Résumé :
- Le prix du DPE devrait augmenter d’environ 10% d’ici la fin de l’année
- De nouvelles règles imposées par l’État visent à renforcer la fiabilité des diagnostics
- Les diagnostiqueurs font face à un surcoût estimé à 35 000 euros sur 7 ans
- Certains professionnels maintiennent leurs prix bas, mais attention aux offres trop alléchantes
Le diagnostic de performance énergétique (DPE) est devenu un élément incontournable du paysage immobilier français. Ce document, qui évalue la consommation énergétique d’un logement et son impact environnemental, est obligatoire pour toute vente ou location. Mais voilà que son prix s’apprête à grimper, une nouvelle qui ne manquera pas d’affecter propriétaires et locataires.
Cette augmentation ne sort pas de nulle part. Elle est la conséquence directe d’une refonte du système, visant à renforcer la fiabilité des diagnostics, longtemps critiqués pour leur manque de précision. Alors que le marché immobilier est déjà sous tension, cette hausse des coûts soulève de nombreuses questions. Quelles sont les raisons de cette augmentation ? Quel sera son impact réel sur votre portefeuille ? Et comment s’assurer de ne pas tomber dans le piège des offres trop alléchantes ?
Les nouvelles exigences du DPE qui font grimper les prix
La hausse annoncée du prix du DPE n’est pas le fruit du hasard. Elle découle directement des nouvelles règles imposées par l’État aux diagnostiqueurs immobiliers. Ces professionnels, souvent critiqués pour le manque de fiabilité de leurs évaluations, font désormais face à des exigences accrues.
Depuis le 1er juillet, les diagnostiqueurs doivent suivre une formation plus poussée. Cette mesure vise à garantir une expertise plus solide et une meilleure compréhension des enjeux énergétiques des bâtiments. De plus, ils sont soumis à des contrôles renforcés. Ces nouvelles dispositions ne sont pas sans conséquence : les diagnostiqueurs qui ne se conforment pas à ces règles risquent tout simplement de perdre leur précieuse certification DPE.
Ces changements ont un impact financier non négligeable sur les professionnels du secteur. Jean-Christophe Protais, président de Sidiane, une fédération représentative des diagnostiqueurs, estime le surcoût à « 35 000 euros sur une période de 7 ans » pour chaque diagnostiqueur. Une somme conséquente qui explique en grande partie la hausse des tarifs à venir.
Comment savoir si on est concerné par le nouveau diagnostic de performance énergétique?
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Ce qui change pour votre portefeuille
Concrètement, à quoi doivent s’attendre les propriétaires et futurs acquéreurs ? Actuellement, le coût moyen d’un DPE est d’environ 120 euros. Cependant, ce tarif peut varier considérablement en fonction de plusieurs facteurs : la superficie du logement, sa complexité et sa localisation jouent un rôle important dans la détermination du prix.
Avec la hausse annoncée, on peut s’attendre à une augmentation moyenne de 10% d’ici la fin de l’année. Marc Milesi, gérant de la société NiceDiagnostic, confirme cette tendance : « C’est sûr que je vais devoir augmenter mes prix, ce sera sûrement à hauteur de 10% d’ici la fin de l’année. Et encore à ce niveau, ce sera tout juste rentable. »
Il faut noter que le DPE est rarement demandé seul. En effet, la réglementation impose souvent de réaliser d’autres diagnostics en même temps, comme ceux concernant l’amiante, le plomb, ou encore l’état des installations électriques et de gaz. Pour un appartement de type T2, le coût moyen d’un « pack » de diagnostics pourrait ainsi passer de 190-210 euros à 230-240 euros.
Cependant, tous les professionnels ne prévoient pas d’augmenter leurs tarifs de la même manière. Certains, comme Sébastien Lachaussée, diagnostiqueur à Paris, préfèrent maintenir leurs prix actuels pour rester compétitifs. D’autres, à l’instar d’Alexandre Donzelle, dirigeant d’Almidiag dans l’Oise, envisagent une hausse plus modérée, de l’ordre de 5 à 10 euros par mission.
Gare aux arnaques : comment repérer les offres douteuses
Face à cette hausse des prix, certains propriétaires pourraient être tentés par des offres particulièrement attractives. Mais attention : dans le domaine du diagnostic immobilier, un prix trop bas peut être le signe d’un travail bâclé, voire d’une arnaque pure et simple.
Alexandre Donzelle met en garde contre ces pratiques : « Il y a peu, une cliente m’a dit qu’elle avait trouvé un diagnostiqueur proposant un tarif à 200 euros pour un pack de diagnostics dans une maison de taille moyenne, alors que mon prix était à 400 euros. » Le résultat ? La cliente n’a jamais reçu ses diagnostics et on lui a réclamé un paiement en espèces, signe caractéristique d’une activité frauduleuse.
Pour éviter de tomber dans ce genre de piège, voici quelques conseils :
- Méfiez-vous des prix anormalement bas. Un DPE à 30 euros, par exemple, devrait vous alerter.
- Vérifiez toujours les certifications du diagnostiqueur.
- Demandez un devis détaillé avant toute intervention.
- Privilégiez les professionnels recommandés ou ayant une bonne réputation locale.
La fiabilité a un prix : les bénéfices cachés de la réforme du DPE
Si cette hausse des prix peut sembler contraignante, il faut comprendre qu’elle s’inscrit dans une démarche d’amélioration globale du système. Les critiques sur la fiabilité des anciens DPE étaient nombreuses, avec parfois des évaluations qualifiées d’aléatoires ou de complaisantes.
Or, l’importance du DPE dans les transactions immobilières n’a cessé de croître ces dernières années. Depuis 2021, la note attribuée (de A à G) a des conséquences de plus en plus importantes, pouvant affecter significativement la valeur d’un bien ou sa capacité à être mis en location.
À terme, cette réforme devrait bénéficier tant aux propriétaires qu’aux locataires. Des diagnostics plus fiables permettront une meilleure évaluation de la performance énergétique des logements, facilitant ainsi les décisions d’achat ou de location. Ils pourront également guider plus efficacement les travaux de rénovation énergétique, un enjeu crucial face aux défis climatiques actuels.