Résumé :
- Le bénéfice net de Carrefour s’est effondré de plus de 50% en 2024, passant de 1,7 milliard à 723 millions d’euros, malgré un chiffre d’affaires en légère hausse à 94,6 milliards d’euros
- Le groupe annonce une « revue stratégique très large » qui pourrait mener à des cessions d’activités ou des retraits de certains pays
- Carrefour prévoit de racheter 100% de sa filiale brésilienne pour environ 880 millions d’euros d’ici le deuxième trimestre 2025
- La dette du groupe a augmenté significativement, passant de 2,6 à 3,8 milliards d’euros, notamment suite au rachat de Cora et Match en France
- La direction se montre « prudente » pour 2025 après un quatrième trimestre 2024 « décevant » en termes de consommation
Comment expliquer une telle dégringolade ? Le groupe se retrouve pris en étau entre une inflation galopante qui transforme profondément le marché et des consommateurs de plus en plus frileux. Le quatrième trimestre 2024 s’est révélé particulièrement décevant, laissant présager des temps difficiles pour 2025.
Pourtant, tout n’est pas noir dans le tableau. Le chiffre d’affaires continue sa progression, même timide, atteignant 94,6 milliards d’euros. Le groupe maintient également son attractivité auprès des entrepreneurs, avec pas moins de 454 nouvelles ouvertures de magasins en franchise sur l’année – un record qui témoigne de la résilience de son modèle.
Mais l’heure n’est plus aux demi-mesures. Face à ces vents contraires, Alexandre Bompard, le PDG du groupe, prépare une véritable révolution. « On ne s’interdit rien », annonce la direction, évoquant une « revue stratégique très large » qui pourrait aboutir à des décisions radicales, y compris l’abandon de certaines activités ou le retrait de certains pays.
Cette transformation majeure a déjà commencé. Après avoir absorbé ses concurrents Cora et Match en France et racheté une trentaine de magasins Casino, Carrefour s’apprête à reprendre le contrôle total de sa filiale brésilienne, leader sur son marché. Une opération à 880 millions d’euros qui témoigne de sa volonté de consolider ses positions stratégiques.
Mais ces acquisitions ont un coût : la dette nette du groupe a explosé, passant de 2,6 à 3,8 milliards d’euros en un an. Un pari risqué dans un contexte où la consommation reste marquée par « beaucoup d’attentisme », selon la direction.
Pour rassurer les actionnaires, Carrefour augmente son dividende ordinaire de 6% à 0,92 euro par action et annonce un dividende exceptionnel de 150 millions d’euros. Mais ces gestes suffiront-ils à convaincre les marchés alors que le groupe s’apprête à entamer la plus grande transformation de son histoire ?
2025 s’annonce comme une année décisive pour ce géant de la distribution qui, après avoir dominé le paysage commercial français pendant des décennies, doit maintenant réinventer son modèle pour survivre dans un monde en pleine mutation.