Résumé :
- TSMC stoppe immédiatement l’envoi de puces avancées vers la Chine
- Cette décision fait suite à la découverte d’une puce TSMC dans un processeur Huawei Ascend 910B
- Les géants chinois de l’IA comme Baidu et Horizon Robotics se retrouvent directement menacés
- Le chiffre d’affaires de TSMC avec la Chine, déjà en baisse de 40% depuis 2019, risque de s’effondrer davantage
La guerre technologique sino-américaine vient de connaître un nouveau rebondissement spectaculaire. Ce lundi 11 novembre, le fabricant taïwanais TSMC, leader mondial des semi-conducteurs, a dû suspendre brutalement ses livraisons de puces avancées vers la Chine. Cette décision, imposée par Washington, intervient dans un contexte déjà tendu, alors qu’une puce TSMC a été mystérieusement découverte dans un processeur Huawei pourtant soumis à de strictes restrictions commerciales.
Une décision américaine aux lourdes conséquences
La découverte d’une puce TSMC dans le processeur Ascend 910B de Huawei a mis le feu aux poudres. Cette révélation embarrassante soulève de nombreuses questions sur l’efficacité des contrôles à l’exportation et a poussé Washington à réagir fermement. Le Département du Commerce américain n’a pas hésité à imposer un arrêt total des livraisons pour enquêter sur d’éventuels détournements de composants vers des entreprises blacklistées.
Les restrictions visent spécifiquement les puces gravées en 7 nanomètres ou moins, des composants critiques pour le développement de l’intelligence artificielle et le traitement graphique avancé. Cette précision technique n’est pas anodine : elle cible directement le cœur de l’innovation chinoise dans le domaine de l’IA.
L’impact se fait déjà sentir chez plusieurs géants technologiques chinois. Baidu, Horizon Robotics et d’autres acteurs majeurs du secteur se retrouvent soudainement privés d’accès à des composants essentiels pour leurs développements en IA. Le cas de Sophgo est particulièrement révélateur : l’entreprise a vu ses livraisons suspendues après que ses designs ont été jugés étrangement similaires à ceux de Huawei.
Un nouveau chapitre dans la guerre technologique
Pour TSMC, le coup est rude. Le fabricant taïwanais, qui avait déjà vu sa part de marché en Chine chuter depuis 2019, fait face à une nouvelle contraction forcée de ses activités. Cette situation illustre parfaitement la position délicate des entreprises taïwanaises, prises en étau entre les exigences américaines et le marché chinois.
Cette décision s’inscrit dans une stratégie américaine plus large visant à freiner les ambitions technologiques chinoises. Après avoir déjà restreint les exportations de puces Nvidia, Washington resserre encore l’étau. Les législateurs américains, tant républicains que démocrates, poussent même pour un renforcement supplémentaire des contrôles à l’exportation, jugeant les mesures actuelles insuffisantes.
Face à cette pression croissante, la Chine accélère sa quête d’autonomie technologique. Le pays intensifie ses investissements dans le développement d’une industrie nationale des semi-conducteurs, cherchant à s’affranchir de sa dépendance aux technologies étrangères. Cette situation rappelle étrangement celle de 2020, lorsque Huawei s’était retrouvé brutalement privé d’accès aux technologies américaines, mais l’impact pourrait cette fois-ci être bien plus large.
The U.S. ordered Taiwan Semiconductor Manufacturing Co to halt shipments of advanced chips to Chinese customers that are often used in artificial intelligence applications starting Monday, according to a person familiar with the matter. https://t.co/Z3Yce8mweY
— NEWSMAX (@NEWSMAX) November 10, 2024
Vers une reconfiguration du marché des semi-conducteurs
L’industrie chinoise de l’IA se trouve à un tournant critique. Les entreprises doivent désormais faire face à un double défi : maintenir leur développement technologique tout en cherchant des alternatives aux puces TSMC. Cette situation pourrait accélérer l’émergence de solutions locales, même si le retard technologique reste considérable.
La quête d’autonomie technologique de la Chine prend ainsi une nouvelle dimension. Les investissements massifs dans le secteur des semi-conducteurs pourraient redessiner la carte mondiale de l’industrie. Des entreprises comme SMIC, le principal fabricant chinois de puces, se retrouvent en première ligne pour combler le vide laissé par TSMC.
Le marché mondial des semi-conducteurs entre dans une phase de reconfiguration majeure. L’isolement technologique croissant de la Chine pourrait conduire à l’émergence de deux écosystèmes distincts : l’un dominé par les technologies occidentales, l’autre centré sur les solutions chinoises. Cette divergence technologique risque d’avoir des répercussions durables sur l’innovation mondiale en matière d’IA.