Résumé :
- Safran a proposé des mesures correctives à la Commission européenne pour obtenir l’approbation de son acquisition des activités de commandes de vol de Collins Aerospace.
- La Commission a repoussé sa décision du 21 mars au 4 avril 2025 et va consulter les concurrents et clients de Safran.
- En décembre, Safran a déjà vendu son activité d’actionnement électromécanique en Amérique du Nord en lien avec cette acquisition.
- La Commission européenne a trois options : accepter la proposition, exiger plus de concessions, ou lancer une enquête approfondie de quatre mois.
- Cette opération, annoncée initialement en juillet 2023, est stratégique pour Safran dans sa consolidation sur le marché aéronautique mondial.
Une partie d’échecs se joue actuellement entre Safran et la Commission européenne. Le géant français de l’aéronautique vient de soumettre des mesures correctives pour tenter de convaincre le gendarme européen de la concurrence d’approuver son acquisition des activités de commandes de vol de Collins Aerospace, une opération évaluée à 1,8 milliard de dollars.
Face à cette proposition, Bruxelles a préféré s’accorder un délai supplémentaire de réflexion. La date limite pour la décision initialement fixée au 21 mars a été repoussée au 4 avril 2025. Un signe que cette acquisition ne passera pas comme une lettre à la poste dans les rouages administratifs européens.
Une stratégie d’apaisement déjà en marche
Safran n’a pas attendu les bras croisés. Anticipant les préoccupations de Bruxelles concernant d’éventuelles positions dominantes, le groupe français a déjà procédé à un mouvement stratégique en décembre dernier. L’entreprise a cédé son activité d’actionnement électromécanique en Amérique du Nord, précisant explicitement que cette vente était liée à l’acquisition de Collins.
Cette manœuvre préventive suffira-t-elle à convaincre les autorités européennes? Rien n’est moins sûr. La Commission, fidèle à sa réputation de gardienne inflexible de la concurrence, consulte actuellement les concurrents et clients de Safran pour évaluer l’impact de cette opération sur le marché.
Un feuilleton qui dure depuis 2023
Cette acquisition s’inscrit dans une stratégie de long terme pour Safran. Le projet avait été initialement annoncé en juillet 2023, témoignant de la complexité et des enjeux de telles opérations dans un secteur aussi stratégique que l’aéronautique.
En février dernier, l’Union européenne avait déjà montré ses inquiétudes en interrogeant les concurrents et clients de Safran sur les risques de renforcement du pouvoir de marché du groupe français. Une démarche qui laissait présager des discussions serrées.
Trois scénarios possibles
À ce stade, trois voies s’ouvrent pour la Commission européenne :
- Accepter les propositions correctives de Safran et donner son feu vert
- Exiger des concessions supplémentaires avant d’approuver l’opération
- Ouvrir une enquête approfondie qui pourrait durer quatre mois, repoussant d’autant la conclusion de ce dossier
Cette acquisition représente un enjeu majeur pour Safran qui, comme d’autres acteurs du secteur aéronautique mondial, cherche à renforcer ses positions sur des segments clés dans un contexte post-pandémie où l’industrie retrouve progressivement ses ailes.
Les prochaines semaines seront déterminantes pour le géant français qui tente de consolider sa position sur l’échiquier mondial de l’aéronautique, tout en naviguant dans les eaux parfois tumultueuses de la réglementation européenne.
