Résumé :
- Le S&P 500 est officiellement entré en correction avec une chute de 10,1% depuis son sommet de mi-février 2025, sa première correction depuis fin 2023
- Les causes principales incluent les menaces de tarifs douaniers de 200% de l’administration Trump sur les importations d’alcool européen, les inquiétudes sur la croissance économique et le refroidissement du marché
- Adobe (-13,9%), Super Micro Computer (-8%) et Airbnb (-5,7%) figurent parmi les plus fortes baisses lors de la séance décisive
- Malgré cette correction, les valorisations restent élevées avec un ratio P/E d’environ 25 pour le S&P 500 (bien au-dessus de la moyenne historique de 16-17)
- Des analystes comme Stratos Capital Partners prévoient une possible correction de 10-15% et n’excluent pas un marché baissier complet
Hier, lors d’une séance particulièrement mouvementée, l’indice a plongé de 1,4%, franchissant symboliquement le seuil fatidique des 10% de baisse. Pendant ce temps, son cousin technologique, le Nasdaq 100, s’enfonce encore plus profondément dans sa propre correction avec un recul de 11,6%.
Quand l’administration Trump fait trembler les marchés
Mais qu’est-ce qui provoque ces secousses sur les marchés ? Au premier rang des coupables figure l’administration Trump, dont la dernière menace de représailles commerciales a jeté un froid glacial sur Wall Street. Le président a évoqué la possibilité d’imposer des tarifs douaniers punitifs de 200% sur les importations d’alcool en provenance de l’Union européenne.
Cette perspective d’une nouvelle guerre commerciale s’ajoute à un cocktail déjà toxique d’inquiétudes persistantes concernant la croissance économique américaine. Les récentes données montrent un refroidissement notable de l’activité économique et une détérioration du sentiment des consommateurs – des signaux d’alerte qui ne peuvent plus être ignorés.
Les grandes victimes de la débâcle
Dans cette marée baissière, certaines actions ont particulièrement souffert. Adobe a connu jeudi la plus grande déroute, s’effondrant de 13,9% après avoir présenté des perspectives annuelles en deçà des attentes du marché.
D’autres valeurs vedettes ont également bu la tasse :
- Adobe (ADBE) a reculé de -13,9%
- Super Micro Computer (SMCI) a chuté de 8%
- Airbnb (ABNB) a dégringolé de 5,7%
- Warner Bros. Discovery (WBD) qui a perdu 5,09%
Le mouvement touche visiblement tous les secteurs, des technologies à l’industrie manufacturière, en passant par le divertissement et l’immobilier.
Une correction trop timide ?
Étonnamment, malgré l’avalanche de nouvelles négatives et les avertissements de récession qui inondent les médias financiers, certains analystes estiment que cette correction reste relativement modérée et ordonnée, comparé aux dégringolades observées lors des récessions précédentes.
« Nous sommes quelque peu surpris que le repli du marché ait été si modéré », affirment les analystes de Stratos Capital Partners. Ce calme relatif pose une question cruciale : sommes-nous simplement aux premiers stades d’une correction beaucoup plus profonde, ou le marché reflète-t-il avec justesse la résilience de l’économie américaine ?
Des valorisations qui donnent le vertige
Un fait demeure indéniable : les valorisations actuelles du marché américain restent stratosphériques. Même après cette correction de 10%, le S&P 500 affiche toujours un ratio P/E d’environ 25, bien au-dessus de sa moyenne historique de 16-17. La situation est encore plus extrême pour le Nasdaq 100, qui se négocie à un époustouflant 32,2 fois les bénéfices.
Ces niveaux suggèrent soit que les investisseurs sont convaincus que les entreprises américaines peuvent maintenir une croissance à deux chiffres de leurs bénéfices pendant très longtemps, soit qu’ils sont simplement détachés des fondamentaux économiques.
Ce qui nous attend : tempête ou simple averse ?
Les experts de Stratos Capital Partners maintiennent une vision résolument baissière. « Nous voyons le cas d’une correction de 10% à 15% pour le S&P 500. Et étant donné à quel point les valorisations sont étirées, nous n’exclurions pas un marché baissier complet« , préviennent-ils.
Leur analyse suggère que la « mousse spéculative » est particulièrement concentrée dans les thèmes liés à l’intelligence artificielle et les actions technologiques, précisément les secteurs qui ont porté le marché à ses sommets historiques.
Le mot de la fin
Alors que la poussière commence à peine à retomber sur cette première semaine de correction officielle, une chose est certaine : la volatilité n’a pas dit son dernier mot. Les investisseurs feraient bien de boucler leur ceinture, car les turbulences pourraient s’intensifier dans les semaines à venir.
La grande question qui demeure est de savoir si nous assistons simplement à une correction salutaire après une longue période d’exubérance, ou au début d’un retournement de marché plus fondamental. Dans tous les cas, la prudence est désormais le maître-mot sur Wall Street.