Le pétrole et l’or grimpe sur fond de crise aux États-Unis

Le baril a repris des couleurs ce lundi 17 mars, galvanisé par un cocktail explosif de tensions géopolitiques et d'optimisme économique venu d'Asie. Une bouffée d'oxygène pour un marché pétrolier qui cherchait désespérément un second souffle.

LE pétrole et l'or grimpe sur fond de crise aux USA

Résumé :

  • Les prix du pétrole ont bondi de plus de 1% (Brent à 71,33$ et WTI à 67,94$) suite aux tensions géopolitiques au Yémen et aux nouvelles mesures chinoises de stimulation de la consommation.
  • La Chine a dévoilé un ensemble de mesures pour stimuler sa demande intérieure, notamment l’augmentation des revenus et des subventions pour la garde d’enfants.
  • Des inquiétudes de récession pèsent sur les États-Unis, avec le secrétaire au Trésor Scott Bessent qui n’a pas exclu cette possibilité.
  • Les marchés boursiers asiatiques progressent tandis que les contrats à terme américains reculent.
  • L’or a atteint un niveau record proche de 3 000$ l’once, tandis que le dollar se maintient près d’un plus bas de cinq mois.

Les cours du pétrole ont grimpé de plus de 1% dès l’ouverture des marchés asiatiques. Le Brent, référence internationale, s’est hissé à 71,33 dollars le baril, tandis que son cousin américain, le West Texas Intermediate (WTI), a grimpé jusqu’à 67,94 dollars. Derrière cette hausse subite ? Un cocktail détonnant de facteurs qui a mis le feu aux poudres.

Le Yémen au cœur des tensions

La mèche a été allumée ce week-end par le secrétaire américain à la Défense. Son message est limpide : Washington continuera de frapper les Houthis yéménites tant que ceux-ci persisteront à menacer la navigation commerciale en mer Rouge. Une déclaration qui a immédiatement ravivé les craintes de perturbations dans l’approvisionnement mondial de pétrole.

« Nous assistons à la résurgence des tensions géopolitiques », analyse Tony Sycamore, expert chez IG. « Si le pétrole brut dépasse les 68,50 dollars, je pense que cela pourrait vraiment déclencher un mouvement de couverture de positions courtes sur le marché. »

La Chine redonne espoir au marché

Mais ce n’est pas tout. L’autre locomotive de cette hausse vient de l’Empire du Milieu. Pékin a dévoilé dimanche un arsenal de mesures destinées à doper la consommation intérieure de la deuxième économie mondiale.

Au menu : augmentation des revenus des ménages, mise en place d’un système de subventions pour la garde d’enfants… Des annonces qui interviennent quelques jours seulement après que l’autorité financière chinoise a promis d’assouplir les quotas et les conditions des crédits à la consommation.

« Nous observons une attention considérable portée à l’augmentation tant de la capacité que de la volonté des ménages de consommer« , explique Lynn Song, économiste en chef pour la Grande Chine chez ING. « Nous pensons que l’accent mis cette année sur la relance de la consommation, combiné à la base relativement faible de l’an dernier, aidera la croissance de la consommation à se redresser pour atteindre une progression à un chiffre moyen en 2025. »

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De quoi faire saliver les marchés, alors que la demande chinoise reste l’un des principaux moteurs du marché pétrolier mondial. Les investisseurs attendent désormais avec impatience la conférence de presse prévue aujourd’hui, où les responsables de l’agence de planification chinoise devraient détailler des mesures supplémentaires pour stimuler la consommation domestique.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production industrielle chinoise a bondi de 5,9% sur les deux premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’an dernier, dépassant largement les attentes des analystes.

L’Amérique fait grise mine

Contraste saisissant avec les États-Unis, où l’ambiance est nettement moins festive. Les contrats à terme sur les indices boursiers américains ont plongé, le Nasdaq perdant 0,44% et le S&P 500 reculant de 0,4% pendant la session asiatique.

Et pour cause : le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a jeté un pavé dans la mare ce dimanche en déclarant qu’il n’y avait « aucune garantie » contre une récession aux États-Unis. Des propos qui font écho à ceux du président Donald Trump, qui avait lui-même refusé, une semaine plus tôt, de prédire si le pays pourrait échapper à un retournement économique.

« Quand vous avez les deux principaux dirigeants – le président Trump et son bras droit pour les affaires économiques – qui refusent d’écarter l’hypothèse d’une récession, cela nous avertit que des temps plus agités nous attendent« , analyse Tony Sycamore. « Et cela suggère qu’ils sont prêts à accepter cette douleur à court terme pour obtenir une victoire à plus long terme. »

L’Europe entre deux eaux

Pendant ce temps, l’Europe tente de tirer son épingle du jeu. Les contrats à terme européens ont légèrement progressé, portés par le plan de relance budgétaire allemand destiné à renforcer la défense et à raviver la croissance de la première économie européenne.

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La commission budgétaire du parlement allemand a approuvé dimanche ce projet, qui comprend un fonds de 500 milliards d’euros (540 milliards de dollars) pour les infrastructures et des modifications des règles d’emprunt.

La semaine décisive des banques centrales

Cette semaine s’annonce chargée avec une série de réunions de banques centrales, notamment celle de la Réserve fédérale américaine. La Fed devrait maintenir ses taux inchangés à l’issue de sa réunion de mercredi, mais tous les regards seront tournés vers les indices qu’elle pourrait donner sur la trajectoire future de sa politique monétaire.

Du côté japonais, la Banque du Japon (BOJ) devrait également conserver ses taux inchangés cette semaine, même si la plupart des économistes s’attendent à un nouveau resserrement de sa politique plus tard dans l’année.

L’or au firmament, le dollar en berne

Dans ce contexte agité, l’or continue sa course folle et frôle désormais les 3 000 dollars l’once, après avoir franchi ce seuil symbolique pour la première fois vendredi dernier. Une preuve supplémentaire de l’appétit des investisseurs pour les valeurs refuges en ces temps incertains.

Le dollar, quant à lui, fait grise mine et évolue près d’un plus bas de cinq mois face à un panier de devises. La nervosité des investisseurs et les inquiétudes concernant l’imprévisibilité des politiques de Trump et leur impact potentiel sur la croissance américaine ont plombé le billet vert, qui a chuté de plus de 4% depuis le début de l’année.

L’euro, de son côté, se maintient à un niveau élevé, proche d’un plus haut de cinq mois, et s’échange à 1,0882 dollar. La semaine ne fait que commencer, mais elle s’annonce déjà riche en rebondissements sur les marchés mondiaux.

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