Résumé :
- Le bénéfice net atteint le chiffre de 2,73 milliards de dollars au T3 2024
- Les perturbations en mer Rouge ont paradoxalement dopé les résultats du groupe
- La Chine accélère massivement ses exportations avant de potentielles nouvelles taxes
- Une taxe française exceptionnelle de 800M€ menace les futurs investissements du groupe
La fin d’année 2024 réserve son lot de surprises dans le secteur maritime. Alors que 2023 avait été marquée par une normalisation douloureuse post-pandémie, CMA CGM prouve que les vents peuvent tourner rapidement dans le transport maritime. Le numéro trois mondial du secteur vient de démontrer sa capacité à naviguer dans les eaux les plus tumultueuses, transformant les défis géopolitiques en véritables opportunités commerciales.
UN RENVERSEMENT DE SITUATION SPECTACULAIRE
Le contraste est saisissant. En 2023, CMA CGM, comme l’ensemble du secteur, faisait face à une normalisation brutale du marché logistique. Déstockage massif, pression inflationniste, tout semblait indiquer une période de vaches maigres. Un an plus tard, le groupe affiche un bénéfice net de 2,73 milliards de dollars au troisième trimestre 2024, pulvérisant son résultat de l’année précédente qui s’élevait à 388 millions de dollars.
Plus impressionnant encore, la rentabilité opérationnelle du groupe (mesurée par l’EBITDA, un indicateur qui évalue la performance économique avant impôts et charges financières) bondit de 149% pour atteindre 4,96 milliards de dollars. Ces chiffres, qui dépassent toutes les attentes, témoignent d’une capacité d’adaptation remarquable face aux bouleversements du marché mondial.
Rodolphe Saadé, c'est d'abord l'héritier de CMA CGM, géant mondial du transport maritime.
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) August 26, 2024
Chiffres CHOCS :
💰 40 milliards € de profits en 3 ans (2020-2022)
💰 Fortune personnelle : 36 milliards € en 2022 (+500% en un an !)
Le Covid a créé un nouveau MASTODONTE. pic.twitter.com/uwFCSlDXyx
LES CATALYSEURS D’UNE PERFORMANCE HISTORIQUE
Ce qui aurait pu être un cauchemar logistique s’est transformé en opportunité. Les attaques des Houthis en mer Rouge ont forcé les navires à emprunter une route alternative via le Cap de Bonne Espérance. Un détour contraignant qui a paradoxalement joué en faveur de CMA CGM. La raréfaction des capacités de transport qui en a résulté a mécaniquement fait grimper les prix du fret, compensant largement les surcoûts opérationnels.
La performance exceptionnelle de CMA CGM trouve également son origine dans une accélération spectaculaire des exportations chinoises. Face à la menace de nouveaux droits de douane, tant du côté américain qu’européen, les exportateurs chinois ont massivement anticipé leurs envois. Ramon Fernandez, directeur financier du groupe, confirme un « fort taux de remplissage des navires, notamment sur toutes les lignes Asie-Europe ». Un phénomène amplifié par une préparation inhabituelle précoce du Nouvel an chinois.
LES DÉFIS QUI SE PROFILENT
Malgré ces résultats exceptionnels, CMA CGM doit faire face à des défis immédiats. En France, une taxe exceptionnelle d’environ 800 millions d’euros sur les bénéfices de fret se profile. Cette ponction fiscale pourrait impacter significativement la stratégie d’investissement du groupe, qui vient pourtant de réaliser une acquisition stratégique en prenant 48% du logisticien brésilien Santos Brasil.
L’horizon 2025 soulève également des interrogations. Le secteur pourrait faire face à une situation de surcapacité, particulièrement si le trafic en mer Rouge venait à se normaliser. L’incertitude politique américaine, avec les annonces du programme de Donald Trump avant son retour à la Maison Blanche, ajoute une couche de complexité. Toutefois, comme le souligne Ramon Fernandez, l’économie mondiale reste solide et les flux commerciaux ont déjà prouvé leur capacité d’adaptation, notamment via la diversification des sources d’approvisionnement vers le Mexique et l’Asie du Sud-Est.
