Fidelity Magellan Fund : Analyse des performances au Q4 2024 et perspectives d’investissement

Le célèbre Fidelity Magellan Fund vient de publier son rapport trimestriel au 31 décembre 2024. Entre surpondération des valeurs technologiques et industrielles et évitement complet de secteurs entiers, quelle stratégie adopte ce fonds emblématique et quelles sont ses perspectives pour les investisseurs ?

Résultats Fidelity Magellan Fund Q4 2024

Les chiffres clés du Fidelity Magellan Fund au Q4 2024

Le rapport trimestriel du Fidelity Magellan Fund révèle une stratégie d’investissement distinctive avec des allocations sectorielles qui divergent significativement de son indice de référence, le S&P 500.

Les allocations sectorielles

Le fonds présente des surpondérations notables dans certains secteurs :

  • Technologies de l’information : 35,55% (contre 32,49% pour l’indice), soit une surpondération de 3,06%
  • Industriels : 17,74% (contre 8,16% pour le S&P 500), soit une surpondération massive de 9,58%
  • Matériaux : 4,77% (contre 1,89% pour l’indice), soit une surpondération de 2,88%

À l’inverse, plusieurs secteurs sont sous-pondérés ou totalement absents du portefeuille :

  • Consommation de base : seulement 1,87% (contre 5,53% pour l’indice)
  • Énergie, Services publics et Immobilier : 0% d’allocation (contre respectivement 3,16%, 2,33% et 2,10% pour l’indice)

Les principales positions

Les dix plus grandes positions du fonds représentent 40,48% des actifs nets, avec :

  1. NVIDIA Corp (Technologies de l’information)
  2. Microsoft Corp (Technologies de l’information)
  3. Amazon.com Inc (Consommation discrétionnaire)
  4. Meta Platforms Inc (Services de communication)
  5. Broadcom Inc (Technologies de l’information)
  6. Alphabet Inc Class A (Services de communication)
  7. Eli Lilly & Co (Santé)
  8. Visa Inc Class A (Finance)
  9. Mastercard Inc Class A (Finance)
  10. UnitedHealth Group Inc (Santé)

Les trois plus importantes surpondérations par rapport au S&P 500 sont :

  • Broadcom Inc : +1,63%
  • Microsoft Corp : +1,32%
  • Meta Platforms Inc : +1,31%

En revanche, les plus importantes sous-pondérations sont :

  • Apple Inc : -7,60% (complètement absent du portefeuille)
  • Tesla Inc : -2,26% (complètement absent du portefeuille)
  • Berkshire Hathaway Inc Class B : -1,67% (complètement absent du portefeuille)

Les caractéristiques du portefeuille

Le fonds présente des valorisations plus élevées que son indice de référence :

  • Ratio cours/bénéfices (P/E) : 36,6x contre 26,2x pour le S&P 500
  • Ratio cours/bénéfices prévisionnel : 28,2x contre 21,8x
  • Ratio cours/valeur comptable : 10,3x contre 5,2x

Cependant, il affiche également des taux de croissance supérieurs :

  • Croissance des bénéfices par action (sur 1 an) : 21,1% contre 10,2%
  • Croissance prévisionnelle des bénéfices : 22,0% contre 16,4%
  • Retour sur fonds propres (sur 5 ans) : 26,8% contre 18,7%

L’allocation géographique et statistiques de risque

Le fonds présente une allocation légèrement plus internationale que le S&P 500 :

  • Actions domestiques (US) : 93,93% (contre 99,44% pour l’indice)
  • Actions internationales : 4,65% (contre 0,56%)
  • Liquidités et autres actifs : 1,42%

Sur le plan des statistiques de risque (sur 3 ans) :

  • Bêta : 1,12 (contre 1,00 pour l’indice)
  • Écart-type : 20,15% (contre 17,40%)
  • Ratio de Sharpe : 0,14 (contre 0,28)
  • Ratio d’information : -0,36

Analyse et perspectives pour les investisseurs

Une stratégie axée sur la croissance de qualité

La philosophie d’investissement du Fidelity Magellan Fund repose clairement sur quatre facteurs clés : qualité, croissance, momentum et flux de trésorerie disponible. Cette approche se traduit par un portefeuille concentré sur des entreprises à forte croissance, principalement dans les secteurs technologique et industriel.

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La surpondération massive dans le secteur industriel (près de 10% au-dessus du S&P 500) révèle la conviction du gérant quant aux opportunités liées aux dépenses d’infrastructure, qu’il considère comme « un point focal pour la croissance économique dans un avenir prévisible ». Les positions notables dans Westinghouse Air Brake Technologies, Quanta Services et HEICO témoignent de cette stratégie.

Un pari audacieux sur les valorisations élevées

Le portefeuille présente des valorisations nettement supérieures à celles du marché global, avec un P/E de 36,6x contre 26,2x pour le S&P 500. Cette prime de 40% est significative et reflète un pari sur des entreprises à croissance plus rapide. Les données confirment cette approche, avec une croissance des bénéfices de 21,1% contre 10,2% pour l’indice.

Pour justifier ces valorisations élevées, les entreprises du portefeuille devront maintenir leur trajectoire de croissance supérieure. Le risque principal pour les investisseurs réside dans un ralentissement de cette croissance qui pourrait entraîner une contraction des multiples de valorisation.

L’évitement délibéré de secteurs entiers

La décision de ne pas investir dans les secteurs de l’énergie, des services publics et de l’immobilier est particulièrement frappante. Pour l’énergie, le gérant explique que « le groupe est principalement tiré par les prix des matières premières, qui peuvent changer considérablement dans un laps de temps relativement court » et qu’il s’agit d’un « secteur à forte intensité de capital dans lequel il est difficile d’identifier des avantages concurrentiels durables ».

Cette approche très sélective peut être bénéfique pendant les périodes où ces secteurs sous-performent, mais pourrait constituer un handicap lors des rotations sectorielles favorisant ces segments de marché.

Un profil de risque plus élevé

Avec un bêta de 1,12 et un écart-type de 20,15% (contre 17,40% pour l’indice), le fonds présente un profil de risque supérieur à celui du marché. Le ratio de Sharpe inférieur (0,14 contre 0,28) indique également un rendement ajusté du risque moins favorable. Le ratio d’information négatif (-0,36) suggère que le fonds a sous-performé son indice de référence sur les trois dernières années, compte tenu du risque pris.

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Les investisseurs doivent donc s’attendre à une volatilité plus importante que celle du marché, ce qui pourrait convenir aux profils à long terme capables de supporter des fluctuations plus importantes à court terme.

Perspectives économiques et positionnement

Le gérant se montre optimiste concernant l’économie américaine malgré la faiblesse de la croissance en Europe et en Asie. Il anticipe soit un « atterrissage en douceur », soit une « légère récession » dans les principales économies mondiales.

Plusieurs facteurs alimentent cet optimisme :

  • Le faible niveau de chômage aux États-Unis (4,1% en décembre)
  • L’impact potentiel des baisses de taux d’intérêt par la Fed et la BCE
  • Les récentes mesures de stimulation économique en Chine

Toutefois, le gérant identifie également des risques, notamment les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient, ainsi qu’une éventuelle résurgence de l’inflation qui pourrait compromettre les efforts des banques centrales pour réduire les taux d’intérêt.

Un fonds de croissance assumé pour les investisseurs à long terme

Le Fidelity Magellan Fund adopte une stratégie de croissance bien définie, privilégiant les entreprises de qualité à forte croissance, principalement dans les secteurs technologique et industriel.

Pour les investisseurs, ce positionnement présente des avantages potentiels dans un environnement favorable à la croissance, mais implique également des risques plus élevés en cas de rotation vers des secteurs de valeur ou défensifs. La volatilité supérieure du fonds en fait un véhicule plus adapté aux investisseurs à long terme, capables de traverser des périodes de turbulence.

Le pari audacieux d’éviter complètement certains secteurs et titres majeurs comme Apple, Tesla et Berkshire Hathaway constitue une différenciation forte par rapport à son indice de référence. Cette approche très active pourrait s’avérer payante si les secteurs privilégiés continuent de surperformer, mais expose également le fonds à des risques de sous-performance en cas de changement des conditions de marché.

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