La Fed résiste aux pressions de Trump alors que ses tarifs douaniers menacent l’économie américaine

La Réserve fédérale américaine joue la carte de la prudence. Lors de sa dernière réunion, l'institution a maintenu ses taux d'intérêt dans la fourchette de 4,25% à 4,5% pour le deuxième meeting consécutif, malgré les appels de plus en plus pressants du président Trump qui réclame des baisses immédiates.

La FED résiste à Donald Trump

Résumé :

  • La Fed a maintenu ses taux entre 4,25% et 4,5%, prévoyant toujours deux baisses en 2025 malgré les pressions de Trump pour des réductions immédiates.
  • Jerome Powell a clairement indiqué que les tarifs douaniers de Trump « réduisent la croissance et font monter l’inflation », contribuant à la révision à la hausse des prévisions d’inflation à 2,7%.
  • La Fed a abaissé ses prévisions de croissance économique à 1,7%, créant une situation que certains économistes qualifient déjà de « stagflation ».
  • Trump a riposté sur Truth Social, affirmant que « la Fed serait BIEN mieux en BAISSANT LES TAUX » et a qualifié le 2 avril de « Jour de Libération » pour l’imposition de nouveaux tarifs.
  • Malgré ces tensions, les marchés boursiers ont réagi positivement, avec des hausses significatives des principaux indices suite aux annonces de la Fed.

Le message est clair : Jerome Powell ne se laissera pas dicter sa politique monétaire par la Maison Blanche. Pourtant, le spectre de la stagflation, ce mélange toxique de croissance molle et d’inflation élevée, commence à planer sur l’économie américaine. Et selon le président de la Fed lui-même, les tarifs douaniers de Trump en sont partiellement responsables.

Les tarifs douaniers de Trump rebattent les cartes économiques

« Clairement, une bonne partie » de la révision à la hausse des prévisions d’inflation est directement liée aux tarifs douaniers, a reconnu Powell lors de sa conférence de presse. Ces mesures « ont tendance à réduire la croissance et à faire monter l’inflation« , a-t-il ajouté sans détour.

Cette franchise inhabituelle témoigne d’une inquiétude grandissante au sein de l’institution monétaire. Les nouvelles projections économiques de la Fed sont éloquentes : la croissance du PIB américain devrait plafonner à 1,7% cette année, tandis que l’inflation pourrait atteindre 2,7%.

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« Nous sommes essentiellement dans une économie de stagflation« , a déclaré sans ambages Torsten Slok, économiste en chef chez Apollo.

Trump fait monter la pression sur Powell

Le président américain n’a pas attendu longtemps pour réagir. Quelques heures seulement après les annonces de la Fed, Trump s’est emparé de son réseau social Truth pour mettre la pression sur Powell.

« La Fed serait BIEN mieux en BAISSANT LES TAUX alors que les tarifs américains commencent à faire leur transition dans l’économie. Faites ce qu’il faut. Le 2 avril est le Jour de Libération en Amérique!!! », a-t-il écrit, faisant référence à la date à laquelle il prévoit d’imposer des tarifs réciproques contre les partenaires commerciaux des États-Unis.

Trump a déjà relevé les droits de douane sur les produits chinois et sur certaines importations en provenance du Canada et du Mexique, bien que l’application de certaines de ces mesures ait été reportée.

La Fed maintient le cap malgré les incertitudes

Malgré ces pressions et l’impact anticipé des tarifs douaniers, la Fed reste sur sa ligne directrice : deux baisses de taux sont toujours prévues pour 2025. Cependant, Powell a pris soin de tempérer ces projections en précisant que « nous devrons voir comment les choses évoluent réellement ».

Cette posture prudente traduit une volonté de garder toutes les options ouvertes face à un environnement économique de plus en plus incertain. Les progrès sur l’inflation sont « probablement retardés pour le moment », a reconnu Powell, laissant entendre que le chemin vers l’objectif de 2% pourrait être plus long que prévu.

Wall Street fait fi des inquiétudes

Curieusement, les marchés financiers ont accueilli ces nouvelles avec optimisme. À l’issue de la réunion de la Fed, les principaux indices boursiers ont enregistré de solides hausses : le Dow Jones a progressé de 0,9%, le Nasdaq de 1,4%, et le S&P 500 de 1,1%.

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Les investisseurs semblent avoir interprété le ton de Powell comme étant globalement accommodant, malgré les avertissements sur l’inflation. Le marché paraît considérer que la Fed est « bien positionnée pour répondre aux événements qui se déroulent », comme l’a affirmé le président de l’institution.

Les petites capitalisations, particulièrement sensibles aux conditions économiques nationales, ont également affiché de bonnes performances, signe que les investisseurs ne craignent pas, pour l’instant, que les turbulences actuelles ne débouchent sur une récession.

Le bras de fer économique ne fait que commencer

Alors que le « Jour de Libération » annoncé par Trump approche à grands pas, le bras de fer entre la Maison Blanche et la Fed pourrait bien s’intensifier dans les semaines à venir.

D’un côté, Trump mise sur des tarifs douaniers pour « rééquilibrer » les échanges commerciaux et stimuler l’industrie manufacturière américaine. De l’autre, Powell tente de préserver l’indépendance de la Fed face aux pressions politiques, tout en naviguant dans des eaux économiques de plus en plus troubles.

Une chose est sûre : l’année 2025 s’annonce mouvementée pour l’économie américaine, et les décisions prises dans les prochains mois pourraient avoir des répercussions durables sur la croissance, l’inflation et le pouvoir d’achat des Américains.

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