Résumé :
- Le programme économique pourrait réduire le PIB américain de 4,2% à 6,8%
- Des tarifs douaniers de 10-20% sur toutes les importations et 60% sur les produits chinois sont prévus
- Le plan de déportation massive est estimé à 315 milliards de dollars
- Le Royaume-Uni pourrait voir sa croissance chuter à 0,4% en 2025
- Certains pays asiatiques pourraient bénéficier des effets de ces politiques
Donald Trump est le seul candidat qui a présenté un agenda détaillé en matière d’économie internationale. Son programme marque une rupture nette avec les politiques traditionnelles américaines, notamment par son approche unilatéraliste et protectionniste qui contraste avec l’approche multilatéraliste de son adversaire, Kamala Harris.
Un programme économique radical qui inquiète les experts
Les analyses économiques révèlent que les mesures proposées par Trump pourraient avoir des conséquences majeures sur l’économie américaine et mondiale.
La promesse d’une guerre commerciale totale
Le programme de Trump repose sur l’imposition de tarifs douaniers sans précédent. Se décrivant lui-même comme « tariff man », il promet des taxes de 10 à 20% sur l’ensemble des importations et des tarifs de 60% sur les produits chinois. Il prévoit également d’abroger le statut commercial normal de la Chine et d’imposer des pénalités aux pays qui réduiraient leur utilisation du dollar américain.
Selon les modélisations de McKibbin, Hogan et Noland (2024), l’imposition d’un tarif uniforme de 10% entraînerait une appréciation du dollar de 5,4%. Cette hausse forcerait la Banque populaire de Chine à augmenter ses taux d’intérêt pour défendre sa monnaie, amplifiant l’impact négatif initial des tarifs.
La menace d’une crise économique majeure aux États-Unis
Les projections économiques concernant l’impact des politiques de Trump sont préoccupantes. Les études menées par McKibbin, Hogan et Noland (2024) montrent que ces mesures pourraient provoquer une contraction du PIB américain comprise entre 4,2% et 6,8%. Pour mettre en perspective, cette baisse de la production économique serait comparable à la contraction du PIB observée pendant la Grande Récession de 2007-2009, qui était de 4,3%.
Le ralentissement économique américain s’accompagnerait d’une baisse significative des investissements, ce qui affecterait particulièrement les relations commerciales avec le Japon, un fournisseur majeur de biens d’équipement et d’intrants intermédiaires pour l’industrie manufacturière américaine. Les capitaux pourraient quitter les États-Unis pour se diriger vers des pays offrant de meilleurs rendements ajustés au risque.
Cette politique, bien que présentée comme « America First », risque paradoxalement de produire un effet « America Last », les analyses suggérant que ces mesures nuiraient davantage aux États-Unis qu’à leurs partenaires commerciaux. Cette situation serait exacerbée par les probables mesures de rétorsion des partenaires commerciaux, rendant les États-Unis encore plus vulnérables économiquement.
Des répercussions mondiales contrastées
L’impact du programme Trump varierait considérablement selon les régions du monde.
Les perdants de la politique Trump
Le National Institute of Economic and Social Research prévoit que la croissance britannique pourrait chuter à 0,4% en 2025, contre une prévision initiale de 1,2%. Le Royaume-Uni verrait son inflation augmenter de 2 à 3 points sur deux ans, obligeant probablement la Banque d’Angleterre à relever ses taux d’intérêt.
La Chine, cible principale du programme Trump, devrait faire face à des tarifs punitifs et des pressions sur sa monnaie, créant un double choc pour son économie.
Des opportunités inattendues pour certains pays
Les modèles économiques indiquent que la plupart des pays asiatiques, à l’exception du Japon, pourraient bénéficier de ces politiques. Les capitaux qui quitteraient les États-Unis se redirigeraient vers les pays offrant de meilleurs rendements ajustés au risque.
L’Inde apparaît particulièrement bien positionnée, n’ayant pas d’excédent commercial significatif en biens avec les États-Unis. Sa position unique pourrait la protéger des mesures de rétorsion américaines.
Les autres chantiers économiques controversés
Au-delà des mesures commerciales, le programme de Trump comprend plusieurs réformes structurelles majeures qui soulèvent de vives inquiétudes dans la communauté économique, tant pour leurs coûts que pour leurs implications à long terme.
La remise en cause de l’indépendance de la Fed
Trump a clairement exprimé son intention de réduire l’indépendance de la Réserve fédérale. Lors d’une conférence de presse en août 2024, il a déclaré :
« Je pense que le président devrait avoir au moins son mot à dire… J’ai fait beaucoup d’argent. J’ai très bien réussi et je pense que j’ai un meilleur instinct que, dans de nombreux cas, les personnes qui seraient à la Réserve fédérale ou le président. »
Les recherches montrent que la perte d’indépendance d’une banque centrale est associée à une augmentation de l’inflation de 1 à 6 points de pourcentage. Dans le cas des États-Unis, les analystes prévoient une hausse de l’inflation d’environ 2 points.
Le coûteux plan de déportation
Enfin, le plan de déportation massive proposé par Trump représenterait l’une des plus importantes opérations de maintien de l’ordre de l’histoire mondiale. Ce programme nécessiterait un investissement massif de 315 milliards de dollars, décomposé de la façon suivante :
- 89,3 milliards pour les arrestations
- 167,8 milliards pour la détention
- 34,1 milliards pour le traitement juridique
- 24,1 milliards pour les expulsions
Les conséquences économiques seraient considérables. En 2022, les ménages sans papiers ont contribué à hauteur de :
- 46,8 milliards de dollars en impôts fédéraux
- 29,3 milliards en impôts locaux et d’État
- 22,6 milliards à la Sécurité sociale
- 5,7 milliards à Medicare
Les secteurs les plus touchés seraient la construction, qui perdrait 14% de sa main-d’œuvre, ainsi que l’agriculture et l’hôtellerie. Cette politique affecterait également 5,1 millions d’enfants citoyens américains vivant avec un membre de famille sans papiers.
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