Résumé :
- L’objectif de 3% de déficit public est repoussé à 2029, un aveu d’échec cuisant
- Un plan d’économies de 30-35 milliards d’euros est prévu pour 2025
- La stratégie choc : 2/3 de baisse des dépenses, 1/3 de hausse des impôts
- Les grands groupes vont subir une nouvelle taxe potentiellement explosive
- Les plus fortunés seront mis à contribution via une mesure « exceptionnelle »
Le constat alarmant des finances publiques françaises
Loin de se résorber comme prévu, le déficit public devrait « dépasser 6% » du PIB en 2024. Pire encore, sans action immédiate, il « serait encore supérieur » l’année suivante. C’est un véritable gouffre qui se creuse sous les pieds de l’économie française, menaçant de l’engloutir à tout moment.
Le Premier ministre n’a pas mâché ses mots pour qualifier l’ampleur de la dette publique française. Avec un montant astronomique de 3 228 milliards d’euros à fin juin, elle est tout simplement « colossale ». Michel Barnier tire la sonnette d’alarme : cette situation « placera notre pays au bord du précipice » si rien n’est fait. La charge de la dette, déjà le deuxième poste budgétaire de l’État après l’éducation, menace d’asphyxier les finances publiques.
Le plan Barnier : un cocktail d’économies et de nouvelles taxes
Face à cette situation critique, Michel Barnier a fixé un objectif intermédiaire : ramener le déficit public à 5% du PIB dès 2025. Un pari ambitieux qui nécessite un ajustement de l’ordre de 30 à 35 milliards d’euros en un an. C’est un véritable tour de force que le gouvernement s’apprête à réaliser, avec des conséquences qui se feront sentir dans le quotidien de tous les Français.
Pour atteindre cet objectif, le Premier ministre a dévoilé sa formule magique : deux tiers de baisse des dépenses publiques pour un tiers de hausse des impôts. Une équation qui promet de faire grincer des dents aussi bien à gauche qu’à droite de l’échiquier politique. Car si personne ne conteste la nécessité d’agir, c’est sur la méthode que les débats s’annoncent houleux.
🇫🇷 Michel Barnier reporte de 2 ans de plus le retour à la cible Européenne des 3% de déficit…
— MoneyRadar (@MoneyRadar_FR) October 2, 2024
5 ans donc, pour ne même pas revenir a l'équilibre, mais à -3% par AN !
Et puis dans 2 ans peut être on pourra le reporter de 2 ans, vous connaissez la chanson… 🙃 pic.twitter.com/qqhtLE4OpZ
Les principales mesures annoncées
Michel Barnier a esquissé les contours de son plan d’économies, sans toutefois entrer dans les détails. Au menu : une baisse des aides à l’apprentissage pour les diplômés de niveau bac + 3 ou plus, une réduction du recours aux cabinets de conseil, et une « chasse aux inefficacités, aux fraudes, aux abus« . Le gouvernement prévoit également de regrouper certains organismes publics, comme Business France et Atout France, ou encore de fusionner le Haut-Commissariat au plan avec France Stratégie. Des mesures qui, si elles vont dans le bon sens, semblent bien maigres face à l’ampleur du défi.
C’est sur le volet fiscal que les annonces de Michel Barnier risquent de faire le plus de vagues. Une nouvelle taxe visant « les grandes entreprises qui réalisent des profits importants » est dans les tuyaux, avec un potentiel de 8 milliards d’euros de recettes à la clé. Les plus fortunés ne sont pas en reste, avec une « contribution exceptionnelle » destinée à « éviter les stratégies de défiscalisation des plus gros contribuables ». D’autres pistes sont également évoquées, comme une taxe sur les rachats d’actions, un durcissement du malus automobile, ou encore un alourdissement de la taxe sur les billets d’avion.
Les réactions politiques et les inquiétudes
Sans surprise, la droite et l’extrême-droite ont vivement réagi à ces annonces. Marine Le Pen, cheffe de file des députés du Rassemblement national, a dénoncé une pression fiscale déjà « insupportable ». De son côté, la droite traditionnelle s’inquiète de voir la France s’enfoncer dans un marasme économique si les impôts venaient à augmenter.
À gauche, c’est la crainte de voir les services publics sacrifiés sur l’autel de l’austérité qui domine. Manuel Bompard, coordinateur national de La France insoumise, redoute des coupes sombres dans « l’école, la santé, le sport ». Un sentiment partagé par de nombreux élus de gauche, qui appellent à privilégier la hausse des impôts plutôt que la baisse des dépenses.
Même dans les rangs de la majorité présidentielle, l’inquiétude est palpable. Gabriel Attal, chef de file des députés macronistes, a mis en garde contre un « choc fiscal » qui pourrait s’avérer désastreux pour l’économie française. Une position qui traduit le malaise d’une partie de la majorité face à ce virage économique.