Les élections françaises de 2024 ont créé la surprise en propulsant l’alliance de gauche Nouveau Front populaire à la tête de l’Assemblée nationale. Les marchés financiers ont réagi avec prudence à ce séisme politique, l’euro et les obligations françaises connaissant une légère baisse avant de se stabiliser rapidement. Les investisseurs s’inquiètent des incertitudes entourant la formation du gouvernement et les futures politiques économiques. Découvrez les facteurs d’inquiétude et de réassurance pour les investisseurs et les perspectives à moyen terme pour l’économie française dans ce nouveau paysage politique.
Résumé :
- Le Nouveau Front Populaire remporte les élections françaises de 2024, causant une réaction mesurée des marchés financiers.
- L’euro et les obligations françaises se stabilisent après une légère baisse, en raison de l’incertitude politique déjà prise en compte.
- Les investisseurs s’inquiètent de la formation du gouvernement et des politiques économiques futures.
- Les perspectives à moyen terme pour les marchés français sont incertaines, les analystes étant divisés.
- Les investisseurs adoptent une approche attentiste, prêts à ajuster leurs positions en fonction de l’évolution de la situation politique et économique.
Les résultats des élections législatives françaises de 2024 ont pris tout le monde de court. Contrairement aux prédictions d’une montée en puissance de l’extrême droite, c’est l’alliance de gauche Nouveau Front populaire qui a raflé le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale. Ce bouleversement politique inattendu a naturellement fait réagir les marchés financiers, toujours sensibles aux soubresauts politiques des grandes économies.
Cependant, la réponse des investisseurs s’est avérée plus mesurée qu’on aurait pu le craindre. Dans cet article, nous allons décortiquer la réaction initiale des marchés, analyser les facteurs d’inquiétude et de réassurance pour les investisseurs, et tenter de dessiner les perspectives à moyen terme pour l’économie française dans ce nouveau paysage politique.
L’onde de choc électorale sur les places boursières
Au lendemain des élections, les marchés financiers ont connu une légère turbulence, reflet de la surprise générale face aux résultats. L’euro a accusé une baisse initiale, s’échangeant à 1,0826 dollar, tandis que les contrats à terme sur les obligations françaises ont également enregistré une légère baisse.
Cependant, cette réaction initiale s’est rapidement stabilisée. Les analystes attribuent cette relative sérénité à plusieurs facteurs. Tout d’abord, les marchés avaient déjà intégré une certaine dose d’incertitude politique avant le scrutin. De plus, l’expérience des précédentes élections en France et en Europe a montré que les impacts à long terme sur l’économie sont souvent moins dramatiques que les réactions immédiates ne le laissent présager.
🚨La bourse française ouvre à la baisse !
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) July 8, 2024
Rien de dramatique pourtant…
Même l'écart de taux de rendement des obligations à 10 ans entre la France et l'Allemagne n'a pas tellement bougé.
Les marchés sont dans l'attente du nouveau gouvernement et des échanges à l'assemblée. pic.twitter.com/ountapn21i
Il est intéressant de noter que cette réaction mesurée contraste avec les mouvements plus marqués observés lors d’autres événements politiques majeurs, comme le Brexit ou l’élection de Donald Trump aux États-Unis en 2016. Cela pourrait indiquer une certaine maturité des marchés face aux surprises politiques, ou simplement refléter la conviction que les institutions françaises et européennes sont suffisamment solides pour absorber ce choc politique.
Les points chauds qui font trembler les portefeuilles
Malgré la réaction initiale modérée, plusieurs facteurs d’inquiétude persistent pour les investisseurs. Le principal est l’incertitude politique qui règne désormais en France. Avec un parlement plus divisé que jamais, la formation d’un gouvernement stable s’annonce comme un défi de taille.
Cette instabilité politique fait craindre des difficultés dans la mise en œuvre de politiques économiques cohérentes. Les investisseurs s’inquiètent particulièrement de l’orientation que pourrait prendre la politique fiscale sous l’influence d’une gauche renforcée. Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de l’alliance de gauche, a déjà exigé que l’intégralité du programme du Nouveau Front Populaire soit mise en œuvre, ce qui pourrait signifier une augmentation des dépenses publiques et une politique fiscale plus agressive envers les entreprises et les hauts revenus.

Un autre point d’inquiétude concerne les relations futures entre la France et l’Union européenne. Une politique économique plus à gauche pourrait entrer en conflit avec les règles budgétaires de l’UE, ravivant les tensions entre Paris et Bruxelles.
Enfin, les perspectives du budget 2025, qui sera présenté à l’automne, cristallisent les attentions. Avec une dette publique s’élevant à 112% du PIB, les analystes craignent que peu soit fait pour réduire le déficit fiscal, ce qui pourrait à terme affecter la notation de la dette française et augmenter les coûts d’emprunt du pays. D’autant plus que l’Europe avait déjà fait part de sa volonté de sévir sur le sujet.
Dans la boule de cristal des analystes financiers
Concernant les perspectives à moyen terme, plusieurs scénarios se dessinent pour la formation du gouvernement, chacun avec ses implications économiques propres.
Le premier scénario envisagé est celui d’un gouvernement minoritaire, qui pourrait conduire à une longue période d’instabilité politique. Dans ce cas, la capacité à mener des réformes économiques significatives serait limitée, ce qui pourrait freiner la croissance et l’investissement.
Le deuxième scénario, considéré comme plus favorable par les marchés, serait la formation d’une large coalition excluant les extrêmes. Cette option, bien qu’inhabituelle en France, permettrait une certaine stabilité gouvernementale et la mise en place de politiques économiques plus modérées.
Dans les semaines à venir, les investisseurs seront particulièrement attentifs à plusieurs points clés : la nomination du Premier ministre, la composition du gouvernement, et les premières déclarations sur les orientations économiques et budgétaires. La réaction des partenaires européens, notamment de l’Allemagne, sera également scrutée de près.
Les avis des analystes sur l’évolution probable des marchés français restent partagés. Certains, comme Claus Vistesen de Pantheon Macroeconomics, ne s’attendent pas à de grands changements dans les plans de dépenses à court terme, ce qui pourrait rassurer les marchés. D’autres, à l’instar de Philippe Ledent d’ING, estiment que le résultat « plonge la France davantage dans l’inconnu », laissant planer un climat d’incertitude qui pourrait peser sur les valorisations.
Dans l’ensemble, la prudence reste de mise. Les investisseurs semblent adopter une approche attentiste, prêts à ajuster leurs positions en fonction de l’évolution de la situation politique et des premières mesures économiques qui seront annoncées.