Résumé :
- Alexander Mashinsky, fondateur de Celsius, condamné à 12 ans de prison pour fraude sur titres financiers
- Plus de 4 milliards de dollars détournés des portefeuilles clients pour des opérations risquées
- La plateforme gérait jusqu’à 25 milliards de dollars avant son effondrement en 2022
- Près de 93% des fonds ont été recouvrés depuis la faillite
- Le secteur crypto tente de se reconstruire malgré la méfiance persistante
Le 8 mai dernier, Alexander Mashinsky, ancien PDG et fondateur de la plateforme Celsius, a été condamné à 12 ans de prison par un tribunal fédéral de Manhattan. Cette décision fait suite à son plaidoyer de culpabilité pour fraude sur titres financiers en décembre 2024. La sentence marque l’aboutissement d’une affaire qui a touché des milliers d’investisseurs à travers le monde.
L’affaire Celsius expose les failles d’un secteur encore peu régulé et soulève des questions sur la sécurité des investissements en cryptomonnaies. Alors que les pertes se chiffrent en milliards, les régulateurs et les investisseurs cherchent à tirer les leçons de ce scandale financier d’envergure.
L’ascension et la chute de Celsius, une plateforme aux promesses alléchantes
Le principe de Celsius était simple : les clients déposaient leurs cryptomonnaies et recevaient des intérêts en retour, avec la possibilité d’investir dans le jeton CEL propre à la plateforme. Cette formule a attiré de nombreux investisseurs, séduits par des rendements supérieurs à ceux des banques traditionnelles.
Lancée en 2017, la société a grandi rapidement pour atteindre un sommet fin 2021. À cette période, Celsius comptait plus d’un million de clients et gérait 25 milliards de dollars d’actifs. Une façade de réussite qui dissimulait de graves problèmes.
Le premier revers pour le marché crypto est arrivé au printemps 2022 avec l’effondrement de Terra (UST), provoquant une inquiétude généralisée. Face à cette situation, Celsius a d’abord tenté de rassurer sa clientèle avant de bloquer en juin l’accès à tous les comptes. Un mois plus tard, l’entreprise déposait le bilan, rendant 4,7 milliards de dollars inaccessibles aux déposants.
Le grand détournement : 4 milliards volatilisés sous les yeux des investisseurs
Les investigations ont mis au jour l’ampleur des malversations chez Celsius. Contrairement à son image publique, la direction avait organisé un détournement systématique des fonds. Plus de 4 milliards de dollars ont été prélevés des comptes clients pour financer des paris risqués et des prêts sans garantie, en contradiction totale avec les engagements pris.
L’enquête a également révélé que les dirigeants manipulaient le cours du jeton CEL, créant une fausse impression de solidité alors que la société était déjà en difficulté. Ces pratiques ont conduit la procureure adjointe du tribunal de Manhattan, Allison Nichols, à désigner Mashinsky comme un « prédateur financier« . Elle a déclaré :
« Il s’est nourri de l’espoir. Mashinsky savait exactement ce qu’il faisait : vendre de l’espoir à ces gens. »
Pendant le procès, plusieurs victimes ont décrit les conséquences désastreuses de cette fraude sur leur vie. Cameron Crewes, porte-parole d’un groupe d’investisseurs, a rappelé que 250 personnes étaient décédées sans avoir vu justice être rendue. Face à ces témoignages, Mashinsky, en larmes, a évoqué ses origines ukrainiennes et nié toute intention de nuire. Ses avocats ont attribué la faillite de Celsius à un « effondrement cataclysmique » du marché crypto plutôt qu’à une fraude délibérée.
Trump et les cryptos : une nouvelle chance pour un secteur en quête de légitimi
L’affaire Celsius s’inscrit dans une série de scandales qui ont secoué le monde des cryptomonnaies en 2022, notamment la chute retentissante de FTX. Ces défaillances ont miné la confiance envers ces nouveaux actifs financiers.
Le secteur tente aujourd’hui de se reconstruire. Les acteurs du marché développent des mesures d’autorégulation, tandis que les législateurs de plusieurs pays renforcent leurs dispositifs pour mieux encadrer ces investissements.
L’élection de Donald Trump pourrait influencer cette dynamique. Le président américain a exprimé dès son arrivée à la Maison-Blanche son soutien aux cryptomonnaies, ce qui pourrait créer un cadre plus favorable pour ces entreprises. Cependant, cette position ne doit pas faire oublier les risques de ce marché, comme le démontre l’affaire Celsius.
Pour les clients lésés, une note positive subsiste : environ 93% des fonds ont été récupérés depuis la faillite. Un pourcentage relativement élevé qui ne compense cependant pas entièrement les dommages financiers et personnels subis par les victimes de cette fraude massive.