le conseil d’administration d’Intel est en crise, avec 7 membres sur 11 sans expérience dans les semi-conducteurs.
- Les retards de production d’Intel sur la technologie 10nm ont permis à TSMC de prendre l’avantage.
- Intel a privilégié les rachats d’actions (36 milliards de dollars) au détriment des investissements dans la production (38 milliards), fragilisant sa position technologique.
- La perte du monopole x86 se concrétise avec le départ d’Apple vers ses propres puces ARM, démontrant la vulnérabilité d’Intel face aux nouvelles architectures.
- La culture d’entreprise s’est détériorée depuis la nomination du premier PDG non-ingénieur, privilégiant les pratiques commerciales agressives à l’innovation technique.
Un conseil d’administration déconnecté des réalités technologiques
Le constat est accablant : sur les 11 membres du conseil d’administration d’Intel, 7 n’ont aucune expérience dans le secteur des semi-conducteurs. Cette situation explique en partie les décisions désastreuses prises ces dernières années. Seul Stacy J. Smith, arrivé récemment en remplacement de Lip-Bu Tan, possède une expérience significative dans l’industrie.
Des erreurs stratégiques qui ont coûté cher
Le déclin d’Intel a commencé avec les difficultés de production en 10 nanomètres. Alors que TSMC respectait ses délais de production, Intel a accumulé trois années de retard. Cette période a été particulièrement critique : pendant qu’Intel peinait à maîtriser sa technologie, TSMC avait déjà produit plus de 500 000 wafers, élément fondamental dans la fabrication des semi-conducteurs, en 7nm et préparait sa transition vers le 5nm.
Une culture d’entreprise gangrenée depuis des années
Le virage vers une culture moins technique remonte à la nomination de Paul Otellini, premier PDG non-ingénieur d’Intel. Sous sa direction, l’entreprise s’est concentrée sur des pratiques commerciales agressives, notamment en versant des sommes considérables aux fabricants d’ordinateurs pour exclure AMD du marché. Dell, par exemple, a reçu environ 4,3 milliards de dollars dans le cadre de ces arrangements.
La fin de l’hégémonie x86
L’avantage historique d’Intel reposait sur deux piliers : sa supériorité technologique dans la fabrication et son monopole sur l’architecture x86. Aujourd’hui, ces deux atouts se sont effrités. L’exemple le plus frappant est Apple, qui a abandonné Intel pour ses propres puces ARM, démontrant qu’une alternative à x86 est non seulement possible mais peut être plus performante.
Les choix financiers au détriment de l’innovation
Sous la direction de Bob Swan, ancien directeur financier, Intel a privilégié les rachats d’actions au détriment des investissements technologiques. L’entreprise a consacré 36 milliards de dollars aux rachats d’actions, presque autant que les 38 milliards investis dans les capacités de production, une stratégie questionnable pour une entreprise en perte de vitesse technologique.
INTEL IS BEING KICKED OUT OF THE DOW JONES AFTER 25 YEARS AND IS BEING REPLACED BY NVIDIA
— GURGAVIN (@gurgavin) November 1, 2024
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Un avenir incertain qui inquiète l’industrie
Le retour aux fondamentaux x86 et la réduction des investissements dans les unités de production marquent un tournant dangereux pour Intel. Cette stratégie, décidée par un conseil d’administration majoritairement inexpérimenté dans le secteur, pourrait accélérer le déclin de l’entreprise face à des concurrents comme TSMC et AMD, qui continuent d’innover et d’investir massivement dans leur outil de production.
Les défis cruciaux pour Intel des prochains mois
La survie d’Intel dépendra de sa capacité à retrouver son leadership technologique et à réinventer sa culture d’entreprise. Le marché des semi-conducteurs connaît une transformation majeure, et la pression monte sur le géant américain pour qu’il prouve sa capacité d’adaptation. Les prochains mois seront décisifs pour démontrer si Intel peut encore se réinventer ou si nous assistons à la fin d’une ère dans l’industrie technologique.