Tesla en chute libre : les ventes européennes s’effondrent de 50% et l’action passe sous les 1 000 milliards

Le géant de la voiture électrique traverse une période particulièrement difficile en ce début d'année 2025. Alors que la demande pour les véhicules électriques explose en Europe, Tesla voit paradoxalement ses ventes s'effondrer dans la région. Un phénomène qui inquiète les investisseurs et fait plonger le cours de l'action.

Résultats décevant pour Tesla

Une dégringolade spectaculaire en Europe

Les chiffres sont sans appel. Selon l’Association des constructeurs automobiles européens, les immatriculations de Tesla ont chuté de 45,2% en janvier 2025 par rapport à la même période l’année précédente. Seulement 9 945 véhicules Tesla ont été enregistrés, contre 18 161 en janvier 2024.

Cette baisse vertigineuse est d’autant plus frappante qu’elle intervient dans un contexte où le marché européen des véhicules électriques est en pleine expansion. Les ventes de voitures électriques à batterie ont bondi de 34% sur la même période, atteignant désormais 15% de parts de marché contre 10,9% un an plus tôt.

La situation est particulièrement catastrophique dans certains pays :

  • En Allemagne : -60% de ventes
  • En France : -63%
  • En Norvège : -38%
  • Au Royaume-Uni : -12%

Les grands gagnants : les constructeurs chinois

Pendant que Tesla souffre, ses concurrents se frottent les mains. Volkswagen, leader des nouvelles immatriculations dans la région, a vu ses ventes augmenter de 5,3% par rapport à 2024. Mais c’est du côté chinois que l’on peut voir les plus fortes progressions, le constructeur SAIC Motor a enregistré une hausse de près de 37% de ses ventes.

Sur les 15 principaux marchés mondiaux, le constructeur chinois BYD a connu une croissance de 44,9%, tandis que son compatriote Geely a vu ses ventes bondir de 80,4%. Toyota, avec sa gamme de luxe Lexus, et Renault ont également profité de cette dynamique positive.

Wall Street s’inquiète, l’action dévisse

Les mauvaises nouvelles en provenance d’Europe ont provoqué une véritable onde de choc à Wall Street. L’action Tesla a dégringolé de 8,4% mardi 25 février, faisant passer sa capitalisation boursière sous la barre symbolique des 1 000 milliards de dollars (970,4 milliards).

Depuis le début de l’année, le titre a perdu 25% de sa valeur, alors que le Nasdaq n’a reculé que de 1,5% sur la même période. L’action a même chuté de plus de 35% depuis son record du 16 décembre dernier, ce qui a fait fondre la fortune d’Elon Musk de plus de 100 milliards de dollars.

L’effet Musk : quand la politique nuit au business

Comment expliquer cette débâcle alors que le marché des véhicules électriques est en pleine croissance ? Parmi les facteurs évoqués par les analystes, l’impact des prises de position politiques d’Elon Musk figure en bonne place.

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Le milliardaire, devenu conseiller officiel du président Donald Trump à la tête du « Department of Government Efficiency » (DOGE), semble avoir aliéné une partie de la clientèle européenne par ses déclarations controversées. Son soutien au parti d’extrême droite allemand AfD, qui vient d’obtenir le deuxième plus grand nombre de sièges au Parlement, a particulièrement fait des vagues.

Un entrepreneur allemand a même lancé des autocollants pour pare-chocs Tesla portant l’inscription « Je l’ai achetée avant qu’Elon ne devienne fou », qui se vendraient comme des petits pains.

À cela s’ajoutent d’autres controverses : un geste lors d’un meeting politique aux États-Unis que certains ont interprété comme un salut nazi, et des appels à emprisonner le Premier ministre britannique Keir Starmer.

Des problèmes plus profonds

Les difficultés de Tesla ne se limitent pas à l’image controversée de son PDG. L’entreprise fait face à une concurrence de plus en plus féroce, notamment de la part des constructeurs chinois qui proposent des modèles attractifs à des prix compétitifs.

En Chine, deuxième marché de Tesla, la mise à jour tant attendue de son système de conduite partiellement automatisée a déçu de nombreux propriétaires. Des concurrents comme BYD et Xiaomi offrent leurs systèmes d’aide à la conduite gratuitement ou à moindre coût, rendant l’offre de Tesla moins attractive.

Par ailleurs, les résultats financiers du quatrième trimestre 2024 n’ont pas été à la hauteur des attentes des analystes. Les revenus automobiles ont chuté de 8% par rapport à l’année précédente, tandis que le revenu d’exploitation a plongé de 23%.

Que disent les analystes ?

Les opinions sont partagées quant à l’avenir du constructeur automobile. Gordon Johnson de GLJ Research est particulièrement pessimiste, qualifiant la situation de « désastre absolu » pour les livraisons de Tesla.

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Gene Munster de Deepwater Asset Management, pourtant un fervent partisan de Tesla depuis longtemps, reconnaît que « la visibilité politique accrue de Musk éloigne les acheteurs ». Il estime que l’action ne se stabilisera pas tant que les livraisons effectives ne se rapprocheront pas des prévisions (1,7 million contre 2 millions prévus).

Colin Rusch d’Oppenheimer considère que l’activité politique de Musk « ne pourrait pas tomber à un pire moment », créant « un risque particulièrement élevé en Californie et dans l’Union européenne ».

Dan Ives de Wedbush se montre plus optimiste, jugeant que les problèmes d’image de marque sont « maîtrisables » et ne constituent pas une préoccupation majeure.

Quelles perspectives pour Tesla ?

Les investisseurs attendent avec impatience les chiffres des ventes du premier trimestre 2025, qui seront publiés début avril. Ces données seront cruciales pour déterminer si la chute des ventes en Europe est un phénomène temporaire ou le signe d’un problème plus profond.

Certains analystes suggèrent que la baisse des ventes pourrait être partiellement attribuée au fait que le Model Y est en cours de rafraîchissement, ce qui pourrait inciter les clients potentiels à attendre la sortie du nouveau modèle.

Dans tous les cas, Tesla devra relever de nombreux défis pour reconquérir le marché européen : améliorer son image de marque, proposer des modèles plus compétitifs et faire face à une concurrence de plus en plus féroce, tant de la part des constructeurs européens traditionnels que des nouveaux venus chinois.

L’année 2025 s’annonce décisive pour le pionnier de la voiture électrique, qui voit son avance se réduire comme peau de chagrin face à des rivaux plus agiles et moins controversés.

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