Résumé :
- Le Sénat a adopté le projet de loi de finances 2025 avec 217 voix pour et 105 contre, après 162 heures de débats.
- Une commission mixte paritaire cruciale réunira 7 députés et 7 sénateurs le 30 janvier pour tenter de trouver un accord sur le texte
- Le PS, ayant choisi de ne pas censurer systématiquement le gouvernement, se trouve en position de force dans les négociations
- La suppression controversée de 4 000 postes dans l’Éducation nationale cristallise les tensions entre le PS et la majorité sénatoriale
- François Bayrou doit réussir un délicat équilibre entre les exigences du PS et le maintien du soutien de la droite pour éviter une motion de censure
Un vote historique au Sénat après des débats marathon
Le projet de loi de finances 2025 a été adopté au Sénat avec 217 voix pour et 105 contre, marquant une étape importante dans un processus législatif particulièrement mouvementé. Gérard Larcher, président du Sénat, a souligné le caractère exceptionnel de ces débats qui ont duré 162 heures, établissant un nouveau record pour les discussions budgétaires à la chambre haute.
Ce texte, initialement rédigé sous le gouvernement Barnier puis repris par François Bayrou, a subi de nombreuses modifications sous l’influence de la majorité sénatoriale de droite. Comme l’a fait remarquer la sénatrice LR Christine Lavarde avec une pointe d’ironie : « Ce n’est ni le budget de Michel Barnier, ni celui de François Bayrou, c’est celui du Sénat ! »
La commission mixte paritaire : l’épreuve de vérité
Le véritable test pour le gouvernement Bayrou commence maintenant avec la commission mixte paritaire prévue le 30 janvier. Cette réunion à huis clos entre sept députés et sept sénateurs représente un moment critique où devra émerger un consensus sur une version commune du texte.
Le gouvernement s’est d’ailleurs accordé une semaine de préparation, conscient des enjeux majeurs de ces négociations. Un conseiller de Bercy confirme que de nombreuses consultations sont prévues, le gouvernement se tenant « dès demain à la disposition de toutes les forces politiques qui poursuivent l’échange ».
Le PS en position de force dans les négociations
Les socialistes se retrouvent dans une position stratégique particulièrement avantageuse. Leur décision de ne pas systématiquement censurer le gouvernement leur confère un pouvoir de négociation considérable. Cette situation est d’autant plus notable que le bloc central dispose d’une marge de manœuvre limitée, comme le reconnaît un député Ensemble pour la République.
Le parti socialiste entend bien capitaliser sur cette position. La récente suppression par le Sénat de l’amendement concernant l’annulation des 4 000 suppressions de postes dans l’Éducation nationale a déjà provoqué la colère de Patrick Kanner, chef de file des sénateurs PS, qui y voit une remise en cause des accords conclus avec le Premier ministre.
Un exercice d’équilibriste pour le gouvernement
François Bayrou se trouve face à un exercice périlleux : satisfaire les exigences des socialistes tout en maintenant le soutien de la droite. Cette dernière a d’ailleurs clairement averti, par la voix de Christine Lavarde, qu’un texte trop éloigné de ses positions pourrait lui faire perdre son appui.
Le défi est d’autant plus complexe que la commission mixte paritaire devra aboutir à un texte qui ne provoque pas de motion de censure. Cette équation politique particulièrement délicate pourrait bien devenir le plus grand test de la capacité de François Bayrou à rassembler et à gouverner.
Après avoir survécu à une première motion de censure, le gouvernement Bayrou joue à nouveau sa survie. Les négociations qui s’annoncent devront concilier les exigences parfois contradictoires des différentes forces politiques, tout en préservant les grandes orientations budgétaires. Un exercice qui s’annonce comme l’un des plus grands défis politiques de ce début d’année 2025.