Les États-Unis au bord de la récession : Trump face à la tempête économique qu’il a déclenchée

L'économie américaine, jusqu'ici robuste et en pleine croissance, montre désormais des signes alarmants de faiblesse. Deux mois seulement après son entrée à la Maison Blanche, Donald Trump fait face à un scénario qu'il avait pourtant promis d'éviter : une possible récession. Les marchés financiers s'effondrent et les économistes tirent la sonnette d'alarme, tandis que le président maintient sa politique controversée de tarifs douaniers. Sommes-nous à l'aube d'une nouvelle crise économique mondiale?

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Résumé :

  • Les marchés boursiers américains ont fortement chuté (S&P 500 -2,7%, Dow Jones -2%, Nasdaq -4%) suite à l’implémentation des tarifs douaniers par l’administration Trump
  • Les grandes institutions financières ont revu à la hausse leurs prévisions de récession : Goldman Sachs (15% à 20%), JP Morgan (30% à 40%) et Moody’s Analytics (15% à 35%)
  • Les nouveaux tarifs douaniers pourraient coûter au ménage américain moyen plus de 1 200 dollars par an selon le Peterson Institute for International Economics
  • L’économie réelle montre des signes de détérioration : baisse des ventes au détail en février, érosion de la confiance des consommateurs, et ralentissement signalé par de grandes entreprises
  • Trump qualifie la situation de « période de transition » nécessaire, tout en refusant d’exclure la possibilité d’une récession imminente

Le spectre de la récession plane sur Wall Street

Les chiffres sont implacables. Le S&P 500 a plongé de 2,7%, le Dow Jones de 2% et le Nasdaq de 4%. Les actions de Tesla, entreprise dirigée par le fidèle allié de Trump, Elon Musk, ont connu leur pire journée depuis fin 2020 avec une chute de 15 points. L’indice S&P 500 est désormais à son niveau le plus bas depuis septembre dernier, signe que les investisseurs redoutent l’avenir.

Face à cette débâcle, les grandes institutions financières revoient drastiquement leurs prévisions. Goldman Sachs a augmenté sa probabilité de récession de 15% à 20%, JP Morgan l’a portée de 30% à 40%, tandis que Mark Zandi, économiste en chef de Moody’s Analytics, l’a relevée de 15% à 35%. Le message est clair : les risques d’une récession s’intensifient, et la principale cause pointée du doigt est la politique tarifaire agressive de Trump.

« Si la Maison Blanche restait attachée à ses politiques même face à des données bien pires, le risque de récession augmenterait davantage, » avertissent les analystes de Goldman Sachs.

Trump minimise mais prépare les Américains à « une petite perturbation »

Malgré l’effondrement des marchés, le président Trump reste fidèle à sa posture. Dans une interview accordée à Fox News, il a refusé d’exclure la possibilité d’une récession, parlant plutôt d’une « période de transition ».

« Il y a une période de transition car ce que nous faisons est très important. Nous ramenons la richesse en Amérique. C’est une grande chose. Et il y a toujours des périodes où cela prend un peu de temps. Cela prend un peu de temps, mais je pense que ce devrait être formidable pour nous. »

Donald Trump

Ce discours contraste nettement avec ses promesses électorales d’une ère de prospérité sans précédent. Aujourd’hui, il prépare les Américains à des difficultés économiques, tout en assurant qu’elles seront temporaires.

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Les tarifs douaniers : l’élément déclencheur

Au cœur de cette tempête économique se trouvent les tarifs douaniers imposés par Trump dès son retour à la Maison Blanche. Le président a frappé de taxes les produits des trois plus grands partenaires commerciaux de l’Amérique, créant une onde de choc dans l’économie mondiale.

Mike Schumacher, responsable de la stratégie macro chez Wells Fargo, ne mâche pas ses mots : « Les gens regardent les tarifs et se disent : ‘Si nous revisitons les livres d’histoire économique, les tarifs n’ont pas été formidables en termes de promotion de la croissance’. »

Ces mesures pourraient coûter au ménage américain moyen plus de 1 200 dollars par an, selon le Peterson Institute for International Economics. Un fardeau supplémentaire pour des familles déjà éprouvées par l’inflation des dernières années.

L’économie réelle commence à souffrir

Au-delà des marchés financiers, l’économie réelle montre des signes de détérioration. Les ventes au détail ont reculé en février, la confiance des consommateurs s’est érodée après le pic post-électoral, et de grandes entreprises comme les compagnies aériennes, Walmart, Target et divers fabricants signalent un ralentissement de leurs activités.

L’incertitude générée par les tarifs pousse les entreprises à reporter leurs investissements et leurs embauches, tandis que les réductions des effectifs gouvernementaux et des dépenses publiques assombrissent davantage le tableau.

Brian Gardner, responsable de la stratégie politique de Washington chez la banque d’investissement Stifel, explique le changement de perception des marchés :

« Les entreprises et les investisseurs pensaient que Trump utilisait les tarifs comme outil de négociation. Mais ce que le président et son cabinet signalent est en fait plus important. C’est une restructuration de l’économie américaine. »

La bulle technologique menacée d’éclatement

La situation est particulièrement préoccupante pour le secteur technologique, qui a connu une ascension fulgurante ces deux dernières années, notamment grâce à l’enthousiasme autour de l’intelligence artificielle. Nvidia, par exemple, a vu son cours passer de moins de 15 dollars début 2023 à près de 150 dollars en novembre de la même année.

Cette euphorie pourrait cependant toucher à sa fin. Gene Munster, analyste tech chez Deepwater Asset Management, a déclaré que son optimisme avait « reculé d’un cran » alors que les chances d’une récession augmentaient « sensiblement » au cours du mois dernier.

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« Si nous entrons en récession, il sera extrêmement difficile pour le commerce de l’IA de continuer, » a-t-il averti.

Que faire pour se protéger financièrement ?

Face à cette perspective inquiétante, les experts financiers recommandent la prudence. Selon eux, il est conseillé de rembourser les dettes de carte de crédit, de constituer une épargne de sécurité et d’envisager des options à faible volatilité comme les obligations.

Cependant, Michelle Singletary, chroniqueuse financière au Washington Post, met en garde contre les décisions précipitées : « Ce qu’il ne faut pas faire, c’est prendre des décisions basées sur des peurs qui peuvent vous mettre dans une situation financière encore pire. »

L’histoire nous rappelle à l’ordre

L’histoire récente des récessions américaines devrait nous inciter à la vigilance. Selon les données du Bureau national de recherche économique aux États-Unis (NBER), la durée moyenne des récessions des temps modernes est de 11 mois.

La dernière récession, survenue en mars-avril 2020 pendant la pandémie, a été la plus courte de l’histoire américaine. Mais avant cela, la Grande Récession de 2007-2009 a duré 18 mois et reste considérée comme la pire catastrophe économique américaine depuis la Grande Dépression.

Alors que l’économie américaine se dirige vers des eaux tumultueuses, une question demeure : Donald Trump saura-t-il ajuster sa politique économique avant qu’il ne soit trop tard, ou restera-t-il ferme sur ses positions au risque de précipiter une récession qui pourrait avoir des répercussions mondiales? Le président américain a prévenu qu’il y aurait « une petite perturbation » avant le retour à la prospérité. Reste à voir si cette « perturbation » ne se transformera pas en véritable tempête économique.

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