Résumé :
- Trump menace d’imposer 100% de droits de douane aux pays BRICS en cas de création d’une monnaie commune
- L’Afrique du Sud et les experts démentent l’existence d’un tel projet monétaire
- Les analystes préviennent que ces pressions pourraient accélérer le processus de dédollarisation
- L’imposition de telles taxes douanières risquerait d’impacter négativement l’économie américaine elle-même
Dans une nouvelle démonstration de sa vision conflictuelle des relations internationales, Donald Trump vient de lancer un avertissement sans précédent aux pays membres des BRICS. Le président américain a menacé d’imposer des droits de douane de 100% sur leurs exportations si ces nations tentaient de créer une monnaie commune pour concurrencer le dollar américain. Cette déclaration fracassante, publiée sur le réseau social X le 1er décembre, illustre une fois de plus la posture offensive de Trump sur la scène internationale.
Face à cette menace se dresse le groupe des BRICS, une alliance économique initialement composée du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, récemment élargie à quatre nouveaux membres. Représentant une part croissante de l’économie mondiale, ces pays cherchent à réduire leur dépendance au dollar américain, qui domine encore 80% des échanges internationaux.
Le président américain défie les BRICS avec une stratégie offensive
L’annonce de Donald Trump sur X ne laisse place à aucune ambiguïté. Le président exige un « engagement » ferme des BRICS à ne soutenir aucune monnaie visant à « remplacer le puissant dollar américain ». Dans le cas contraire, ces pays devraient « s’attendre à dire adieu » au marché américain. Une menace que Bloomberg n’a pas tardé à qualifier de « provocation inutile », soulignant l’absence de réel danger pour la domination du dollar.
Cette déclaration s’inscrit dans la lignée des positions trumpiennes sur le commerce international, marquées par une vision transactionnelle des relations entre États et une propension à brandir l’arme des droits de douane. Cependant, les experts s’accordent à dire que cette approche pourrait s’avérer contre-productive.
The idea that the BRICS Countries are trying to move away from the Dollar while we stand by and watch is OVER. We require a commitment from these Countries that they will neither create a new BRICS Currency, nor back any other Currency to replace the mighty U.S. Dollar or, they…
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) November 30, 2024
Le mythe d’une monnaie commune des BRICS
Face à ces accusations, la réaction des pays BRICS ne s’est pas fait attendre. L’Afrique du Sud, par la voix de son porte-parole au ministère des relations étrangères Chrispin Phiri, a rapidement démenti l’existence d’un projet de monnaie commune. Il a précisé sur X :
« De récentes informations erronées ont conduit à l’idée fausse que les BRICS envisagent de créer une nouvelle monnaie. Ce n’est pas le cas »
La réalité des discussions au sein des BRICS est bien différente. Les pays membres explorent des moyens d’utiliser leurs propres monnaies nationales dans leurs échanges commerciaux mutuels, une approche bien plus pragmatique qu’une hypothétique monnaie commune. Cette orientation s’est renforcée après les sanctions imposées à la Russie en février 2022, poussant les membres à rechercher des alternatives pour sécuriser leurs échanges.
Le Wall Street Journal souligne d’ailleurs qu’une monnaie commune des BRICS se heurterait à « une multitude d’obstacles pratiques ». L’Inde, membre majeur du groupe, s’oppose même ouvertement à ce projet, rendant son aboutissement encore plus improbable.
Le risque d’un bouleversement économique mondial
Les menaces de Trump pourraient avoir des effets imprévus et potentiellement néfastes pour les États-Unis. Brad Setser, ancien fonctionnaire du Trésor américain, met en garde :
« Quand des pays voient Trump considérer une monnaie commune des BRICS comme une menace réelle alors qu’il n’y a aucune chance véritable qu’une telle monnaie se concrétise, certains concluront que le comportement erratique de Trump est en soi une raison pour rechercher des alternatives. »
Cette analyse est partagée par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, qui affirme que la dédollarisation de l’économie mondiale est déjà en marche. Selon lui, l’utilisation de la « force économique » pour contraindre les pays à utiliser le dollar ne fera qu’accélérer ce processus.
The Guardian va plus loin en soulignant les conséquences potentiellement désastreuses de droits de douane à 100% : une augmentation significative du coût des marchandises importées des pays BRICS, une poussée de l’inflation aux États-Unis, et une déstabilisation générale des flux commerciaux mondiaux. Ces effets pourraient finalement nuire davantage à l’économie américaine qu’aux pays visés par les menaces.
