Résumé :
- Plus de 52 000 procédures collectives ouvertes depuis début 2024, touchant principalement les PME
- 3 750 emplois supprimés dans deux fleurons nationaux : Auchan et Michelin
- Le secteur automobile particulièrement sinistré avec 24 000 emplois perdus en 5 ans
- Les économistes prévoient une hausse du chômage à 8% d’ici fin 2025
L’onde de choc provoquée par les annonces simultanées d’Auchan et de Michelin en ce début novembre 2024 n’en finit pas de se propager dans l’économie française. Avec respectivement 2 500 et 1 250 suppressions de postes annoncées, ces deux groupes emblématiques donnent le ton d’une fin d’année qui s’annonce particulièrement difficile pour l’emploi dans l’Hexagone.
Mais ces plans sociaux très médiatisés ne sont que la partie émergée d’un iceberg bien plus inquiétant. En coulisses, ce sont des milliers d’entreprises, principalement des PME, qui luttent pour leur survie dans un contexte économique de plus en plus hostile.
Les secteurs traditionnels sous pression
La grande distribution traverse une période de profonde mutation, illustrée par le plan social d’Auchan. Confrontées à la concurrence féroce des plateformes d’e-commerce chinoises et à l’évolution des habitudes de consommation, les enseignes traditionnelles peinent à maintenir leur modèle économique.
La construction et l’immobilier ne sont pas en reste. Plombé par la hausse des taux d’intérêt et l’explosion des coûts des matériaux, le secteur a vu ses effectifs chuter de 2% sur un an. Une situation qui touche autant les grands groupes que les artisans locaux.
Dans l’industrie traditionnelle, le tableau n’est guère plus réjouissant. La plasturgie et l’industrie du papier subissent de plein fouet la concurrence internationale, avec un ratio particulièrement défavorable : cinq fermetures pour deux ouvertures dans la plasturgie, et deux fermetures pour une seule création dans le papier.
🚨 Alerte rouge sur la chimie française : Vencorex est au bord du gouffre !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) October 28, 2024
500 emplois sont menacés, une seule offre de reprise qui sacrifierait 95% des effectifs…
La concurrence asiatique écrase les prix (-30%) et risque de faire tomber la filière comme des dominos… pic.twitter.com/BC8sLo1uKP
L’automobile : symbole d’une crise profonde
Le secteur automobile français vit probablement sa plus grande transformation depuis l’après-guerre. Les chiffres sont éloquents : de 200 000 emplois en 2018, les effectifs sont tombés à 176 000 en 2023, et la tendance s’accélère en 2024.
La liste des entreprises en difficulté s’allonge de semaine en semaine. Après Michelin qui ferme ses usines de Vannes et Cholet, c’est Valeo qui cherche des repreneurs pour trois sites représentant 1 120 emplois. Forvia, autre géant du secteur, prévoit 10 000 suppressions de postes en Europe sur cinq ans.
Les équipementiers plus modestes sont particulièrement touchés. Walor (245 emplois) est en redressement judiciaire, Anderton Castings (53 emplois) en liquidation, tout comme MA France (280 emplois) et Imperial Wheels (176 emplois). Une hécatombe qui s’explique par la conjugaison de plusieurs facteurs : chute des ventes de 15% par rapport à l’avant-Covid, transition électrique coûteuse, et concurrence asiatique agressive.
Une réindustrialisation qui marque le pas
Les efforts de réindustrialisation, tant vantés ces dernières années, semblent marquer le pas. Le premier semestre 2024 n’affiche que 36 ouvertures nettes d’usines, un chiffre en net recul par rapport aux 189 ouvertures de 2023 et aux 176 de 2022.
Ce ralentissement est particulièrement visible dans certains secteurs stratégiques. L’automobile et les transports ont ainsi enregistré 18 fermetures pour seulement 11 créations depuis le début de l’année. Seules les industries « vertes », notamment dans l’éolien, les batteries électriques et le solaire, maintiennent une dynamique positive.
Les facteurs structurels de la crise
Au-delà des difficultés sectorielles, plusieurs facteurs structurels expliquent cette situation. Le premier est l’arrivée à échéance des prêts garantis par l’État accordés pendant la pandémie de Covid-19. Nombreuses sont les entreprises qui peinent à honorer ces remboursements dans un contexte économique tendu.
Plus préoccupant encore, l’écart de compétitivité avec l’Asie se creuse. En trois ans, les coûts de production ont augmenté de 25% en Europe, contre seulement 5% en Chine. Un différentiel qui place l’industrie française dans une position délicate, prise en étau entre la compétitivité-prix chinoise et l’attractivité américaine pour les investissements.
La transformation des modes de consommation bouleverse également les modèles économiques traditionnels. Le commerce en ligne, le télétravail, et les nouvelles attentes des consommateurs en matière environnementale forcent les entreprises à des adaptations coûteuses et parfois douloureuses en termes d’emploi.