Résumé :
- Apple a reporté le lancement de la nouvelle version de Siri améliorée par l’IA
- Ce retard accentue l’écart avec ses concurrents Samsung et Google
- L’iPhone 16 ne propose pas les fonctionnalités IA annoncées lors de sa présentation
- La crédibilité d’Apple comme leader technique est remise en question
- Malgré ces difficultés, Apple conserve sa position de première capitalisation mondiale
- Les experts estiment qu’Apple pourrait encore se rattraper grâce à son historique technologique
Dans le paysage technologique actuel, Apple a longtemps fixé les normes et orienté les tendances. Pourtant, l’entreprise californienne semble désormais distancée dans le domaine de l’intelligence artificielle, devenue indispensable. Le récent ajournement du lancement de la nouvelle mouture de Siri, qui devait intégrer des capacités d’IA générative avancées, représente un moment décisif pour la marque à la pomme.
Ce report amène à questionner si Apple peut encore conserver son image pionnière et répondre aux exigences croissantes des utilisateurs, alors que l’IA redéfinit désormais toutes les règles du jeu. Les actionnaires et experts du secteur observent avec attention comment la firme à la pomme tentera de recoller au peloton de tête dans cette technologie qui révolutionne rapidement tous les aspects de l’informatique moderne.
Le report d’Apple Intelligence : un aveu de faiblesse
La conférence des développeurs (WWDC) de juin et la présentation de l’iPhone 16 en septembre dernier avaient généré beaucoup d’attentes. Apple avait annoncé une transformation avec son programme d’IA générative nommé « Apple Intelligence« , censé métamorphoser Siri en assistant vocal nettement supérieur. Néanmoins, ces engagements restent non tenus.
Au début du mois de mars, Apple a reconnu publiquement avoir besoin de plus de temps que prévu pour finaliser ces fonctionnalités, prévoyant leur déploiement dans l’année à venir. Cet aveu a provoqué des remous considérables dans le secteur technologique.
John Gruber, journaliste spécialisé qui suit Apple depuis plus de vingt ans, s’est montré particulièrement sévère dans son blog largement repris. Il accuse directement Apple d’avoir manqué de transparence concernant l’avancement de son programme d’IA générative. D’après lui, cet épisode a sérieusement entamé la réputation d’Apple, jusque-là regardée comme la société la plus fiable du domaine technologique.
Ses commentaires tranchants témoignent d’une déception profonde face aux promesses non honorées par Apple.
Samsung et Google prennent l’avantage et distancent Apple dans l’IA
Pendant que Samsung et Google enrichissent déjà leurs appareils de fonctions d’IA sophistiquées, Apple peine à tenir le rythme. Depuis septembre, les produits Apple ont certes reçu quelques nouveautés liées à l’IA, comme le « Genmoji » permettant de personnaliser ses émojis. Toutefois, ces ajouts ont été largement jugés superficiels ou simplement imitatifs d’applications existant ailleurs.
Avi Greengart du cabinet Techsponential expose la situation sans détour. Selon l’analyste, Apple a subi un revers important après avoir fait une grande promotion autour d’Apple Intelligence, alors que la plupart des fonctionnalités promises étaient absentes de l’iPhone 16. Il note également que les réactions médiatiques à ce retard ont terni davantage l’image de la marque.
L’analyste David Vogt d’UBS a même alerté que l’absence probable d’innovations IA dans le futur iPhone 17 risquait d’affecter significativement les ventes du produit phare d’Apple. Cette perspective inquiète particulièrement pour une société dont les revenus liés à l’iPhone ont atteint 201 milliards de dollars lors de l’exercice 2024.
La comparaison avec les concurrents devient de moins en moins favorable à Apple. Tandis que Google affine son assistant et que Samsung intègre des capacités d’IA générative dans ses derniers modèles, Apple semble avoir raté une étape stratégique majeure.
Le dilemme d’Apple : Protection des données ou puissance de l’IA ?
Marcus Collins, professeur de marketing à l’université du Michigan, remarque que cette situation contraste avec « l’Apple de l’époque Steve Jobs« . Pour expliquer ce décalage, il évoque notamment la protection des données personnelles, principe fondamental d’Apple, que l’intégration de l’IA générative rend bien plus complexe.
En effet, les systèmes d’IA générative requièrent généralement l’accès à des volumes importants de données personnelles pour fonctionner efficacement, ce qui contredit la philosophie de confidentialité qu’Apple a toujours défendue. Ce paradoxe constitue un obstacle technique et stratégique considérable pour l’entreprise.
Par ailleurs, la comparaison avec d’autres initiatives dans le domaine, comme la nouvelle version d’Alexa présentée par Amazon en février, souligne davantage le retard d’Apple. Cette refonte de l’assistant vocal d’Amazon est vue comme l’exemple le plus abouti d’assistant IA actuel, mais elle n’existe que sur enceinte connectée, pas sur smartphone – un territoire où Apple pourrait encore se distinguer.
La complexité technique de l’IA générative, associée à la volonté d’Apple de proposer des solutions respectueuses de la vie privée, forme une barrière supplémentaire que l’entreprise doit surmonter pour rattraper son retard.
La puissance financière d’Apple maintient l’empire debout face aux tempêtes
Malgré ces obstacles, Apple conserve des avantages substantiels. Après une baisse initiale suite à l’annonce du report, le cours de l’action s’est vite redressé. Apple maintient sa place de première capitalisation mondiale, avec une valeur d’environ 3.300 milliards de dollars, démontrant la confiance persistante des investisseurs.
Néanmoins, des signaux préoccupants se multiplient. Les ventes décevantes du Vision Pro, le casque de réalité virtuelle qui représente le seul produit entièrement nouveau lancé par Apple depuis dix ans, ont forcé le groupe à réduire sa production. Cette situation pourrait indiquer d’autres faiblesses dans la capacité d’Apple à créer des produits novateurs.
Cependant, comme le précise Avi Greengart, personne ne propose encore de système d’IA véritablement complet, ce qui laisse à Apple une marge de manœuvre pour combler son retard. L’essor des agents IA annonce des interfaces capables de transformer l’expérience utilisateur, en permettant par exemple de retrouver une photo par simple description vocale ou d’organiser des réservations au restaurant en quelques mots.
Marcus Collins rappelle d’ailleurs qu’Apple n’a jamais été le premier à lancer un iPod ni un smartphone, mais que leur approche originale a finalement conquis le marché. Il estime que malgré leur retard dans le domaine de l’IA, les consommateurs resteront attentifs aux propositions d’Apple, suggérant que la firme pourrait encore inverser la tendance grâce à son passé d’inventivité et sa faculté à repenser les usages.