Résumé :
- Les patrons du CAC 40 touchent en moyenne 7,1 millions d’euros par an, soit une hausse de 6% par rapport à 2022
- Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes, domine le classement avec 46,8 millions d’euros annuels, deux fois plus que le deuxième du classement.
- Les trois quarts des dirigeants de PME gagnent moins de 4 000 euros mensuels
- Le salaire fixe ne représente que 20% de la rémunération totale des dirigeants du CAC 40
Une explosion des rémunérations qui interroge
La reprise post-Covid semble avoir particulièrement profité aux grands patrons français. Depuis 2019, leurs rémunérations ont bondi de 37%, atteignant une moyenne de 7,1 millions d’euros annuels en 2023. Cette augmentation spectaculaire contraste violemment avec la situation des dirigeants de PME, dont les trois quarts doivent se contenter d’un salaire inférieur à 4 000 euros mensuels.
Cette disparité croissante dessine les contours d’une France économique à deux vitesses. D’un côté, une élite dirigeante dont les revenus atteignent des sommets vertigineux, de l’autre, la grande majorité des patrons français qui font face aux réalités économiques quotidiennes. Un fossé qui pose question, notamment dans un contexte où la cohésion sociale est plus que jamais nécessaire.
Le Top 3 des patrons les mieux payés : des profils qui détonnent
Au sommet de cette pyramide dorée trône la 150eme fortune française, Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes. Avec une rémunération annuelle de 46,8 millions d’euros en 2023, il pulvérise tous les records. Un montant qui représente plus de 970 années de salaire pour un patron de PME moyen. À la tête de cette filiale du groupe Dassault spécialisée dans les logiciels de conception, Charlès incarne la réussite d’une entreprise française devenue leader mondial dans son domaine.
La deuxième marche du podium est occupée par Ilham Kadri, avec une rémunération de 23 millions d’euros. Son parcours est particulièrement remarquable : cette dirigeante marocaine a piloté le groupe belge Solvay jusqu’en novembre 2023, avant de prendre les rênes de Syensqo, née de la scission de l’entreprise. Un changement de cap qui n’a visiblement pas affecté sa rémunération.
Complétant ce trio de tête, Carlos Tavares, le patron de Stellantis, affiche une rémunération de 17,8 millions d’euros. À la tête d’un empire automobile regroupant une quinzaine de marques prestigieuses (Peugeot, Citroën, Fiat, Alfa Romeo, Opel, Maserati), il supervise l’un des plus grands groupes automobiles mondiaux.
Les secrets derrière ces rémunérations astronomiques
Derrière ces chiffres spectaculaires se cache une réalité méconnue : le salaire fixe ne représente en moyenne que 20% de la rémunération totale des dirigeants du CAC 40. L’essentiel de leurs revenus provient d’un savant mélange d’avantages complémentaires : bonus annuels, primes de performance, jetons de présence, stock-options et actions gratuites constituent la plus grande partie de leur rémunération.
Ce système complexe s’apparente, selon les experts de BFM Business, au « marché des footballeurs ». Les grandes entreprises françaises, en compétition avec les multinationales étrangères, doivent en effet proposer des packages de rémunération attractifs pour attirer et retenir les « meilleurs éléments ». Une logique de marché qui explique, sans forcément la justifier, cette inflation galopante des salaires au sommet de la pyramide économique française.