Bruno Le Maire quitte Bercy : 7 ans de promesses non tenues et de finances publiques en déroute

Le règne de Bruno Le Maire à Bercy s'achève dans un naufrage économique. Sept ans de "théorie du ruissellement" ont coulé les finances publiques françaises : déficit abyssal à 5,6%, augmentation de la dette de 900 milliards d'euros depuis 2017, et l'Europe qui brandit le carton rouge. Les cadeaux fiscaux aux plus riches n'ont pas ruisselé, laissant la France exsangue. Le ministre quitte le navire, abandonnant à son successeur une économie à la dérive et un pouvoir d'achat en berne. La fin d'une ère, le début d'un casse-tête monumental pour redresser la barre.

Bilan Bruno Le Maire 7 ans
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Résumé :

  • Le déficit public atteint 5,6% du PIB en 2024, loin de l’objectif des 3%
  • La dette publique a explosé de 900 milliards d’euros depuis 2017
  • L’UE a lancé une procédure de déficit excessif contre la France
  • Les baisses d’impôts n’ont pas produit les effets escomptés sur la croissance
  • Bruno Le Maire laisse derrière lui trois défis majeurs pour son successeur

Une politique fiscale contestable : les limites de la « théorie du ruissellement »

Pendant ses sept années à Bercy, Bruno Le Maire a fait le pari d’une politique fiscale inspirée de la « théorie du ruissellement ». Cette approche, qui consiste à réduire la pression fiscale sur les plus aisés et les entreprises dans l’espoir de stimuler l’économie, s’est traduite par des baisses d’impôts massives. Parmi les mesures phares, on peut citer la baisse de l’impôt sur les sociétés, la réduction de l’impôt sur la fortune immobilière, ou encore le retour de la « flat tax » créée par Nicolas Sarkozy.

Cependant, force est de constater que les résultats escomptés ne sont pas au rendez-vous. Si les recettes de l’État ont connu une hausse en 2021 et 2022, portées par une croissance inattendue, elles sont depuis revenues à un niveau plus habituel. Cette normalisation met en lumière les effets réels de la politique de diminution des impôts menée ces dernières années.

Les choix fiscaux de Bruno Le Maire n’ont pas manqué de susciter la controverse. Lors de la dernière commission des finances à l’Assemblée nationale, Eric Coquerel, président de la commission, a accusé le ministre de faire des « cadeaux fiscaux » aux 500 plus grosses fortunes de France. Selon lui, la part de patrimoine de ces dernières aurait doublé entre 2017 et 2023, sans pour autant générer les retombées promises en termes d’emploi ou d’investissement.

Face à ces critiques, Bruno Le Maire maintient sa position : « Je considère qu’il faut d’abord produire la richesse avant de la redistribuer. » Une vision qui ne fait pas l’unanimité parmi les économistes. Clément Carbonnier, professeur à l’Université Paris 8, souligne que pour produire de la richesse, les investissements publics sont tout aussi cruciaux que les investissements privés.

Le bilan de cette politique fiscale en termes de création d’emplois et de stimulation des investissements reste mitigé. Si le taux de chômage a connu une baisse sur la période, il est difficile d’attribuer cette évolution uniquement aux mesures fiscales de Bruno Le Maire. De plus, l’augmentation attendue des investissements privés n’a pas été à la hauteur des espérances, remettant en question l’efficacité de la « théorie du ruissellement » appliquée à la française.

L’échec de la maîtrise des finances publiques

Le départ de Bruno Le Maire est marqué par une annonce qui ternit considérablement son bilan déjà pas radieux : un nouveau dérapage du déficit public. Alors que l’objectif initial était de ramener le déficit à 5,1% du PIB en 2024, les dernières estimations le situent à 5,6% si aucune mesure n’est prise. Cette dégradation est d’autant plus préoccupante que la France s’était engagée auprès de ses partenaires européens à revenir à un déficit de 3% d’ici 2027.

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Pour justifier ce dérapage, Bruno Le Maire et Thomas Cazenave, le ministre délégué aux comptes publics, pointent du doigt l’augmentation rapide des dépenses des collectivités territoriales, qui pèserait à elle seule 16 milliards d’euros dans les comptes 2024. Ils évoquent également des rentrées fiscales moins importantes que prévu, notamment en ce qui concerne la TVA, l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés.

Déficit : Bruno Le Maire monte au créneau et assure que la France peut rester dans les clous

Le mandat de Bruno Le Maire a été marqué par une augmentation de la dette publique. Depuis 2017, celle-ci a bondi de 900 milliards d’euros, atteignant des sommets historiques. Si une partie de cette augmentation peut être attribuée aux différentes crises qui ont jalonné le septennat (Covid-19, crise énergétique, mouvement des Gilets jaunes), les choix politiques du ministre ne sont pas étrangers à cette situation.

Selon les estimations de Raul Sampognaro, économiste à l’OFCE, environ un tiers de cette augmentation, soit 300 milliards d’euros, résulte directement des décisions de politique publique, notamment les baisses d’impôts généralisées. Les 600 milliards restants sont imputables aux diverses crises traversées. Cette explosion de la dette se traduit par une augmentation de la charge de la dette, pesant chaque année un peu plus sur le budget de l’État.

La dégradation des finances publiques françaises n’a pas échappé à l’œil vigilant de Bruxelles. L’Union européenne a récemment lancé une procédure de déficit excessif contre la France, rappelant que les pays membres doivent maintenir leur déficit public annuel en dessous de 3% du PIB et leur dette publique inférieure à 60% du PIB.

Cette procédure est un véritable camouflet pour Bruno Le Maire, qui quitte son poste en laissant la France dans une position délicate vis-à-vis de ses partenaires européens. Elle souligne l’échec du ministre à respecter les engagements pris par la France et met en lumière la fragilité de la situation économique du pays.

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Les défis laissés au prochain ministre de l’Économie

Le successeur de Bruno Le Maire héritera d’une situation budgétaire pour le moins précaire. Pour respecter les engagements européens et ramener le déficit à 3% du PIB d’ici 2027, des mesures drastiques seront nécessaires. Bruno Le Maire lui-même recommande 30 milliards d’euros d’économies dès 2025, suivis de 100 milliards supplémentaires d’ici 2028.

Cependant, ces coupes budgétaires devront être menées dans un contexte de ralentissement économique, ce qui complique considérablement l’équation. Le défi pour le prochain ministre sera de trouver le juste équilibre entre la nécessité de redresser les comptes publics et le risque de plonger le pays dans la récession par des mesures d’austérité trop brutales.

Autre héritage complexe laissé par Bruno Le Maire : la question du pouvoir d’achat. Dans un contexte d’inflation persistante et de croissance atone, les Français sont de plus en plus préoccupés par leur capacité à maintenir leur niveau de vie. Le prochain ministre de l’Économie devra trouver des solutions pour soutenir le pouvoir d’achat sans pour autant aggraver le déficit public.

Cette quadrature du cercle nécessitera une refonte en profondeur de la politique économique française. Il faudra probablement repenser les mécanismes de redistribution, tout en stimulant la croissance de manière plus efficace que ne l’a fait la politique de l’offre prônée par Bruno Le Maire.

Enfin, le successeur de Bruno Le Maire aura la lourde tâche de restaurer la crédibilité de la France sur la scène européenne. La procédure de déficit excessif lancée par l’UE est un coup dur pour l’image du pays, longtemps considéré comme l’un des moteurs de la construction européenne.

Pour regagner la confiance de ses partenaires, la France devra présenter un plan de redressement des finances publiques crédible et tenir ses engagements. Cela passera nécessairement par des réformes structurelles et des choix politiques courageux, que Bruno Le Maire n’a pas su ou pas voulu mettre en œuvre durant son mandat.

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