Résumé :
- Le gouvernement table sur 9 milliards d’euros de retombées sur 15 ans
- La Banque de France prévoit une hausse de 0,5% de la croissance au 3ème trimestre 2024
- Le secteur touristique a connu une hausse de 16% des nuitées pendant les JO
- Certains économistes tempèrent l’enthousiasme, évoquant un impact limité à long terme
- Des professionnels du tourisme hors zones de compétition ont souffert de l’événement
- L’héritage en infrastructures et le rayonnement international sont des atouts pour l’avenir
La flamme olympique s’est éteinte, laissant place aux calculatrices. Après deux semaines de compétitions intenses et de performances sportives exceptionnelles, l’heure est au bilan économique des Jeux Olympiques de Paris 2024. Si les médailles ont brillé sur les podiums, qu’en est-il des retombées financières tant promises ?
Entre les déclarations enthousiastes du gouvernement et les mises en garde de certains économistes, le débat fait rage. Ces Jeux, qui ont coûté 8,8 milliards d’euros, seront-ils vraiment le tremplin économique espéré pour la France ? Plongeons dans les chiffres et les réalités de terrain pour comprendre les véritables enjeux économiques de cet événement planétaire.
Les chiffres encourageants des JO 2024
Le gouvernement français ne cache pas sa satisfaction quant aux retombées économiques des Jeux Olympiques de Paris 2024. Olivia Grégoire, ministre déléguée des entreprises et du tourisme, affiche un optimisme débordant :
« N’en déplaise aux esprits chagrins, ces Jeux, qui ont coûté 8,8 milliards d’euros constitués en grande partie d’investissements privés, rentreront largement dans leurs frais »
Les chiffres avancés sont pour le moins impressionnants. La ministre table sur pas moins de 9 milliards d’euros de retombées économiques pour les quinze prochaines années. Une prévision qui, si elle se concrétise, ferait effectivement des JO 2024 une opération rentable pour l’économie française.
Les Jeux Olympiques se terminent et la France a été au rendez-vous de l’esprit olympique, forte de ses valeurs.
— Olivia Gregoire (@oliviagregoire) August 11, 2024
Merci à nos athlètes d’avoir repoussé leurs limites, merci tous ceux qui ont rendu ces moments magiques possibles ! #paris2024 pic.twitter.com/sBRehqn3Lx
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une augmentation de 16% des nuitées sur l’ensemble des villes hôtes, avec un pic de 20% en Île-de-France. Ces données confirment l’attrait des Jeux Olympiques pour les touristes du monde entier, venus assister aux compétitions et découvrir la France par la même occasion.
La Banque de France ajoute sa voix au concert des prévisions optimistes. Depuis le 9 août, l’institution anticipe « une hausse significative » de la croissance « de 0,5% au troisième trimestre », dopée par les Jeux. Cette projection, si elle se confirme, représenterait une belle performance pour l’économie française, d’autant plus dans un contexte économique mondial incertain.
Une analyse nuancée des retombées économiques
Cependant, tous les experts ne partagent pas cet enthousiasme débordant. Luc Arrondel, économiste spécialiste du sport, apporte un éclairage plus nuancé sur la question. « Dire que ça peut booster l’économie d’un pays serait une erreur », affirme-t-il. « Sinon tous les pays en organiseraient. »
Selon les études menées par Arrondel et ses collègues, l’impact économique à court terme des JO 2024 est estimé à environ 4 milliards d’euros. Un chiffre non négligeable, certes, mais qui doit être mis en perspective avec les coûts engendrés.
En effet, le coût pour le contribuable français est estimé entre 3,2 et 4 milliards d’euros. Au vu de ces chiffres, Luc Arrondel conclut : « Ça revient à des Jeux à somme nulle« . En d’autres termes, les retombées économiques à court terme compenseraient tout juste les dépenses engagées par l’État.
Il convient toutefois de noter que ces JO font partie « des moins coûteux » selon l’expert, avec des dépassements de budget restés « raisonnables ». Une performance qui mérite d’être soulignée, tant l’organisation des Jeux Olympiques est souvent synonyme de surcoûts importants.
Au-delà des chiffres purement économiques, les Jeux Olympiques laissent un héritage difficile à quantifier mais néanmoins important. La rénovation ou la création de transports, d’infrastructures et de logements bénéficieront durablement aux habitants et aux futurs visiteurs.
De plus, le rayonnement médiatique du pays et de Paris aux yeux du monde est un atout précieux en termes d’image et d’attractivité. Comme le souligne Luc Arrondel, « Au lendemain des JO de Londres, en 2012, une étude a démontré que le bien-être des Anglais était nettement supérieur à celui d’autres pays. » Un effet qui, bien que temporaire, ne doit pas être négligé.
Les défis rencontrés par certains secteurs
Malgré les chiffres encourageants sur les nuitées pendant les Jeux, tous les professionnels du tourisme n’ont pas connu la même réussite. Franck Delvaux, président de l’Umih Île-de-France, principale organisation des professionnels de l’hôtellerie-restauration, dresse un bilan plus contrasté.
« Notre remplissage est certes de 85% pendant la compétition mais de 60% pour juillet à Paris. Et entre les 12 au 24 août, on atteint à peine les 45%, c’est très faible », alerte-t-il. Ces chiffres mettent en lumière un effet de déplacement des touristes habituels, qui ont peut-être choisi d’éviter Paris pendant la période olympique.
Les commerces et restaurants n’ont pas tous profité de l’afflux de visiteurs. Hormis ceux situés à proximité immédiate des sites de compétition, beaucoup ont connu une baisse significative de leur activité. Dans les zones grises, la fréquentation s’est même « effondrée de 70% à 90%« , selon Franck Delvaux.
Cette situation paradoxale s’explique en partie par les restrictions de circulation et les craintes de certains habitants et touristes face à l’affluence attendue. Ces difficultés rencontrées par certains secteurs rappellent l’importance d’avoir une vision globale et nuancée des retombées économiques des Jeux Olympiques. Si l’événement a indéniablement généré des revenus importants, leur répartition n’a pas été uniforme.
Il sera crucial, dans les mois et années à venir, de suivre attentivement l’évolution de ces différents indicateurs économiques pour évaluer l’impact réel à long terme des JO de Paris 2024 sur l’économie française.