Bayrou dégaine le 49.3 pour faire adopter les budgets : un pari risqué pour sortir de l’impasse

Dans un contexte politique tendu, François Bayrou joue une carte décisive. Le Premier ministre annonce qu'il utilisera l'article 49.3 de la Constitution dès lundi pour faire adopter les budgets de l'État et de la Sécurité sociale. Cette décision, révélée dans une interview à La Tribune Dimanche, marque un tournant dans la stratégie gouvernementale pour sortir de l'impasse budgétaire.

François Bayrou dégaine le 49 3
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Résumé :

  • François Bayrou annonce l’utilisation du 49.3 dès lundi pour faire adopter les budgets de l’État et de la Sécurité sociale 2025
  • Le texte issu de la Commission mixte paritaire prévoit 5 milliards d’euros de dépenses supplémentaires tout en maintenant le déficit à 5,4% du PIB
  • Une motion de censure est attendue de la part de LFI, avec le soutien probable des communistes et écologistes, tandis que le PS et le RN n’ont pas encore annoncé leur position
  • Lionel Jospin apporte son soutien au Premier ministre en appelant la gauche à ne pas voter la censure
  • Huit grands chantiers sont annoncés par Bayrou, dont l’éducation, la sécurité, le climat et l’immigration

Une utilisation stratégique du 49.3 pour débloquer la situation

Le Premier ministre justifie sa décision par l’urgence de la situation. « Un pays comme le nôtre ne peut pas rester sans budget », affirme François Bayrou, qui compte sur cette procédure pour accélérer l’adoption des textes budgétaires. Le gouvernement s’appuiera sur les conclusions de la commission mixte paritaire (CMP), une version du budget qualifiée d' »historique » par le Premier ministre, car elle résulte d’un compromis entre différentes sensibilités politiques.

La ministre du Budget, Amélie de Montchalin, confirme que l’exécutif conservera « le texte issu de la CMP ». Cette version modifiée du budget initial présenté par Michel Barnier représente un coût supplémentaire estimé à environ 5 milliards d’euros, tout en maintenant l’objectif d’un déficit à 5,4% du PIB.

Le spectre d’une motion de censure plane sur Matignon

L’utilisation du 49.3 n’est pas sans risque pour le gouvernement Bayrou. La France insoumise a déjà annoncé son intention de déposer une motion de censure, qui devrait recevoir le soutien des communistes et des écologistes. L’incertitude demeure quant à la position du Rassemblement National et du Parti socialiste, avec qui le gouvernement négocie depuis plusieurs semaines.

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Face à cette menace, François Bayrou reçoit le soutien de l’ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Ce dernier a jugé sur France 5 qu’une censure « ne serait pas responsable », un message adressé particulièrement au PS et à l’ensemble des forces de gauche.

Des défis majeurs à l’horizon

Au-delà de la bataille budgétaire, François Bayrou esquisse les contours des grands chantiers à venir. Il évoque « huit sommets de l’Himalaya » : l’Éducation nationale, la sécurité et la justice, l’outre-mer, la production industrielle et agricole, le changement climatique, la santé, la question migratoire, et les retraites.

Le Premier ministre fait également face à des pressions de la droite. Laurent Wauquiez, chef des députés LR, rappelle son opposition « ferme » à de nouvelles hausses d’impôts et attend des actions concrètes en matière de sécurité et d’immigration.

La fin de vie, un dossier sensible scindé en deux

Dans ce contexte politique chargé, François Bayrou aborde également la question de la fin de vie. Il justifie sa décision de diviser le projet de loi en deux textes distincts : l’un sur les soins palliatifs, qu’il considère comme un « devoir imprescriptible » de la société, l’autre sur l’assistance à mourir, une question de droit soulevant des « débats de conscience extrêmement lourds ». Il assure néanmoins que ces deux textes seront examinés simultanément.

Le budget 2025, un test crucial pour la méthode Bayrou

La décision d’utiliser le 49.3 représente un moment charnière pour le gouvernement Bayrou. Si le pari est risqué, il pourrait permettre de débloquer une situation politique complexe et d’engager les réformes promises. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir de l’exécutif et sa capacité à gouverner sans majorité absolue à l’Assemblée nationale.

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