Résumé :
- La CGT a analysé 1844 offres d’emploi de France Travail dans 12 villes françaises
- L’étude syndicale révèle que 55% des offres seraient mensongères, illégales ou frauduleuses
- France Travail avait précédemment annoncé seulement 7% d’irrégularités dans ses offres
- La différence significative entre ces chiffres s’explique par des méthodologies d’étude distinctes
- La CGT appelle à la réalisation d’une étude indépendante pour clarifier la situation
Dans les coulisses de l’enquête CGT
Du 26 au 28 août 2024, 14 militants de la CGT ont examiné 1844 offres d’emploi publiées sur la plateforme France Travail. L’étude a couvert 12 villes françaises, incluant Brest, Toulouse, Rennes, Caen, Bordeaux, et d’autres. Les secteurs ciblés étaient la santé, le service à la personne et l’industrie, offrant ainsi un large éventail du marché du travail français.
Outre l’analyse du contenu des annonces, les enquêteurs ont effectué un travail de prospection, allant jusqu’à contacter directement les employeurs pour vérifier la validité des offres. Cette méthode a permis de détecter des irrégularités telles que des offres déjà pourvues, des annonces répétées sous différentes références, ou encore des descriptions de poste incohérentes.
Les résultats de l’étude sont frappants : sur les 1844 offres examinées, 1022 – soit 55% – ont été identifiées comme mensongères, illégales ou frauduleuses. Ce chiffre élevé soulève des inquiétudes quant à la qualité globale des offres disponibles sur la plateforme France Travail.
🚨 France Travail : 55% des offres d’emploi seraient frauduleuses
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) September 2, 2024
Un chiffre qui donne le vertige et soulève des questions cruciales :
❌ CDD promettant un CDI ?
❌ Postes de quelques mois qui se réduisent à quelques jours ?
❌ Fausses annonces pour constituer un fichier ?… pic.twitter.com/h0178baKuN
CGT vs France Travail : le grand écart des statistiques
Antérieurement à l’étude de la CGT, France Travail avait conduit sa propre analyse sur un échantillon de 5000 offres. Les résultats officiels faisaient état d’un taux d’irrégularité de seulement 7%, un chiffre nettement inférieur à celui avancé par le syndicat.
La divergence significative entre les résultats s’explique en grande partie par les différences de méthodologie. France Travail a opté pour un échantillonnage aléatoire, extrayant 2500 offres de son propre réseau et 2500 offres de sites partenaires. En revanche, la CGT a choisi d’examiner l’intégralité des offres disponibles dans les secteurs et zones géographiques ciblés, sans distinction de source.
Un point crucial soulevé par l’étude de la CGT concerne l’origine des offres. Environ 80% des annonces diffusées sur France Travail proviennent de sites partenaires, tels que des agrégateurs d’offres comme Hellowork ou Jobijoba. Ces offres « importées » semblent être particulièrement sujettes aux irrégularités, ce qui soulève des questions sur le processus de vérification mis en place par le service public de l’emploi.
Au-delà du constat : les propositions
Face à l’ampleur des irrégularités constatées, la CGT appelle à la réalisation d’une étude indépendante. Le syndicat suggère que cette analyse soit confiée à la Direction Générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes, un organisme disposant des pouvoirs nécessaires pour mener une enquête approfondie et impartiale.
Le CNTPEP CGT (Comité National des Travailleurs Privés d’Emploi et Précaires) ne se contente pas de pointer du doigt les problèmes. Il formule également des propositions concrètes pour améliorer le service public de l’emploi. Parmi celles-ci figure l’augmentation des moyens humains alloués à France Travail, afin de permettre un meilleur contrôle des offres diffusées. Le syndicat s’oppose également au processus de privatisation en cours dans le secteur, estimant que cela pourrait exacerber les problèmes existants.