Résumé :
- L’action Hermès a été multipliée par 9,5 en 10 ans, contre 4,3 pour LVMH, portant sa capitalisation à 282 milliards d’euros, s’approchant des 346 milliards de LVMH.
- Hermès a connu une croissance de 14% en 2024 quand LVMH accusait une baisse de 2%, grâce à une clientèle plus fidèle et moins sensible aux crises économiques.
- Hermès affiche une rentabilité des fonds propres estimée à 27% pour 2025, contre 19% pour LVMH, renforçant son attractivité boursière.
- Hermès se négocie à 57 fois ses bénéfices attendus en 2025, contre 25 fois pour LVMH, ce qui pourrait limiter son potentiel à court terme.
- Si la tendance actuelle se maintient sur le long terme, Hermès pourrait devenir la première capitalisation du CAC 40, bien que les experts recommandent la prudence à court terme.
L’ultra-luxe, une forteresse imprenable
Les chiffres donnent le vertige. Alors que l’action LVMH a été multipliée par 4,3 en dix ans – performance déjà remarquable – celle d’Hermès a pulvérisé les compteurs avec un multiplicateur de 9,5 sur la même période ! Cette ascension fulgurante porte désormais la capitalisation d’Hermès à 282 milliards d’euros, talonnant les 346 milliards du numéro un.
Comment expliquer cette surperformance spectaculaire ? La réponse se trouve dans le positionnement stratégique d’Hermès, fermement ancré dans l’ultra-luxe. Ce segment très particulier semble immunisé contre les turbulences économiques qui affectent le reste du marché.
Tandis que la clientèle simplement « aisée » peut réduire ses dépenses en période difficile, les ultra-riches continuent d’acheter des sacs Birkin et Kelly sans sourciller. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, quand LVMH accusait une décroissance de 2%, Hermès affichait une progression de 14% de son chiffre d’affaires.
La marque au carré orange bénéficie d’une aura presque mystique. Ses produits, devenus de véritables objets de culte, suscitent un désir que les analystes qualifient de « plus fort » que celui généré par les nombreuses maisons de LVMH. Cette fidélité inébranlable de la clientèle se traduit par une rentabilité financière impressionnante : 27% attendus pour l’exercice en cours, contre 19% pour son rival.
La course au trône du CAC 40 est lancée
Mi-février, un événement symbolique s’est produit : Hermès a brièvement franchi le cap des 300 milliards d’euros de capitalisation boursière avant de subir quelques prises de bénéfices. Un signal fort qui laisse entrevoir la possibilité, jadis impensable, de voir Hermès détrôner LVMH comme première capitalisation du CAC 40.
Si la tendance actuelle se maintient à long terme, ce scénario n’a rien d’une chimère. Toutefois, les experts tempèrent l’enthousiasme pour le court terme. La valorisation d’Hermès atteint des sommets vertigineux – 57 fois ses bénéfices attendus pour 2025 – quand LVMH se négocie à 25 fois les siens.
Cette différence de valorisation pourrait jouer en faveur du groupe de Bernard Arnault dans un avenir proche. Oddo BHF recommande d’ailleurs « une certaine circonspection » face à l’ampleur de la revalorisation observée sur l’action Hermès.
Un symbole de l’évolution du marché du luxe
Cette bataille boursière illustre parfaitement les mutations profondes du secteur du luxe. D’un côté, le modèle LVMH fondé sur la diversification et la conquête de multiples segments du marché. De l’autre, l’approche Hermès, concentrée sur l’exclusivité absolue et la rareté organisée.
Ce duel financier passionnant dépasse largement le cadre de la Bourse. Il questionne la définition même du luxe à notre époque : l’accessibilité contrôlée d’un côté, l’exclusivité radicale de l’autre.
La question reste entière : verrons-nous prochainement Hermès coiffer LVMH au poteau et s’installer sur le trône du CAC 40 ? Si les tendances actuelles se confirment, cette révolution silencieuse pourrait bien devenir réalité dans les années à venir, redéfinissant complètement la hiérarchie du luxe français et mondial.
